DAP_RA_1955.pdf (10,0 MB) - Criminocorpus
DAP_RA_1955.pdf (10,0 MB) - Criminocorpus
DAP_RA_1955.pdf (10,0 MB) - Criminocorpus
You also want an ePaper? Increase the reach of your titles
YUMPU automatically turns print PDFs into web optimized ePapers that Google loves.
ANNEXE I<br />
Drx ANNÉES<br />
DE RÉFORME PÉNITENTIAIRE<br />
ANNEXE 1<br />
Dix ANNÉES<br />
DE RÉFORME PÉNITENTIAIRE<br />
tes les institutions de patronage qui<br />
exerçaient en fait déjà depuis de<br />
très longues années leur bienfaisante<br />
action. Il était indispensable par<br />
une coordination rationnelle des efforts<br />
de donner, à toutes, les moyens<br />
matériels nécessaires à l'accomplissement<br />
d'une tâche lourde et délicate.<br />
C 'est pourquoi ont été créés les Comités<br />
départementaux d'Assistance aux<br />
libérés, groupements autonomes distincts<br />
à la fois de l'Administration<br />
et des œuvres privées mais qui gardent,<br />
de par leur composition, des<br />
contacts avec l'une comme avec les<br />
autres. Présidés par un magistrat,<br />
ayant pour secrétaire l'assistante sociale<br />
(d'où liaison avec l'Administration)<br />
ils sont essentiellement composés<br />
par les représentants de toutes<br />
les œuvres parmi lesquelles se recrutent<br />
les visiteurs des prisons.<br />
Leur tâche est multiple puisque<br />
l'assistance s'étend aussi bien aux<br />
libérés conditionnels que définitifs.<br />
Dans la première hypothèse, les mesures<br />
de surveillance et de tutelle<br />
peuvent facilement s'exercer sur le<br />
condamné qui est astreint à une résidence<br />
fixe et sur lequel plane toujours<br />
la menace d'une révocation de<br />
sa libération. Par contre, l'action est<br />
plus difficile en ce qui concerne les<br />
libérés définitifs; il ne peut plus<br />
s'agir alors que d'une aide volontairement<br />
acceptée et d'une tutelle librement<br />
consentie.<br />
Je n'ignore pas que le principal<br />
problème en cette matière reste d'ordre<br />
financier; bien qu'augmentées<br />
notablement au cours de ces dernières<br />
années, les sommes versées aux Comités<br />
d'Assistance aussi bien que les<br />
subventions aux œuvres et centres<br />
d'accueil restent encore insuffisantes.<br />
Il est suppléé à cette faiblesse de<br />
nos crédits une fois de plus, par d'inlassables<br />
dévouements auxquels je<br />
suis heureux de rendre ici un public<br />
et respectueux hommage.<br />
*<br />
Je voudrais pouvoir m'attarder sur<br />
tous ces problèmes mais je crains de<br />
lasser votre patience. Cependant,<br />
avant d'en terminer avec ce tableau<br />
de l'œuvre accomplie pendant dix<br />
années, il convient de faire une rapide<br />
incursion dans le domaine législatif<br />
et réglementaire.<br />
En matière pénitentiaire, il a bien<br />
souvent été remarqué que les faits<br />
précèdent les textes et que la plupart<br />
des règlements ne font que codifier<br />
une expérience pratique déjà tentée<br />
parfois depuis longtemps. Dans un<br />
domaine en perpétuelle évolution, des<br />
textes trop étroits risqueraient d'ailleurs<br />
d'être paralysants. Cependant<br />
la consécration législative des expériences<br />
concluantes et des méthodes<br />
éprouvées finit par s'imposer, ne serait-ce<br />
que pour abroger expressémnte<br />
les errements antérieurs.<br />
Cela s'est déjà réalisé dans divers<br />
domaines, par exemple dans celui du<br />
service social dont un décret est venu<br />
légalement constater l'existence en<br />
1952 et dans la réforme, toute récente,<br />
du régime, tant décrié, de l'interdiction<br />
de séjour.<br />
Plus importants encore sont les projets<br />
de loi actuellement déposés devant<br />
le Parlement en particulier sur<br />
la mise à l'épreuve des condamnés et<br />
sur l'exécution des peines.<br />
Le premier est de nature à apporter<br />
une solution au moins partielle<br />
aux délicats problèmes que soulève<br />
pour nous l'exécution des courtes peines<br />
privatives de liberté; les expériences<br />
pratiques que nous avons déjà<br />
tentées en ce domaine dans plusieurs<br />
départements du Midi et de<br />
l'Est nous poussent à persévérer<br />
dans cette voie; là encore, nous devons<br />
faire appel à toutes les bonnes<br />
volontés pour la tutelle des condamnés<br />
ainsi placés en probation.<br />
Quant au projet sur l'exécution des<br />
peines, il viendra consacrer quelquesunes<br />
des plus importantes réalisations<br />
pénitentiaires des dernières années;<br />
c'est lui, en particulier qui donnera<br />
une base légale à plusieurs<br />
grands principes de la réforme pénitentaire,<br />
tels que l'introduction du<br />
régime progressif dans les maisons<br />
centrales. Mais surtout il vient expressément<br />
donner force légale à l'institution<br />
du magistrat chargé de suivre<br />
l'exécution des peines et préciser ses<br />
attributions.<br />
Cette institution du Juge chargé<br />
de suivre l'exécution des peines qui<br />
existe auprès de chacune de nos maisons<br />
centrales réformées, prisonsécoles<br />
et de nos centres de relégués,<br />
implique une complète modification<br />
des anciennes conceptions. Autrefois,<br />
en effet, l'on estimait que le rôle du<br />
magistrat répressif se terminait avec<br />
le prononcé de la sentence. L'exécution<br />
de la peine restait matière purement<br />
administrative, dont l'ordre<br />
judiciaire devait se désintéresser.<br />
Contre cette théorie se sont d'abord<br />
élevées les protestations de la Doctrine<br />
considérant avec raison que<br />
l'instruction, le jugement et l'exécution<br />
de la peine forment un ensemble,<br />
ne sont que les trois actes d'un même<br />
drame, le rôle du juge ne finissant<br />
qti'avee le dernier acte, la libération<br />
du détenu, ou, mieux encore, son<br />
amendement. Ce n'est qu'à partir de<br />
1945 que l'Administration pénitentiaire<br />
s'est engagée dans cette voie<br />
nouvelle; de nos jours le rôle du<br />
magistrat dans l'exécution des peines<br />
est multiple : présidence des<br />
commissions de classement, action<br />
souvent décisive en matière de libération<br />
conditionnelle, présidence des<br />
comités d'assistance post-pénale. Certes,<br />
il faut bien reconnaître que dans<br />
la plupart des cas le juge n'agit<br />
encore qu'en tant que délégué de<br />
l'Administration centrale, en attendant<br />
de se voir peut-être un jour conférer<br />
un véritable pouvoir juridictionnel.<br />
Cependant il n'est pas nécessaire<br />
que ce stade soit atteint pour<br />
qu'il soit possible de mesurer la profonde<br />
modification survenue en quelques<br />
années dans la conception du<br />
rôle du juge en matière pénale et<br />
pénitentiaire.<br />
*<br />
* *<br />
Ainsi, vous le voyez, et je le souligne<br />
en concluant, un nombre de per-<br />
— 158 —<br />
— 159 —-