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L’Enfermement, le Partage Lieux et mémoire
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Avant-propos
à gauche : Vue sur la
Prison d'Agdz
En haut : Une Tour
de surveillance à
la Prison de Kalâat
Megouna
Tout a une histoire, même la laideur des geôles du pouvoir. Qu’il soit étatique ou partisan,
politique ou religieux, tout pouvoir a ses côtés sombres où la dignité de l’homme est
bafouée, voire broyée. Actes souvent légitimés par une prétendue raison du système.
Sur cette base, toute manifestation de différence pourrait être prise pour une menace de la
« sécurité » et de la « pérennité » du système en question.
La fin des régimes des protectorats (français et espagnol) au Maroc en 1956, s’accompagna
d’affrontements entre acteurs nationaux porteurs, chacun d’un projet « d’état national ». Dans
cette multitude d’acteurs, deux mouvances principales se dégagent : une mouvance de
nationalisme royal, où la monarchie occupe une place centrale et où la légitimité religieuse
et historique du Roi est prééminente ; et une autre mouvance de nationalisme populaire, où
le peuple est la source de tout pouvoir. C’est alors la ligitimité populaire qui a la primauté.
On parle de mouvance pour souligner la pluralité et la diversité de chaque « camp » et par là
même, la complexité des conflits et la fragilité des alliances qui ne duraient que le temps des
roses. Ces conflits se déclarèrent en pleine guerre froide, alors leurs dimensions idéologiques
ne furent qu’exacerbées. Elles éclatèrent même avant l’indépendance du pays, lors des
négociations avec les autorités françaises. Les premières années du Maroc indépendant
caractérisées par l’instabilité gouvernementale, traduisent les penchants hégémoniques des
acteurs en compétition. Cette phase d’équilibres instables, de recherche de soi, a connu son
lot d’exécutions expéditives, d’incarcérations illégales et de tortures, aussi bien dans les geôles
de l’état naissant que dans celles de formations partisanes.