vide, mais on peut aussi lui donner du corps pour régler <strong>tous</strong> ces problèmes dont tout le monde souffre. En 2010, comptez-vous vous représenter à la présidence de la Fenagri ? Oui, si j’en vois l’utilité, c’est-à-dire si j’arrive à avancer et si j’ai de la visibilité. Maintenant, cela prend beaucoup de temps, puisque historiquement, c’est le président qui fait tout : il doit être présent <strong>dans</strong> toutes les réunions et physiquement c’est impossible. Aujourd’hui cela me prend 3 jours par semaine. Mais justement, mon objectif, c’est qu’en créant des commissions, à l’instar de la CGEM, avec une feuille de route claire, chaque membre de la Fenagri puisse la représenter. Cela demande plus de participation, et aussi plus de moyens. M. Chami m’a suggéré la création d’une taxe parafiscale. Car le problème est que la Fenagri regroupe beaucoup d’associations. On ne peut pas demander aux PME de payer pour leur association, et ensuite de repayer pour la Fenagri, pour la CGEM. L’instauration d’une taxe parafiscale, minime, pourrait donner à la Fenagri les moyens de sa politique, de <strong>ses</strong> ambitions, avec des équipes pour travailler au quotidien. Concernant la filière biscuiterie, chocolaterie et confiserie, que vous connaissez bien, suite à l’étude réalisée pour l’AB2C, l’idée d’un contrat programme avait été émise. Où en est ce projet ? Il y a eu des avancées car ce secteur a été cité <strong>dans</strong> le Pacte Emergence, c’est une sorte de contrat – programme, avec notamment la mesure sur la baisse des intrants, qui était l’une des principales revendications. Il y a beaucoup de cho<strong>ses</strong> en cours, notamment sur la réglementation. L’AB2C a obtenu de la GTZ plus d’un million de Dirhams pour financer cet aspect. Pour la sous facturation, l’AB2C a également été précurseur, puisqu’elle a été la première à avoir fait appel aux statistiques du FMI et de la Banque Mondiale, ce qui lui donne des <strong>FOOD</strong> <strong>MAGAZINE</strong> - N° 16 / Du 15 Nov. au 15 Déc. 2009 36 arguments indéniables <strong>dans</strong> son approche avec la douane. <strong>Le</strong> problème était tellement grand - la survie du secteur en dépendait – qu’il y a eu une mobilisation très forte, et ce qui a été fait doit être transposé à d’autres filières. Au niveau de la Fenagri, nous avons une étude assez conséquente en cours, notamment sur le volet fiscal, avec l’appui de la GTZ, qui sera finalisée fin 2009 – début 2010. Comment la filière biscuiterie peutelle concurrencer les produits importés à bas prix ? Il faut savoir que ce secteur est exportateur. Si on arrive à exporter, il n’y a aucune raison que l’on ne soit pas compétitif sur le marché marocain. Certains pays peuvent exporter au Maroc sans droits de douane, sans forcément de réciprocité : Emirats, Egypte, … La Tunisie aussi, où il est quasiment impossible pour les produits marocains de rentrer du fait de barrières non tarifaires très importantes. D’autres comme la Turquie bénéficient de subventions à l’export. Mais si on lève les freins liés aux droits de douane, à la fiscalité et à la sous-facturation, alors les produits marocains pourront se défendre localement. Mais justement, le marché marocain est un marché de prix. Est-ce que cela ne limite pas la capacité d’innovation des entrepri<strong>ses</strong> ? Historiquement, vous avez raison. Cependant, compte tenu de la très forte concurrence « déloyale » présente sur le marché, je dirais qu’au contraire les entrepri<strong>ses</strong> marocaines de ce secteur innovent beaucoup, et c’est pour elles une question de survie. Par exemple, des biscuitiers commencent à faire des biscuits à partir de vrai chocolat alors que les produits d’importation sont à base de faux chocolat. <strong>Le</strong>s cho<strong>ses</strong> changent. Avec l’augmentation du pouvoir d’achat, le consommateur est plus exigeant. Il y a donc de la place pour l’innovation et les nouveaux produits. <strong>Le</strong> marché marocain est très ouvert, heureusement et malheureusement : la concurrence est telle qu’elle crée une émulation et que l’innovation est nécessaire. Un des défis majeurs pour l’industrie marocaine est la différenciation par des marques fortes, des labels, la R&D, le marketing… Nos marques seront ainsi moins vulnérables aux importations et auront plus de valeur ajoutée à l’exportation. Au lieu d’exporter une commodité, vous exportez un produit différencié, moins assujetti à une concurrence mondialisée. Depuis votre arrivée à la tête d’Aiguebelle en 2002, vous avez réussi à transformer cette entreprise, à exporter vos produits. Quel est votre secret ? Cette entreprise a quand même 67 ans : une telle marque, c’est un trésor, un capital. Il n’y pas de secret, il faut tout simplement avoir une vision claire, partager des valeurs, fédérer autour d’objectifs communs pour que toutes les énergies soient canalisées <strong>dans</strong> la même direction. Nous nous sommes dotés d’une vision stratégique connue de <strong>tous</strong>, de l’ouvrier au cadre. C’est un exercice que certains ne jugent pas nécessaire, mais il fait gagner beaucoup de temps. Cela passe aussi par le recrutement de compétences fortes et d‘encadrement de valeur. L’instauration d’une culture d’entreprise et d’un climat serein et agréable basé sur un esprit d’équipe est nécessaire. Contrairement à ce que l’on dit, d’ailleurs, l’ouvrier marocain peut faire des miracles. Il suffit de le valoriser. Concernant les objectifs que vous vous étiez fixés, sur le marché local comme à l’export, où en êtes-vous ? Nous n’avons pas encore rempli ces objectifs, mais nous avons une croissance à deux chiffres. Dans un premier temps, nous avons plus favorisé le marché local. Aujourd’hui, notre capacité de production a été développée, donc nous allons être encore plus agressifs sur l’export. D’ailleurs nous avons un projet à court – moyen terme de démarrer une nouvelle unité pour augmenter encore cette capacité. <strong>Le</strong> consortium Uniteam, dont Aiguebelle fait partie, est-il opérationnel ? Ce consortium commence déjà avec un chiffre d’affaires à l’export de plus de 200 millions de Dh. Sur les 3 entrepri<strong>ses</strong> qui le composent, Maghreb Industries et Michoc sont les plus agressives à l’export, chacune étant présente <strong>dans</strong> plus d’une dizaine de pays. Aiguebelle est présent également, mais avec des quantités moindres pour les raisons que j’ai citées. Donc il y a une base sur laquelle construire. <strong>Le</strong>s synergies qui vont être créées vont permettre un démarchage plus agressif. La première action en commun se fera début novembre, sur un salon à Dubaï. Ensuite, la prospection sera commune. L’union fait la force : quand vous allez voir un client, le coût de prospection est moins cher à plusieurs, et en plus, vous lui proposez une offre plus complète, donc plus attrayante. La collaboration met du temps à se développer car il faut que les entrepri<strong>ses</strong> apprennent à se faire confiance, à travailler ensemble. Il faut passer de la mentalité de concurrent à celle de confrère, d’équipe. Ensuite, la collaboration peut s’étendre à d’autres volets comme les achats par exemple. Nous avons commencé à trois, car c’était plus facile avec des produits complémentaires, mais nous sommes totalement ouverts à de nouveaux adhérents. Propos recueillis par Florence CLAIR
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