DAP_RA_1955.pdf (10,0 MB) - Criminocorpus
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ANNEXE I<br />
Dix ANNÉES<br />
DE RÉFORME PÉNITENTIAIRE<br />
ANNEXE J<br />
DIX ANNÉES<br />
DE RÉFORME PÉNITENTIAIRE<br />
tionnel. Dans la plupart des maisons<br />
centrales (où sont détenus en principe<br />
tous les condamnés à des peines<br />
privatives de liberté quelles qu'elles<br />
soient, de plus d'un an), un régime<br />
progressif est maintenant en vigueur.<br />
Cette méthode de traitement s'inspire<br />
de l'idée que la peine est « un<br />
moyen de rééducation progressive,<br />
une préparation graduelle au retour,<br />
sans rechute, à la vie libre ». Plusieurs<br />
phases sont aménagées dans<br />
l'exécution de la peine, qui vont de<br />
l'isolement cellulaire à la semi-liberté<br />
et à la libération conditionnelle. Mais,<br />
parmi les maisons centrales à régime<br />
progressif, des distinctions ont été introduites<br />
selon les catégories de détenus<br />
: les unes, celles de Mulhouse<br />
et de Melun par exemple, sont réservées<br />
aux primaires, les autres,<br />
telle qu'Ensisheim, aux récidivistes.<br />
L'Administration pénitentiaire reste<br />
convaincue de la supériorité du<br />
régime progressif surtout pour les<br />
condamnés à de longues peines (malgré<br />
des critiques récentes et son abandon<br />
par certains pays étrangers tels<br />
que l'Angleterre). S'il ne doit être<br />
qu'une étape sur le chemin de nos<br />
réformes, c'est en tous cas une étape<br />
nécessaire, et il ne faut renoncer à<br />
une méthode de rééducation des délinquants<br />
que si l'on a la preuve de<br />
son inefficacité. Or rien de tel ne se<br />
manifeste jusqu'ici. Tout au contraire<br />
la récidive des libérés de nos maisons<br />
centrales à régime progressif<br />
s'avère très faible et nous avons<br />
l'impression d'être dans la bonne<br />
voie.<br />
Etablissements de grande sécurité<br />
Pour certains condamnés particulièrement<br />
dangereux et inamendables,<br />
l'existence d'établissements à grande<br />
sécurité reste nécessaire : de tels détenus<br />
ne pourraient supporter le régime<br />
progressif qu'ils ne comprennent<br />
pas et dont les exigences sont,<br />
par ailleurs, difficilement compatibles<br />
avec les nécessités d'une garde<br />
sévère. Aussi, des maisons centrales<br />
à régime d'Auburn subsistent-elles<br />
dans lesquelles le traitement est presque<br />
exclusivement axé sur le travail:<br />
Clairvaux, Fontevrault et Nîmes.<br />
Etablissements ouverts<br />
et semi-ouverts<br />
Par contre, pour d'autres condamnés<br />
auxquels il est possible de faire<br />
confiance, l'existence d'établissements<br />
ouverts, tels que le Congrès de La<br />
Haye de 1950 les a définis et préconisés,<br />
s'est révélée utile; je mentionnerai<br />
à ce propos l'expérience de<br />
Casabianda. Ce centre agricole, ouvert<br />
avec des condamnés de Cours<br />
de Justice, est maintenant peuplé de<br />
condamnés de droit commun et ses<br />
résultats permettent de parler d'une<br />
réussite puisqu'on'parvient à y faire<br />
vivre sans contrainte et presque sans<br />
évasions, plus d'une centaine de condamnés<br />
à de longues peines, choisis,<br />
il est vrai, avec précaution. Par ailleurs,<br />
la prison-école pour femmes de<br />
Doullens constitue un établissement<br />
semi-ouvert. Enfin, bientôt, l'enceinte<br />
qui entoure la prison-école d'Oermingen,<br />
réduite progressivement, sera<br />
totalement supprimée.<br />
La confiance que l'on accorde aux<br />
détenus, que ce soit sur les chantiers<br />
extérieurs, dans les établissements<br />
ouverts ou pour la semi-liberté, contribue<br />
pour beaucoup à l'amélioration<br />
morale du condamné. La preuve en<br />
est que l'engagement sur l'honneur<br />
d'observer une bonne conduite, pris<br />
par les relégués multi-récidivistes que<br />
l'on place en semi-liberté, est le plus<br />
souvent respecté.<br />
Centres de formation professionnelle<br />
Il était également utile de prévoir<br />
des établissements dans lesquels une<br />
formation professionnelle rapide serait<br />
donnée aux détenus ne possédant<br />
aucun métier et suffisamment jeunes<br />
pour en apprendre un; c'est ainsi<br />
qu'est né le centre pénitentiaire<br />
d'Ecrouves. Cette formation a un<br />
double but : elle facilite considérablement<br />
le reclassement des condamnés<br />
à leur libération. Subsidiairement, elle<br />
permet à l'Administration de trouver<br />
parmi ses détenus les spécialistes qualifiés<br />
qui lui sont nécessaires pour de<br />
nombreux travaux de construction<br />
et d'entretien.<br />
*<br />
**<br />
Quels sont, maintenant, les personnels<br />
qui animent les diverses catégories<br />
d'établissements dont je viens de<br />
brosser le rapide tableau? Quels sont<br />
les personnels qui, par leur compétence<br />
technique, par leur valeur morale,<br />
donnent à ces établissements leur spécialité<br />
ou leur valeur réformatrice?<br />
Leur étude est, en réalité, celle des<br />
influences dont le détenu doit bénéficier<br />
et des personnes, hommes et<br />
femmes qui ont pour mission de les<br />
exercer systématiquement. Il s'agit<br />
d'abord des fonctionnaires de l'Administration<br />
pénitentiaire, ensuite des<br />
éducateurs, des assistantes sociales,<br />
des visiteurs de prison, des aumôniers.<br />
En ce qui concerne le personnel pénitentiaire,<br />
un gros effort était nécessaire.<br />
Avant 1939, le rôle de ce personnel<br />
était en effet simplement de<br />
garder et d'administrer. Il ne bénéficiait<br />
que très imparfaitement des<br />
lois sociales et bien des maisons d'arrêt<br />
n'avaient qu'un ou deux surveillants.<br />
Du moment où change la conception<br />
même du rôle de la peine privative<br />
de liberté et lorsque celle-ci n'apparaît<br />
plus comme seulement afflictive,<br />
la mission du personnel devient<br />
toute autre. Tous les agents doivent<br />
participer à la tâche d'observation<br />
et de rééducation. La nécessité d'une<br />
formation professionnelle devient<br />
alors indispensable, ce qui a impliqué<br />
la création d'une école technique spéciale<br />
aux Prisons de Fresnes qui fonctionne<br />
maintenant depuis dix ans.<br />
Progressivement, grâce à un système<br />
de roulement, l'ensemble du personnel<br />
de surveillance aura bénéficié de<br />
ses cours.<br />
En outre, pour un enseignement<br />
supérieur destiné aux gradés et à<br />
certains personnels spécialisés (personnel<br />
administratif, assistantes sociales,<br />
etc.) il a été créé à Paris au<br />
Cherche-Midi un centre d'études pénitentiaires<br />
diffusant les méthodes<br />
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