Procès-verbaux, 1671-1793; publiés pour la ... - Warburg Institute

tgô [1753
Il
est certain que les pilastres ployés sur quelque angle
que ce soit sont une licence en architecture^; mai« elle
est autorisée par quelques exemples des anciens et par
plusieurs des habiles modernes, surtout pour les angles
droits et obtus. Sangallo, dans l'église octogone qu'il a
construit près la colonne Trajanne à Rome^, a employé des
pilastres que M. Pizzoni propose. Michelange en a usé de
mesme dans les pilastres qui portent le domme de Saint
Pierre du Vatican. Raphaël, dans une chapelle de Véglise
de la Vierge du peuple, et d'autres grands hommes, soit à
Rome soit k Paris, ont mis ces pilastres en usage; on doit
seulement dans ces cas donner à chaque partie de pilastres
^un peu plus que la moitié naturel de sa largeur, afin que
les ornements des chapiteaux s'ajustent mieux et
pilastre paroisse moins gresle.
que le
Cette licence admise dans le plan de l'église de M. Pizzoni,
le reste est sagement décorée et ne peut produire
que de bons effets, excepté l'entrée du cœur qui est un
peu étranglé ; la forme du cœur n'est pas forte avantageuse
pour son usage, il
devient une espèce de répétition de
l'église, mais la décoration en est simple et bonne, ainsi
que celle de l'église, soit intérieurement, soit extérieurement3.
Par l'article 2^, on souhaite de sçavoir si les changemens
que l'on veut introduire sont dans les bonnes
règles. Par les changemens que l'on propose pour l'église
on remédie à la licence des pilastres ployés, mais il en
résulte des irrégularités considérables par les angles obtus
1. Voir plus loin, p. 2o3-2o5.
2. C'est l'église Sainte-Marie de Loretta. — L'église de Sainte-
Marie du Peuple, sur la place du Peuple, au pied du Pincio,
contient en effet la somptueuse chapelle Chigi, construite et
décorée sous la direction de Raphaël.
3. Cette préoccupation de faire voir les officiants aux fidèles
était très répandue au xviir siècle. Elle explique en partie la
destruction des jubés, à Saint- Germain -l'Auxerrois, par
exemple. Voir plus loin, p. 2o5.