DAP_RA_1955.pdf (10,0 MB) - Criminocorpus
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ANNEXE 11<br />
LA. RÉÉDUCATION<br />
DES DÉLINQUANTS RÉCIDIVISTES<br />
lante du libéré. Pris littéralement en<br />
remorque, il mène la vie qu'elle lui<br />
permet de mener et on pourrait penser<br />
qu'il n'a fait que changer de prison.<br />
Mais ces circonstances ne se présentent<br />
pas dans la majorité des cas<br />
(6 sur 20 dans ceux rapportés).<br />
Plus souvent, le relégué a voulu<br />
son sauvetage et a dû faire effort<br />
pour l'obtenir.<br />
Il convient aussi de rechercher<br />
dans quelle mesure les conditions<br />
matérielles dans lesquelles ils sont<br />
logés contribuent à fixer les multirécidivistes.<br />
On pourrait avancer que l'aspect<br />
de leur logement témoigne précisément<br />
du degré de leur réussite. Ce<br />
ne serait pas tout à fait exact, car<br />
ils n'ont pas tous la même conception<br />
du confortable, ni même de ce<br />
qui est acceptable. On en voit se contenter<br />
de très peu, d'autres n'être<br />
que modérément satisfaits d'un intérieur<br />
très valable.<br />
Comme nous le faisions remarquer<br />
plus haut, leurs moyens financiers ne<br />
leur permettent au départ qu'un logement<br />
assez misérable. Les plus sages,<br />
les plus influençables aussi,<br />
acceptent un hébergement à l'Armée<br />
du Salut. Tout en ne négligeant pas<br />
l'intérêt que présente parfois une<br />
telle facilité de logement, il faut reconnaître<br />
ses risques : il n'est pas<br />
souhaitable de regrouper des récidivistes<br />
libérés et, au contraire, tout<br />
l'effort du service du reclassement<br />
doit porter sur la dispersion des sujets,<br />
tant dans les usines que dans<br />
les hôtels meublés.<br />
Ils ont déjà une tendance assez<br />
naturelle à se retrouver, à se rencontrer<br />
dans certains cafés. Le service,<br />
sitôt informé, menace à la fois<br />
relégués et cafetier ; mais le groupe<br />
ne fait que déplacer ses assises et se<br />
reconstitue ailleurs. Or, il n'y a pas<br />
de reclassement possible tant que le<br />
multi-récidiviste n'a pas rompu avec<br />
l'ancien milieu et c'est précisément<br />
pour cela qu'il faut lui faciliter ce<br />
sevrage en le coupant le plus qu'on<br />
peut de ses anciens camarades.<br />
On pourrait alors objecter que le<br />
maintien dans la ville où est le centre<br />
de triage d'un grand nombre de<br />
libérés va à l'encontre du but poursuivi.<br />
C 'est dans une certaine mesure<br />
exact, mais il s'agit d'un mal inévitable.<br />
Il vaut encore mieux rechercher<br />
la fixation sous le contrôle étroit<br />
et constant du service, même s'il s'en<br />
suit une certaine concentration, que<br />
de donner le pas à l'éparpiliement et<br />
d'envoyer trop tôt les libérés dans<br />
d'autres régions. Cependant, par la<br />
suite, chaque fois que des garanties<br />
sérieuses apparaissent, il est bon<br />
d'autoriser les départs. La prise en<br />
charge par le service d'une autre<br />
ville aura rarement l'efficience de la<br />
première, mais peut suffire.<br />
Remarquons, d'ailleurs, que les<br />
autorisations de départ sont assez<br />
rares. 35 ont été accordées à Lille, en<br />
cinq ans.<br />
Pour en revenir aux conditions de<br />
logement, ajoutons qu'une certaine<br />
orientation est au début utile. Le<br />
personnel du centre connaît par<br />
expérience les logeurs, les rues, les<br />
quartiers, qu'il vaut mieux leur conseiller<br />
d'éviter. On ne peut cependant<br />
pas se substituer entièrement à<br />
eux et leur attitude à cet égard, et<br />
plus encore les changements ultérieurs,<br />
témoignent de leurs tendances.<br />
C'est là qu'on note ce parallélisme<br />
dont nous parlions tout à l'heure<br />
entre la recherche d'une progression<br />
et l'accrochage à une compagne facilitant<br />
le mieux être.<br />
Toutefois, sur les 20 dossiers examinés,<br />
7 seulement mettent en évidence<br />
l'installation sans peine du<br />
libéré dans un confort que lui prodigue<br />
autrui (4 chez l'épouse, 2<br />
chez la concubine, 1 chez les beauxparents).<br />
Dans la majorité des cas,<br />
par conséquent, l'intéressé est parvenu<br />
par son effort ou par l'effort<br />
du couple, à créer un foyer acceptable,<br />
parfois même agréable. On note<br />
chez certains la canalisation vers une<br />
amélioration de l'intérieur, de toute<br />
l'activité jadis gaspillée vers la recherche<br />
de plaisirs fugaces.<br />
Rappelons que trois seulement des<br />
vingt libérés considérés sont demeurés<br />
en chambre meublée.<br />
ANNEXE II<br />
LA RÉÉDUCATION<br />
DES DÉLINQUANTS RÉCIDIVISTES<br />
Faut-il attribuer une certaine<br />
importance à l'âge auquel intervient<br />
la tentative de fixation?<br />
Les vingt relégués examinés avaient<br />
à cette époque :<br />
29 ans 45 ans<br />
32 ans 45 ans<br />
35 ans 46 ans<br />
36 ans 47 ans<br />
38 ans 48 ans<br />
39 ans 49 ans<br />
40 ans 49 ans<br />
41 ans 52 ans<br />
42 ans 53 ans<br />
43 ans 57 ans<br />
Sans doute, la majorité avaient-ils<br />
dépassé la quarantaine, et c'est un<br />
facteur dont on comprend tout l'intérêt.<br />
Mais leur jeunesse relative n'a<br />
pas empêché quelques autres de réussir.<br />
Il est probable que le tassement<br />
dû à l'âge facilite la stabilisation,<br />
mais économiquement parlant, le reclassement<br />
est plus difficile. C'est<br />
sans doute la raison pour laquelle le<br />
pourcentage de succès avec les plus<br />
jeunes est plus fort qu'avec les autres<br />
(1). Il faut, au surplus, savoir<br />
que le relégué est généralement usé<br />
(1) Sur le pourcentage des succès par rap- 280 sujets mis en liberté conditionnelle de 1948<br />
port à l'âge lors de la tentative de reclasse- à la fin de l'année 1953 :<br />
ment, voici une statistique portant sur les<br />
NO<strong>MB</strong>RE<br />
total<br />
SUCCÈS<br />
acijuis ou en cours<br />
ÉCHECS<br />
(révocation)<br />
CAS DODTKiiX DÉCÈDES<br />
de 25 à 30 ans. . . . 15 4 (27 °/o) 5 (33 °/„) 6 (40 -/.)<br />
de 30 à 35 ans.... 30 7 (23 —) 12 (40 —) 11 (37 —)<br />
64 7 (11 —) 36 (56 -) 20 (31 —)<br />
1<br />
de 40 à 45 ans. . . . 74 11 (15 —) 34 (46 —) 29 (39 —)<br />
de 45 à 50 ans. . . . 54 8 (15 —) 24 (44 -) 19 (35 —)<br />
3<br />
26 2(8-) 11 (42 —) 12 (46 —) 1<br />
de 55 à 60 ans. . . . 12 1(8-) 4 (33 -) 7 (58 - )<br />
de 60 à 65 ans. . . . 5 (0 -) (0-) 4(8—)<br />
1<br />
— 188 —<br />
— 189 —