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L’Enfermement, le Partage Lieux et mémoire
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Dar Bricha est à l’origine une grande maison située dans
le quartier El-Mouhanach. Son propriétaire, Mohamed ben
Abdessalam Bricha, n’était autre que le pacha de la ville
aux temps des Espagnols (à partir de 1927), petit-fils d’une
grande famille originaire de Fès qui, par la fortune qu’elle
avait accumulée grâce au commerce, était devenue une
famille makhzenienne. La maison, étalée sur deux étages,
spacieuse, imposante, avait l’avantage d’être bâtie au beau
milieu d’un grand jardin dense l’isolant des habitations
voisines (d’où sa deuxième appellation Jnane Bricha),
d’autant que sur son arrière, elle jouxtait une ancienne
usine de sucre, déserte et délaissée. Mieux, elle était entourée
d’une double enceinte, un premier mur côté rue, et un
deuxième limitant un espace réservé au bétail.
Nous ne manquons pas de témoignages directs détaillant
les pratiques de torture subies par les victimes : des intellectuels,
des enseignants, d’anciens résistants et combattants
de l’Armée de libération, des militants communistes, des
indépendants, de simples citoyens, et surtout les militants
du Parti Démocratique et de l’Indépendance (PDI). Ces
victimes, étaient, quelques années auparavant, des compagnons
de lutte contre le colonialisme, et au même titre
que leurs tortionnaires marocains, caressaient des idéaux
identiques. Quelques uns parmi eux, lors de leur détention
dans les prisons françaises et espagnoles, avaient subi des
sévices, mais à les croire, ce qu’ils y avaient enduré n’avait
rien à voir, ni en nature ni en intensité, avec ce qu’ils eurent
à subir à Dar Bricha.
Photo prise de l'intérieur d'une cellule à "Dar Bricha"