DAP_RA_1955.pdf (10,0 MB) - Criminocorpus
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ANNEXE II<br />
LA RÉÉDUCATION<br />
DES DÉLINQUANTS RÉCIDIVISTES<br />
ANNEXE II<br />
LA RÉÉDUCATION<br />
DES DELINQUANTS RÉCIDIVISTES<br />
rasser le délinquant d'habitude de<br />
son ennemi le plus redoutable : l'alcool<br />
(1).<br />
III. — Bien qu'il ne s'agisse plus<br />
d'une thérapeutique somatique on<br />
peut encore ranger dans les méthodes<br />
de traitement du récidivisme<br />
appliquées sous direction médicale,<br />
l'essai de psychothérapie tenté à<br />
Loos par le Dr Vullien.<br />
Cette tentative à'occupationnaltherapy<br />
avait le double mérite de<br />
l'originalité et de l'audace. Demander,<br />
en effet, à des sujets parvenus<br />
au plateau de leur existence, déformés<br />
par un mode de penser et d'agir<br />
contraire aux exigences de la vie en<br />
société, de tourner le dos à leur personnalité<br />
d'hier pour faire désormais<br />
confiance à une méthode dont ils<br />
n'aperçoivent d'abord que les avantages<br />
tangibles et immédiats, paraît<br />
relever de la gageure. Chacun d'eux<br />
y a pris d'emblée ce qui améliorait<br />
matériellement son sort et n'a mis<br />
qu'en veilleuse sa rancune généralisée<br />
contre l'ordre social. On a vu renaître<br />
cette hargne dès que la progression<br />
des avantages a paru trop<br />
lente, ou plus simplement dès que<br />
les intéressés se sont fatigués les uns<br />
des autres.<br />
Un inconvénient majeur de la méthode<br />
tient en effet à ce que les assu-<br />
(1) Il est au surplus possible que des facilités^<br />
nouvelles soient prochainement données<br />
a l'Administration pénitentiaire par la mise<br />
en application de la récente loi du 15 avril<br />
1954 sur le traitement des alcooliques dangejettis<br />
doivent vivre en milieu clos.<br />
Or, ils sont encore moins capables de<br />
supporter leurs camarades du centre<br />
que les gens fréquentés en milieu normal.<br />
Il en résulte des brouilles, des<br />
querelles et des rivalités qui ne tardent<br />
pas à empoisonner une atmosphère<br />
qu'il faudrait sereine. Chacun<br />
se replie alors à nouveau sur luimême<br />
et la tentative de déeongestion<br />
échoue.<br />
Le Dr Vullien voit la principale<br />
cause d'échec dans un choix défectueux<br />
des sujets. Sans doute, mais<br />
s'il parvenait à ne faire porter une<br />
nouvelle expérience que sur des individus<br />
parfaitement aptes à vivre<br />
ensemble et à se supporter mutuellement,<br />
n'y a-t-il pas lieu de penser<br />
que ces récidivistes seraient alors<br />
également capables de vivre désormais<br />
et d'emblée en milieu libre, sans<br />
avoir à franchir préalablement l'étape<br />
d'une occupationnal-therapy?<br />
En outre, le pourcentage des sujets<br />
relevant d'une telle méthode ne<br />
doit pas être très élevé, puisque dans<br />
les deux années qui ont suivi la fermeture<br />
du centre d'essai, sur 154<br />
relégués qu'il a examinés, le Dr Vullien<br />
n'en a retenu que 17 en vue<br />
d'une nouvelle tentative. C'est précisément<br />
ce faible nombre qui a empêché<br />
jusqu'ici le lancement d'une seconde<br />
expérience sur des bases nouvelles.<br />
reux pour autrui. Ce texte prévoit des possibilités<br />
de placement sous la surveillance des<br />
dispensaires d'hygiène sociale ou la collocation<br />
dans un centre de rééducation à l'expiration<br />
de la peine.<br />
Il est en effet admis à Loos que<br />
Y occupationnal-therapy n 'interviendra<br />
que comme ultimuni remedium,<br />
à défaut d'un reclassement acquis<br />
par voie de libération conditionnelle.<br />
Or, sur les 17 relégués classés « rééducables<br />
» c 'est-à-dire, pratiquement<br />
susceptibles de relever de Y occupationnal-therapy,<br />
15 ont réussi à se<br />
noyer dans le milieu libre et continuent,<br />
sous contrôle, à donner satisfaction.<br />
La méthode ne présenterait<br />
donc éventuellement un intérêt que<br />
pour 2 sujets sur 154 examinés.<br />
La valeur d'un mode de traitement<br />
ne doit cependant pas s'apprécier<br />
selon l'importance du nombre<br />
des malades qui relèvent de cette<br />
thérapeutique. L'occupationnal-therapy<br />
ne devrait-elle être efficace que<br />
dans quelques cas isolés, elle vaudrait<br />
la peine d'être mise au point.<br />
C'est pourquoi, ni le Dr Vullien, ni<br />
l'Administration pénitentiaire n'ont<br />
renoncé à une nouvelle expérience<br />
qui tiendra compte des errements de<br />
la première.<br />
La difficulté majeure à vaincre<br />
outre le choix des sujets, d'un local<br />
approprié et d'un personnel adapté,<br />
résidera dans le mécanisme des libérations<br />
d'essai. Lier cet événement<br />
— capital pour les patients — à la<br />
constatation de leurs progrès, c'est<br />
introduire dans la méthode un redoutable<br />
élément d'indétermination que<br />
supportent mal les assujettis. Or, il<br />
est difficile d'envisager une durée de<br />
(L) ' 1953, pp. 350 et ss.<br />
cure uniforme. Il faudrait dès lors<br />
s'efforcer de matérialiser les progrès<br />
accomplis et de rendre sensible<br />
au sujet l'impression favorable de<br />
l'autorité chargée d'élargir. Ce serat-il<br />
par l'attribution de tickets, comme<br />
dans le vieux système progressif<br />
de Walter Crofton? Telle est la plus<br />
récente tendance du Dr Vullien et<br />
de l'Administration. L'avenir dira si<br />
V occupationnal-therapy ainsi rectifiée<br />
vaut l'effort considérable qu'elle impose<br />
au personnel d'encadrement.<br />
IV. — Un traitement psychothérapique<br />
a été également recommandé<br />
par le regretté Dr Giscard, dans un<br />
article publié dans la Revue Pénitentiaire<br />
et de Droit Pénal (1).<br />
Cela consisterait à rendre aux<br />
multi-récidivistes le sens de la responsabilité<br />
humaine et sociale en<br />
leur donnant confiance en eux-mêmes.<br />
Le moyen résiderait dans la création<br />
d'un climat de détente où ils seraient<br />
traités en hommes, étudiés, compris,<br />
sans que le personnel accepte de<br />
prendre parti de leur déchéance.<br />
Le Dr Giscard a mis personnellement<br />
en pratique cette méthode dans<br />
ses rapports individuels avec les relégués<br />
asociaux de la prison-asile Pélissier<br />
à Clermont-Ferrand. Il s'entretenait<br />
beaucoup avec eux, s'informait<br />
de leurs idées, de leurs goûts, de<br />
leur manière de juger et la loi et<br />
des hommes libres, de leur point de<br />
vue sur leur situation et sur leurs<br />
perspectives d'avenir. Il les conduisait<br />
en promenade par petits groupes<br />
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