Procès-verbaux, 1671-1793; publiés pour la ... - Warburg Institute

INTRODUCTION.
XXIX
A coup sûr, l'Académie restait mieux dans son
rôle en étudiant encore une fois
les ordres architecturaux.
Pourtant, là aussi, est-ce que tout n'avait pas
été énoncé sur le dorique, l'ionique, le corinthien?
Comment les constructeurs si libres, si aisés du
xviii« siècle, les décorateurs si ingénieux, si heureusement
inspirés dans la recherche des formes nouvelles
où se jouait leur fantaisie, se laissaient-ils
dominer impérieusement par la tradition classicoantique,
consacrant de longues séances à analyser
dans les moindres détails les infiniment petits d'un
chapiteau, d'une base, des cannelures, à arriver à des
divisions et des subdivisions où manquent presque
les
éléments mesurables'? Pourquoi ces discussions
interminables sur les ordres superposés ou sur les
colonnes, les entablements, les chapiteaux classiques,
puisqu'ils ne les employaient pas ou ne les employaient
qu'en les interprétant et les accommodant
à l'expression de leur goût?
A cela, nous avons déjà répondu à peu près en
établissant une distinction sur laquelle il
faut revenir
et que ne négligeaient pas les théoriciens du
xviiie siècle. En effet, à cette époque plus qu'à
d'autres, il y a deux architectures : celle des façades
et celle des intérieurs, celle des monuments publics
et celle des constructions privées. Façades des édifices
qu'on pourrait appeler de grand style ou monuments
publics, la doctrine classique y est toujours
appliquée aussi scrupuleusement qu'au siècle précédent,
avec emploi raisonné des ordres. Le Garde-
Meuble, tous les projets présentés au concours de
1748, les portails d'églises se conforment à cette
I. Cf. Procès-verbaux, t. V, p. x-xii.