DAP_RA_1955.pdf (10,0 MB) - Criminocorpus
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ANNEXE I<br />
Dix ANNÉES<br />
DE RÉFORME PÉNITENTIAIRE<br />
par l'administration des prisons. En<br />
effet, le rôle de cette administration<br />
était de garder à titre de châtiment<br />
et non de chercher à connaître et<br />
améliorer le condamné. En un mot<br />
l'Administration pénitentiaire ne se<br />
préoccupait que peu de l'âme des détenus<br />
et point de leur avenir.<br />
Lorsqu'apparaissent les notions<br />
d'amendement et de récupération sociale,<br />
le problème devient tout différent;<br />
il apparaît alors eomme indispensable<br />
de « connaître » le détenu.<br />
Un examen préalable aussi complet<br />
que possible du condamné est<br />
nécessaire pour percer le mystère de<br />
sa personnalité et ce n'est qu'ultérieurement<br />
qu'il sera possible d'envisager<br />
l'envoi dans tel ou tel établissement<br />
spécialisé, convenant pour<br />
l'amélioration de cette personnalité.<br />
Cet examen, préalable à tout traitement,<br />
est d'ailleurs réalisé aussi<br />
bien au début de l'exécution de la<br />
peine qu'en cours d'exécution. Au<br />
Centre national d'orientation de<br />
Fresnes, sont pratiqués l'ensemble<br />
des examens médico-psychologiques<br />
et sociaux dont l'importance a été<br />
mise en relief récemment par plusieurs<br />
réunions internationales. Les<br />
résultats de ces examens permettent<br />
pour la première fois en France une •<br />
véritable classification scientifique<br />
des condamnés. Mais il ne faut pas<br />
croire que la tâche d'observation soit<br />
uniquement effectuée dans ce centre<br />
et qu'elle se termine là; elle s'accomplit<br />
également pour les relégués<br />
dans des centres d'observation spéciaux;<br />
enfin et surtout, pendant toute<br />
l'exécution de la peine, le personnel<br />
pénitentiaire tout entier, continue<br />
une observation systématique<br />
' qui permet de modifier opportunément<br />
une classification qui doit rester<br />
souple et suivre l'évolution de la<br />
personnalité des détenus.<br />
Ainsi, toutes les méthodes possibles<br />
pour parvenir à une connaissance<br />
approfondie de la personnalité du<br />
délinquant sont employées, y compris<br />
les procédés les plus modernes, tels<br />
que l'électro-encéphalogramme. Les<br />
examens pratiqués, dont le but essentiel<br />
est l'affectation du détenu à<br />
l'établissement le mieux approprié<br />
à son cas, ont, au surplus, permis<br />
la réalisation de très intéressantes<br />
études scientifiques.<br />
*<br />
**<br />
La seule observation du condamné<br />
ne suffit évidemment pas; c'était sur<br />
le traitement pénitentiaire, dans le<br />
domaine éducatif, que devaient porter<br />
surtout les améliorations.<br />
Jusqu'à la.guerre, le souci essentiel<br />
fut d'éviter la contamination réciproque<br />
des condamnés; à cette fin,<br />
plusieurs procédés étaient employés,<br />
plus ou moins imparfaitement d'ailleurs<br />
: règle du silence dans les maisons<br />
centrales, isolement cellulaire<br />
dans les maisons d'arrêt.<br />
Certes ce louable souci n'est pas<br />
absent de nos préoccupations actuelles;<br />
malgré de nombreuses critiques,<br />
il nous paraît que l'isolement reste<br />
souhaitable tant pour les prévenus<br />
que, dans certains cas au moins, pour<br />
l'exécution des courtes peines privatives<br />
de liberté. Mais le régime cellulaire<br />
est inutilisable dans les autres<br />
cas et par ailleurs la règle du silence<br />
risque de n'être qu'une brimade inefficace<br />
qui n'empêche en rien les<br />
communications entre co-détenus.<br />
Or, ce sont ces brimades qu'il convient<br />
avant tout d'éviter; le détenu<br />
a un vif sentiment de la justice et<br />
de ses droits; toute contrainte qu'il<br />
juge inutile ne fait que le cabrer davantage<br />
contre l'administration et la<br />
société; c'est pourquoi toute une série<br />
de mesures ont été prises pour<br />
humaniser le traitement pénitentiaire<br />
et supprimer ce qui pouvait apparaître<br />
comme une vexation inutile;<br />
je n'en rappellerai que quelquesunes<br />
:<br />
— atténuation de la règle du silence ;<br />
— suppression de la station debout<br />
face au mur;<br />
— suppression de la file indienne en<br />
promenade ;<br />
— suppression de la tonte des cheveux<br />
;<br />
— et surtout de l'institution si redoutée<br />
et critiquée des prévôts.<br />
D'autres mesures, constructives<br />
celles-là, ont été prises :<br />
— autorisation de fumer;<br />
—■ augmentation de la part du détenu<br />
dans le produit du travail;<br />
— amélioration de l'habillement;<br />
— adoucissement des sanctions disciplinaires<br />
;<br />
Enfin des précautions ont paru indispensables<br />
pour empêcher que le<br />
ANNEXE I<br />
Dix ANNÉES<br />
DE RÉFORME PÉNITENTIAIRE<br />
détenu sorte de la prison complètement<br />
désocialisé, désadapté à la vie<br />
en société; il est en effet nécessaire<br />
de lui maintenir tous les contacts<br />
utiles pour son futur redressement.<br />
La rupture, dès l'incarcération, des<br />
liens conjugaux et familiaux doit<br />
être avant tout évitée; c'est là l'une<br />
des tâches les plus urgentes du service<br />
social. Ultérieurement, le contact<br />
avec le monde extérieur peut<br />
être maintenu à la fois par les correspondances<br />
et par les visites. Dans<br />
ce but, divers règlements depuis<br />
quelques années facilitent les unes<br />
et les autres : nous mentionnerons<br />
seulement l'aménagement des parloirs<br />
sans grilles dans de nombreux<br />
établissements, qui permettent d'enlever<br />
à la vie carcérale un de ses aspects<br />
les plus rébarbatifs et les plus<br />
décriés.<br />
Les heures de loisirs laissées aux<br />
condamnés doivent être mises à profit<br />
pour sa rééducation morale, pour lui<br />
donner ou conserver le goût de la<br />
lecture et de la musique. Des séances<br />
de cinéma sont organisées régulièrement,<br />
dans plusieurs grands établissements<br />
et les installations complètes<br />
de T.S.F. deviennent de plus<br />
en plus nombreuses, même dans les<br />
maisons d'arrêt.<br />
Les bibliothèques, devenues squelettiques<br />
à la libération, ont fait l'objet<br />
d'efforts constants pour leur reconstitution<br />
et surtout leur aménagement<br />
et leur adaptation aux besoins<br />
des détenus. Elles doivent permettre<br />
non seulement d'organiser des loisirs,<br />
mais aussi de donner à beaucoup de<br />
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