Le Chocolat dans tous ses états ! - FOOD MAGAZINE
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l’inTerVieW<br />
La Fenagri doit être plus forte, avec une<br />
base, des membres beaucoup plus actifs<br />
Amine Berrada ne manque pas de projets, que ce soit en qualité de tout nouveau Président<br />
de la Fédération Nationale de l’Agroalimentaire ou de dirigeant d’une chocolaterie<br />
particulièrement dynamique. Il évoque ici avec nous les problèmes qui lient les mains des<br />
industriels marocains et empêchent un réel essor du secteur. Aujourd’hui, le gouvernement<br />
semble enfin prêter l’oreille à ces doléances. Pour saisir la balle au bond, Amine Berrada<br />
en appelle à une mobilisation générale des opérateurs.<br />
<strong>FOOD</strong> Magazine<br />
Vous venez d’être élu à la<br />
présidence de la Fenagri : quels sont<br />
vos objectifs, vos projets pour le<br />
secteur agroalimentaire ?<br />
Amine Berrada<br />
J’aimerais d’abord signaler que je suis élu<br />
par intérim, en attendant de futures élections,<br />
suite à la nomination de M. Marrakchi,<br />
l’ancien Président, comme Vice-Président<br />
de la CGEM. <strong>Le</strong>s deux postes ne pouvant<br />
pas être cumulés, le conseil d’administration<br />
de la Fenagri m’a élu jusqu’aux prochaines<br />
élections, qui auront lieu en 2010.<br />
Comme mon mandat est assez court, il<br />
fallait se concentrer sur quelques points.<br />
Nous avons sollicité toutes les associations<br />
pour essayer de recenser toutes les<br />
problématiques sectorielles. Il en est ressorti<br />
4 grands axes pour le développement de la<br />
filière industrielle. <strong>Le</strong> premier chantier est<br />
l’accès aux intrants, en particulier pour les<br />
<strong>FOOD</strong> <strong>MAGAZINE</strong> - N° 16 / Du 15 Nov. au 15 Déc. 2009 34<br />
entrepri<strong>ses</strong> de seconde transformation, qui<br />
payent des droits de douane sur les matières<br />
premières alors que des produits finis rentrent<br />
à 0 ; c’est une aberration.<br />
La deuxième problématique est le combat<br />
contre la sous-facturation, qui touche <strong>tous</strong> les<br />
secteurs, et qui rend superficiellement moins<br />
cher les produits qui en bénéficient.<br />
<strong>Le</strong> troisième problème est la réglementation<br />
et la philosophie de la réglementation.<br />
Nous estimons qu’il y a un déficit de<br />
réglementation, et, quand elle existe, elle n’est<br />
pas réellement efficace ni appliquée. Quand<br />
la réglementation date de 1914 ou 1920, elle<br />
n’est plus d’actualité ! <strong>Le</strong> gouvernement a<br />
entamé une démarche, mais le chantier est<br />
énorme et nécessite un travail minutieux et<br />
aussi une philosophie de contrôle du produit<br />
fini et non du process. <strong>Le</strong>s pouvoirs publics<br />
veulent mettre en place le HACCP, c’est-àdire<br />
imposer des process aux industries alors<br />
qu’ils devraient plutôt contrôler la qualité<br />
et la sécurité du produit fini, pour toute la<br />
filière, producteurs<br />
comme importateurs.<br />
Appliquer une règle<br />
seulement aux<br />
industriels est aussi<br />
un danger car il y a<br />
beaucoup de produits<br />
de Chine, de Turquie…<br />
qui rentrent sur le<br />
marché sans respecter<br />
la réglementation en<br />
vigueur ou les normes<br />
d’étiquetage.<br />
Quatrièmement, un<br />
des gros problèmes est<br />
la TVA. La politique<br />
du gouvernement a<br />
toujours été axée en<br />
faveur de l’agriculture.<br />
L’agriculture est<br />
sacrée au Maroc, donc<br />
on l’a défiscalisée.<br />
Mais le différentiel<br />
entre la TVA sur les<br />
Amine Berrada, Président de<br />
la Fenagri et Directeur Général<br />
d’Aiguebelle<br />
produits agricoles et la TVA sur les produits<br />
agroalimentaires est tel – 20% ! - que c’est<br />
un frein important pour le développement<br />
de l’industrie. Prenez une orange qui vaut 2<br />
Dirhams. Cette même orange, au moment où<br />
vous décidez de la presser, coûte déjà 2,40 à<br />
un industriel avant sa transformation en jus.<br />
Un agriculteur est défiscalisé car il ne paye<br />
ni IS ni TVA. S’il décide de transformer<br />
son produit, il doit supporter la TVA sur le<br />
produit agricole également. Faire le pas de<br />
la transformation (l’industrie) lui coûte trop<br />
cher. S’il transforme son produit, ce sera<br />
de façon informelle, en dehors de <strong>tous</strong> les<br />
circuits de contrôle sanitaires. Cet informel<br />
comporte des risques sérieux d’intoxication<br />
de la population marocaine.<br />
En Europe par exemple, la TVA sur les<br />
produits agroalimentaires tourne autour de<br />
6%. En Espagne, elle est de 8% mais il n’y a<br />
pas de différentiel avec la TVA agricole. En<br />
soi, un taux de TVA élevé incite à l’informel,<br />
mais un différentiel élevé freine encore plus<br />
le développement de l’industrie.<br />
Voilà donc les 4 grands chantiers pour<br />
lesquels nous mobilisons les pouvoirs<br />
publics. Nous avons déjà sensibilisé le<br />
Ministère du Commerce et de l’Industrie,<br />
qui se fait fort de nous soutenir <strong>dans</strong> cette<br />
démarche et d’intervenir auprès des autres<br />
acteurs du gouvernement.<br />
Avez-vous présenté ces doléances<br />
à l’occasion des Journées de<br />
l’industrie, qui viennent de se<br />
dérouler ?<br />
Nous avons effectivement eu deux réunions<br />
avec le Ministre du Commerce et de<br />
l’Industrie : la première pour faire part de<br />
nos doléances, auxquelles le Ministre est<br />
venu répondre ; la deuxième concernait les<br />
points spécifiques du Pacte Emergence et<br />
leur avancement. <strong>Le</strong> Ministre est venu tenir<br />
au courant les industriels des avancements<br />
sur les engagements qu’il avait pris. Pour moi,<br />
c’est une révolution des mentalités ! Toute<br />
l’équipe du Ministère, et c’est louable, est