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DAP_RA_1955.pdf (10,0 MB) - Criminocorpus

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ANNEXE II<br />

LiA RÉÉDUCATION<br />

DES DÉLINQUANTS RÉCIDIVISTES<br />

ANNEXE. II<br />

LA RÉÉDUCATION<br />

DES DÉLINQUANTS. RÉCIDIVISTES<br />

avant l'âge, précocement vieilli, ce<br />

qui dénature quelque peu les résultats<br />

des statistiques.<br />

La longueur de l'ultime détention<br />

les a-t-elle assagis? Les vingt relégués<br />

considérés avaient purgé en dernier<br />

lieu : (entre la dernière condamnation<br />

et l'élargissement conditionnel,<br />

donc en ajoutant la peine à la<br />

relégation) :<br />

17 ans 8 ans<br />

13 ans 8 ans<br />

13 ans 6 ans<br />

13 ans 6 ans<br />

12 ans 5 ans<br />

11 ans 4 ans<br />

11 ans 4 ans<br />

11 ans 4 ans<br />

<strong>10</strong> ans 3 ans<br />

<strong>10</strong> ans 3 ans<br />

Il est difficile de tirer de ces chiffres<br />

des conclusions. Trois années<br />

constituent le minimum, puisque la<br />

libération conditionnelle n'est pas<br />

possible avant. Il est vraisemblable<br />

qu'une certaine durée de détention<br />

renforce pour beaucoup les chances<br />

de succès. Ce n'est point qu'on doive<br />

compter sur l'effet d'intimidation<br />

car ces êtres ont une telle habitude<br />

de la prison qu'ils ne la redoutent<br />

plus, qu'elle est intégrée dans leur<br />

vie, qu'elle exprime pour eux les<br />

mauvais jours, contre-partie des bons ;<br />

mais plutôt une longue incarcération<br />

a des effets de maturation, use l'agressivité,<br />

casse le ressort des penchants<br />

antisociaux.<br />

Le danger cependant c'est que<br />

cette cassure n'affecte en même<br />

temps les facultés dynamiques, rendant<br />

plus difficile la transplantation<br />

en milieu libre. Aussi conviendrait-il,<br />

à notre avis, de n'avoir recours à une<br />

détention prolongée que dans des<br />

cas extrêmes, lorsque la preuve est<br />

administrée que le sujet continue à<br />

faire courir un risque grave à autrui.<br />

Cette preuve peut résulter, soit d'expertises<br />

psychiatriques quand l'agressivité<br />

est liée à des causes pathologiques,<br />

soit de tentatives d'élargissement<br />

suivies de réintégrations en cas<br />

d'échec.<br />

Ce dernier test de l'état dangereux<br />

a l'avantage d'associer l'intéressé<br />

à la recherche d'une solution.<br />

Ainsi, s'il échoue, le relégué ne peut<br />

guère s'en prendre qu'à lui-même et<br />

il accepte plus facilement la prolongation<br />

de détention qui en est la conséquence.<br />

Si en même temps on peut<br />

lui laisser entrevoir qu'une nouvelle<br />

chance lui sera donnée dans un délai<br />

pas trop long, on l'aide à maintenir<br />

son énergie et on évite qu'en s'aigrissant,<br />

il n'aggrave ses instincts antisociaux.<br />

Il vient cependant à l'esprit que<br />

de tels essais de libération comportent<br />

un certain risque pour les tiers.<br />

Dans toute la mesure du possible il<br />

faut accepter de le courir afin que<br />

la preuve de l'insuccès soit visible<br />

même aux yeux de l'intéressé. On<br />

peut d'ailleurs limiter le danger en<br />

n'attendant pas qu'un nouveau délit<br />

soit commis, dès que le comportement<br />

du multi-récidiviste laisse par trop<br />

prévoir la rechute : fréquentation de<br />

souteneurs, intégration dans une<br />

bande, abandon du travail, caehecache<br />

avec le service de contrôle...<br />

Les présidents des Commissions des<br />

centres de triage savent flairer ces<br />

situations précriminelles.<br />

Mais le problème présente plus de<br />

difficultés à l'égard des cas plus ou<br />

moins pathologiques; il s'apparente<br />

alors à celui que pose les élargissements<br />

de l'hôpital psychiatrique,<br />

avec cette complication qu'on ne peut<br />

même pas dire au sujet qu'il est<br />

malade, car ce serait peut-être augmenter<br />

l'état dangereux en fournissant<br />

au relégué une excuse.<br />

Nous songeons, par exemple, au<br />

cas d'un homme d'une trentaine d'années,<br />

relégué à la suite de plusieurs<br />

attentats à la pudeur sur enfants^<br />

Jusqu'ici ses agissements n'ont causé<br />

que des dommages limités, mais comment<br />

prendre la responsabilité d'une<br />

tentative de libération au cours de<br />

laquelle il peut lui arriver de commettre<br />

un crime épouvantable? Or,<br />

c'est en détention un bon sujet, travailleur<br />

et discipliné il n'a jamais<br />

fait l'objet de condamnations pour<br />

d'autres causes que ses débordements<br />

sexuels. Il est parfaitement possible<br />

que dans un foyer à son goût, surveillé<br />

et assisté, il parvienne à surmonter<br />

ses impulsions. Mais le risque<br />

est trop lourd pour le moment.<br />

Il s'agit ici d'un cas limite et fort<br />

heureusement les multi-récidivistes<br />

(1) Sur l'application pratique de ces idées,<br />

en Frcnce, voir Ch. GERMAIN Revue Pénitentiaire<br />

et de Droit pénal 1954 p. 45, notamment<br />

les explications sur Clermont-Ferrand et Gannat.<br />

s'en prennent plutôt à la propriété<br />

qu'à la personne d'autrui. Dès lors,<br />

il peut paraître expédient, après un<br />

délai raisonnable de détention (les<br />

trois années de notre législation peuvent<br />

convenir) de tenter un reclassement<br />

soigneusement préparé et encadré,,<br />

en cas d'insuccès, de prolonger<br />

l'incarcération, non pas uniformément,<br />

mais, en fonction du cas: d'espèce.<br />

Quand l'échec n'a pas révélé une<br />

agressivité foncière, mais plutôt des<br />

déficiences, le sujet placé en établissement<br />

spécialement adapté à cette fin,<br />

peut faire l'objet de nouveaux essais<br />

après une attente très brève. La nature<br />

des tentatives est alors modelée<br />

selon l'expérience que l'on a des précédents<br />

insuccès. Si, au contraire,<br />

l'agressivité est démontrée, il faut<br />

imposer un délai assez long avant<br />

d'accorder une chance nouvelle (1).<br />

Vaut-il mieux, dans ce cas, fixer le<br />

délai à l'avance ou laisser le sujet<br />

dans une redoutable incertitude? Le<br />

Dr Giscard s'était parfois élevé contre<br />

l'indétermination de la peine, très<br />

pénible à supporter, cause d'irritation<br />

et de désespoir.. Mais, à l'opposé, la<br />

certitude d'un nouvel élargissement à<br />

date fixe enlève à la décision son caractère<br />

de récompense et n'incline<br />

guère le détenu à faire effort. Au surplus,<br />

comment concilier l'octroi automatique<br />

de cet essai de liberté avec<br />

l'impossibilité de la tenter à l'égard<br />

des grands dangereux?<br />

Il s'agit là d'un problème extrêmement<br />

difficile à résoudre. S'il l'est<br />

législativement d'une façon trop<br />

— 19.0 —<br />

— 191 —

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