<strong>La</strong> crise alimentaire mondiale <strong>et</strong> son impact potentiel sur la santé <strong>maternelle</strong> <strong>et</strong> néonatale <strong>La</strong> récente flambée des prix des denrées alimentaires dans le monde, qui a commencé en 2006 <strong>et</strong> a continué en 2007-2008, illustre bien la vulnérabilité de millions de personnes face à la faim <strong>et</strong> à la dénutrition, surtout dans les pays où la sécurité alimentaire reste un problème majeur. On assiste à des augmentations marquées pour des aliments de base comme les huiles végétales, les céréales, les produits laitiers <strong>et</strong> le riz. Même si les fluctuations de prix sont choses courantes pour les produits de base, la situation en 2008 est différente en ce que la flambée des prix mondiaux n’affecte pas seulement quelques rares marchandises mais presque toutes les denrées alimentaires <strong>et</strong> aliments pour animaux. Figure 1.8 Les prix des denrées alimentaires ont fortement augmenté dans toutes les catégories* Les index des prix des denrées alimentaires 350 300 250 200 150 1998–2000 = 100 Produits laitiers 100 J J A S O N D J F M A M J 2007/2008 Huiles <strong>et</strong> matières grasses Céréales Sucre Viande * Les index des prix des denrées alimentaires cités ci-dessus représentent la moyenne pondérée des indices des prix pour les produits de base dans chacun des groupes ci-dessus. Les pondérations sont faites en fonction de la part moyenne à l'exportation de chacune des catégories pour la période 1998-2000. Par exemple, l’indice des prix des oléagineux <strong>et</strong> matières grasses a été établi à partir de la moyenne de 11 huiles différentes (y compris les huiles animales <strong>et</strong> de poisson), pondérée en fonction de la part moyenne à l'exportation de chaque produit pour la période 1998-2000. Pour plus de détails sur la composition des indices de prix pour chacune des catégories de produits, voir Source. Source : Organisation des Nations Unies pour l'alimentation <strong>et</strong> l'agriculture, Indices des prix alimentaires, http://www.fao.org/worldfoodsituation/foodpricesindex/fr/, consulté le 1er août 2008 En juin 2008, l’Organisation des Nations Unies pour l'alimentation <strong>et</strong> l'agriculture des Nations Unies avait noté 22 pays en développement qui se trouvaient dans une situation particulièrement vulnérable face à la crise alimentaire. C<strong>et</strong>te évaluation reposait sur une combinaison de trois facteurs de risque : • un taux de prévalence de l’insuffisance pondérale de 30 % ou plus dans la population • une forte dépendance vis-à-vis des importations d’aliments de base comme le riz, le blé <strong>et</strong> le maïs • une forte dépendance vis-à-vis des importations de produits pétroliers. Les Comores, l’Érythrée, Haïti, le Libéria <strong>et</strong> le Niger font partie des pays où ces trois facteurs ont atteint un niveau inquiétant. On ne s’étonnera pas que la plupart de ces nations fassent partie des pays les moins avancés <strong>et</strong> aux revenus les plus bas. Mais même dans ces pays, ce sont les couches les plus démunies de la population, celles qui dépensent la majorité de leurs revenus disponibles en nourriture, qui seront vraisemblablement le plus éprouvées par la crise alimentaire. Répondre aux besoins nutritifs particuliers des mères <strong>et</strong> des nouveau-nés Lors des situations d’urgence comme une crise alimentaire, les femmes enceintes ou qui allaitent, ainsi que leurs nourrissons, font partie de ceux pour qui le risque de dénutrition est le plus élevé, à cause de leurs besoins caloriques plus élevés. Ainsi, les femmes enceintes doivent ingérer près de 285 calories de plus par jour, <strong>et</strong> celles qui allaitent ont besoin de 500 calories supplémentaires. Leurs besoins en micronutriments sont également plus élevés, <strong>et</strong> elles doivent prendre suffisamment de fer, de folate, de vitamine A <strong>et</strong> d’iode pour se maintenir en bonne santé, elles <strong>et</strong> leur bébé. Face à la crise alimentaire, la FAO a demandé une intervention rapide au niveau de l’approvisionnement, afin de revenir à un meilleur équilibre entre l’offre <strong>et</strong> la demande de nourriture, surtout dans les pays les plus éprouvés. De plus, dans les pays recevant une aide alimentaire, des politiques doivent être mises en place pour rééquilibrer des schémas de répartition de la nourriture entre différents membres de la famille qui pourraient avoir pour résultat que les femmes enceintes ou qui allaitent consomment moins que ce dont elles ont besoin. Quand on offre une aide alimentaire aux personnes qui risquent le plus de manquer de nourriture ou de souffrir de dénutrition, il faut prévoir un supplément pour les femmes enceintes, en général sous forme de rations à emporter, soit lors de la distribution générale, soit par le biais de programmes d’alimentation supplémentaire. Les femmes enceintes ou qui allaitent auront peut-être aussi besoin d’autres interventions complémentaires liées à la nutrition, comme l’enrichissement des aliments, une supplémentation en micronutriments, des rations supplémentaires d’eau potable, une prise en charge du paludisme en cours de grossesse, une gestion prophylactique des parasites internes ainsi que des conseils de sensibilisation à la nutrition. Les campagnes de communication <strong>et</strong> de sensibilisation sur l’aide alimentaire devraient insister sur les besoins nutritifs spécifiques des femmes enceintes ou qui allaitent <strong>et</strong> inclure des messages aux familles <strong>et</strong> aux communautés expliquant pourquoi celles-ci reçoivent un supplément de nourriture. Les messages d’information devraient rappeler l’importance de l’allaitement maternel exclusif pendant les six premiers mois de la vie, avec une alimentation complémentaire pour les nourrissons plus âgés. Comme le VIH peut être transmis par le lait maternel, en ce qui concerne les mères séropositives, les pratiques en matière d’allaitement peuvent différer en fonction de la disponibilité d’aliments de substitution sans danger. L’information <strong>et</strong> les mécanismes d’alerte rapide continuent de jouer un rôle crucial car ils perm<strong>et</strong>tent de prendre en temps utile des mesures appropriées <strong>et</strong> d’éviter bien des souffrances. Le Système mondial d'information <strong>et</strong> d'alerte rapide de la FAO est en train de prouver sa capacité à alerter le monde entier dès le début d’une pénurie alimentaire. Il faudra en faire plus, cependant, pour créer des mécanismes fiables de réaction aux crises alimentaires <strong>et</strong> pour élaborer des politiques nationales <strong>et</strong> internationales qui donnent la priorité à une sécurité alimentaire <strong>et</strong> nutritionnelle durable – <strong>et</strong> tiennent compte des besoins spécifiques des femmes <strong>et</strong> des jeunes enfants. Voir Références, page 107. 24 LA SITUATION DES ENFANTS DANS LE MONDE 2009
LA SITUATION DES ENFANTS DANS LE MONDE 2009 2 Instaurer des conditions favorables à la santé <strong>maternelle</strong> <strong>et</strong> néonatale © UNICEF /HQ05-2185/Giacomo Pirozzi