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DAP_RA_1955.pdf (10,0 MB) - Criminocorpus

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ANNEXE I<br />

Dix ANNÉES<br />

DE BÉFOliME PÉNITENTIAIRE<br />

ANNEXE I<br />

Dix ANNÉES<br />

DE RÉFORME PÉNITENTIAIRE<br />

viennent, notons-le en passant, de résumer<br />

eux aussi par un rapport décennal<br />

de mon collègue, M. Dupréel,<br />

l'œuvre pénitentiaire qu'ils ont réalisée<br />

depuis la libération de leur<br />

pays), à la différence de la Belgique<br />

donc, la France ne possédait pas de<br />

véritable tradition pénitentiaire ; chez<br />

nous la réforme aura été un événement<br />

entièrement nouveau, dû principalement<br />

à la guerre et à ses conséquences,<br />

en particulier au renouvellement<br />

qu'elle a entraîné dans la population<br />

de nos prisons.<br />

Les problèmes pénitentiaires français<br />

étaient en effet, après la Libération,<br />

entièrement différents de ceux<br />

de l'avant-guerre : dès 1938, la suppression<br />

de la transportation tant des<br />

condamnés aux travaux forcés que<br />

des relégués nous mettait en face<br />

d'une situation déjà nouvelle; mais<br />

que dire des événements survenus depuis<br />

1939? Qu'il me soit donc permis<br />

de vous rappeler brièvement la situation<br />

en 1946 :<br />

— 11 maisons centrales anciennes,<br />

pour beaucoup endommagées par<br />

faits de guerre (Caen, Loos, Nîmes,<br />

Poissy), toutes en commun,<br />

presque sans aménagements sanitaires<br />

et surpeuplées.<br />

— 232 maisons d'arrêt dont 52 seulement<br />

cellulaires dans lesquelles<br />

vivait une population pénale trois<br />

fois trop nombreuse, dans l'oisiveté<br />

totale, dans une promiscuité regrettable<br />

et avec des installations<br />

sanitaires pour le moins déficientes.<br />

— 66.000 détenus, au lieu de 18.500<br />

au premier janvier 1939 (et parmi<br />

ces 66.000, près de 30.000 détenus<br />

relevant des Cours de Justice, soulevant<br />

des problèmes tout à fait<br />

particuliers et qu'il était nécessaire<br />

d'isoler à tout prix des condamnés<br />

de droit commun) ;<br />

— 8.000 surveillants (au lieu de 2.700<br />

en 1939) dont la plupart, hâtivement<br />

recrutés, ne présentaient pas<br />

toujours toutes garanties professionnelles<br />

exigibles et qui pour<br />

beaucoup ne possédaient pas même<br />

un uniforme complet;<br />

— Enfin des services médicaux et sociaux<br />

complètement désorganisés et<br />

submergés par l'afflux des arrivants,<br />

se trouvant, de leur propre<br />

aveu, dans l'impossibilité matérielle<br />

d'accomplir une œuvre utile.<br />

Je pourrai continuer longtemps la<br />

sombre description de la situation des<br />

prisons françaises à cette époque.<br />

Mais déjà les principes nouveaux qui<br />

devaient servir de base à une refonte<br />

totale du système pénitentiaire français<br />

étaient arrêtés. Il est inutile de<br />

vous les rappeler en détail; ils sont<br />

connus de vous tous; ils ne font que<br />

traduire l'intérêt que la science pénitentiaire<br />

moderne attache à l'une des<br />

fonctions essentielles de la peine d'emprisonnement<br />

: l'amendement du condamné<br />

et sa récupération pour la société.<br />

Dans quelle mesure a-t-on abouti<br />

en dix ans? C'est ce que je voudrais<br />

vous montrer. Il ne me sera pas possible<br />

faute de temps de faire un exposé<br />

très détaillé de la vie des prisons<br />

françaises de 1946 à 1956 ; je me<br />

contenterai de brosser devant vous<br />

un tableau sommaire des réalisations<br />

et des problèmes pénitentiaires actuels.<br />

N'étant directeur de l'administration<br />

pénitentiaire que depuis un<br />

peu plus d'une année, je pourrai sans<br />

aucune gêne souligner toute l'importance<br />

de l'œuvre accomplie en dix<br />

ans.<br />

Je traiterai successivement de ce<br />

qui a été réalisé dans le domaine matériel<br />

puis dans le domaine éducatif.<br />

Je ne méconnais pas tout ce que<br />

cette distinction peut avoir d'artificiel.<br />

Les deux questions sont liées et<br />

ont des répercussions constantes<br />

l'une sur l'autre; mais il ne faut<br />

voir là qu'un procédé commode d'exposition<br />

de questions multiples et<br />

souvent complexes pour l'énoncé desquelles<br />

je voudrais être aussi clair<br />

que possible.<br />

Dans le domaine matériel, on a assisté<br />

à une grande amélioration de<br />

ce qui existait déjà et nous allons<br />

le constater successivement à propos:<br />

— des bâtiments;<br />

— de l'entretien des détenus;<br />

— du travail pénal.<br />

Dans le domaine éducatif, des créations<br />

entièrement nouvelles ont été<br />

réalisées. Elles constituent le traitement<br />

pénitentiaire lui-même, appliqué<br />

à l'occasion de l'exécution de la<br />

peine. Ce traitement pénitentiaire a<br />

nécessité des établissements nouveaux,<br />

spécialisés et réformés et des personnels<br />

fonctionnaires ou non assurant<br />

à la fois la gai de, la rééducation, l'amélioration<br />

morale et le reclassement<br />

post-pénal des détenus.<br />

CHAPITRE PREMIER<br />

L'œuvre réalisée<br />

dans le domaine matériel<br />

Un des premiers problèmes devant<br />

lequel l'Administration pénitentiaire<br />

s'est trouvée a été celui des bâtiments<br />

: les établissements pénitentiaires<br />

existant en 1944 ne correspondaient<br />

plus, ni en qualité, ni en quantité<br />

aux exigences élémentaires d'un<br />

système pénitentiaire moderne.<br />

L'ouverture de centres pénitentiaires<br />

n'a été d'abord qu'un palliatif<br />

temporaire, essentiellement destiné à<br />

faire face à l'afflux de population pénale<br />

; il ne s'agissait que de camps de<br />

fortune, composés de baraquements<br />

entourés de barbelés ; la plupart de<br />

ces camps ont pu être supprimés<br />

lorsque s'est produite la baisse de<br />

la population détenue qui a commencé<br />

à partir de 1947. Ceux qui ont<br />

été conservés ont été nettement améliorés<br />

quant à leur sécurité et à leurs<br />

installations sanitaires. Ils sont actuellement<br />

spécialisés pour la détention<br />

de certaines catégories de détenus<br />

pour lesquelles une sécurité<br />

moyenne dans la garde suffit.<br />

Pour les maisons centrales, au<br />

nombre de 11 avant 1939 et de 14<br />

■actuellement, c'est essentiellement<br />

dans une tâche de reconstruction et<br />

de modernisation qu'il a fallu se lancer.<br />

Reconstruction totale comme à<br />

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