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La santé maternelle et néonatale

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feux sur<br />

<strong>La</strong> priorité à la santé <strong>maternelle</strong> au Sri <strong>La</strong>nka<br />

Le Sri <strong>La</strong>nka offre l’exemple d’une réussite obtenue en dépit de<br />

tout. Ce pays à revenu intermédiaire (en 2006, son revenu national<br />

brut était de moins de 1 500 dollars des É.-U. par habitant) a<br />

souffert d’une longue guerre civile <strong>et</strong> a été dévasté par le tsunami<br />

de 2004 dans l’océan Indien. Pourtant, les progrès accomplis<br />

en termes de développement humain, <strong>et</strong> en particulier dans<br />

les domaines de la santé <strong>maternelle</strong> <strong>et</strong> infantile <strong>et</strong> de l’éducation,<br />

représentent l’une des réussites phares dans les pays en<br />

développement ces dernières décennies. Le rapport de mortalité<br />

<strong>maternelle</strong> du Sri <strong>La</strong>nka est passé de 340 pour 100 000 naissances<br />

vivantes en 1960 à 43 pour 100 000 naissances vivantes en<br />

2005 <strong>et</strong> 98 % des naissances ont à présent lieu à l’hôpital. Les<br />

taux de soins prénatals (une visite au moins) <strong>et</strong> de présence<br />

d’un personnel soignant qualifié à la naissance sont de 99 %.<br />

En 2007, le pays avait un taux global de fécondité de 1,9 – alors<br />

qu’il est de 3 pour la région de l’Asie du Sud. De tels résultats<br />

ont eu un impact positif sur la survie de l’enfant : le taux de<br />

mortalité chez les moins de 5 ans est tombé de 32 pour 1 000<br />

naissances vivantes en 1990 à 13 pour 1 000 en 2006. Les dernières<br />

données disponibles suggèrent que le taux de mortalité<br />

néonatale a également baissé, pour passer à 8 pour 100 000<br />

naissances vivantes en 2004.<br />

Dans le domaine de l’éducation de base, le Sri <strong>La</strong>nka a également<br />

obtenu d’excellents résultats. D’après les dernières estimations<br />

internationales, le taux n<strong>et</strong> de scolarisation primaire se situe à<br />

plus de 97 % tant pour les filles que pour les garçons, alors que<br />

le taux d’alphabétisation chez les jeunes de 15-24 ans est de 97 %<br />

pour les garçons <strong>et</strong> de 98 % pour les filles. Les données administratives<br />

indiquent que le taux d’achèvement de l’école primaire<br />

est de 100 %. Étant donné la corrélation relative entre éducation<br />

<strong>et</strong> survie <strong>maternelle</strong> <strong>et</strong> infantile, ces résultats témoignent d’un<br />

investissement durable dans ces trois domaines.<br />

<strong>La</strong> clé des améliorations remarquables constatées au Sri <strong>La</strong>nka<br />

dans le domaine de la santé <strong>maternelle</strong> est à trouver dans l’expansion<br />

d’un ensemble synergique de services sanitaires <strong>et</strong><br />

sociaux destinés aux pauvres. Le système de santé du pays, qui<br />

remonte à la fin du XIXème siècle, a d’abord ciblé la couverture<br />

universelle <strong>et</strong> l’amélioration des soins de santé, l’assainissement<br />

<strong>et</strong> la prise en charge des maladies. Il a ensuite ajouté des interventions<br />

spécifiques pour améliorer la santé des femmes <strong>et</strong> des<br />

enfants. Au fil du temps, les gouvernements successifs ont<br />

adopté une approche prudente consistant à donner la priorité<br />

aux services de santé pour les mères <strong>et</strong> les pauvres tout en faisant<br />

judicieusement appel aux ressources humaines <strong>et</strong> économiques.<br />

Les améliorations qui en ont résulté dans le domaine de la<br />

santé féminine sont appuyées <strong>et</strong> renforcées par des mesures<br />

visant à autonomiser les femmes socialement <strong>et</strong> politiquement<br />

par le biais de l’éducation, de l’emploi <strong>et</strong> de l’engagement social.<br />

Les premiers documents écrits du Sri <strong>La</strong>nka – à commencer par<br />

des textes médicaux des IXème <strong>et</strong> Xème siècles – ainsi que son<br />

passé colonial donnent un aperçu inhabituel de l’évolution de la<br />

santé <strong>maternelle</strong> dans le pays. Les formations officielles pour<br />

sages-femmes ont débuté en 1879, sous le gouvernement colonial<br />

anglais <strong>et</strong> le Registre général recense les chiffres de mortalité<br />

<strong>maternelle</strong> depuis 1902. C<strong>et</strong>te abondance d’informations <strong>et</strong><br />

de connaissances perm<strong>et</strong> d’évaluer les résultats des différentes<br />

approches de la santé <strong>maternelle</strong> au fil du temps. Une description<br />

claire des compétences exigées d’elles a permis de professionnaliser<br />

les sages-femmes <strong>et</strong> une politique d’absence de<br />

blâme a permis d’enquêter sur les décès maternels.<br />

Les résultats ont été spectaculaires. <strong>La</strong> mortalité <strong>maternelle</strong> a<br />

diminué de moitié entre 1947 <strong>et</strong> 1950. Treize ans plus tard, le<br />

taux de mortalité <strong>maternelle</strong> a de nouveau été divisé par deux.<br />

Une fois les structures <strong>et</strong> réseaux sanitaires mis en place, l’amélioration<br />

constante de l’organisation <strong>et</strong> de la gestion clinique a<br />

permis de réduire le rapport de mortalité <strong>maternelle</strong> de 50 %<br />

tous les 6 à 11 ans. En outre, de 1946 à 1971, le taux d’alphabétisation<br />

des femmes est passé de 44 à 71 %. <strong>La</strong> présence de personnel<br />

qualifié à l’accouchement <strong>et</strong> les accouchements institutionnels<br />

ont également augmenté. Le rôle de la sage-femme est<br />

devenu progressivement celui d’une assistance aux accouchements<br />

en établissements, au fur <strong>et</strong> à mesure que ceux à domicile<br />

diminuaient en nombre, passant de 8 % en 1970 à 2 % à<br />

peine en 1995. Depuis 1965, les sages-femmes jouent également<br />

un rôle dans les services de planification familiale offerts de<br />

plus en plus largement par les pouvoirs publics.<br />

Le développement du système de santé sri-lankais constitue<br />

depuis longtemps un modèle pour d’autres pays en développement,<br />

car il montre le degré de réussite auquel on peut arriver<br />

dans le domaine de la santé <strong>maternelle</strong> <strong>et</strong> néonatale lorsqu’on<br />

applique de façon judicieuse des stratégies saines <strong>et</strong> des ressources<br />

suffisantes, assorties d’une réelle volonté politique. En<br />

dépit de ces progrès en matière de santé <strong>maternelle</strong> <strong>et</strong> infantile,<br />

bien des obstacles demeurent. Ces dernières années, le pays se<br />

heurte à une pénurie d’agents de santé : d’après les Statistiques<br />

sanitaires mondiales 2008, il n’y avait que 6 docteurs <strong>et</strong> 17 infirmiers<br />

<strong>et</strong> sages-femmes pour 10 000 habitants. En outre la diminution<br />

des ressources financières a entraîné une détérioration<br />

des services <strong>et</strong> les dépenses affectées à la santé représentaient<br />

environ 5 % du PIB en 2005. Les dépenses privées pour la santé,<br />

la plupart non remboursées, représentent plus de la moitié des<br />

dépenses de santé totales.<br />

Autre problème pour le Sri <strong>La</strong>nka, comment assurer la sécurité<br />

alimentaire de ses habitants, en particulier si les prix des denrées<br />

alimentaires restent élevés au niveau mondial. Le pays a<br />

toujours des taux de dénutrition élevés chez ses nouveau-nés <strong>et</strong><br />

les enfants de moins de 5 ans <strong>et</strong> les dernières estimations internationales<br />

signalent que plus d’un nouveau-né sur 5 présentent<br />

des insuffisances pondérales à la naissance <strong>et</strong> 23 % des enfants<br />

de moins de 5 ans souffrent d’insuffisance pondérale modérée<br />

<strong>et</strong> grave. Pour soutenir les avancées obtenues en matière de<br />

santé néonatale <strong>et</strong> infantile, il faut absolument améliorer le<br />

niveau d’allaitement exclusivement au sein pour les enfants<br />

de moins de six mois, qui n’est actuellement que de 53 %.<br />

Voir Références, page 107.<br />

LA SANTÉ MATERNELLE ET NÉONATALE : OÙ EN SOMMES-NOUS ? 21

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