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تازمامارت<br />
306 Tazmamart<br />
L’Enfermement, <strong>le</strong> Partage Lieux et mémoire<br />
307<br />
Le terme « Tazmamart » est dérivé du mot « tijmit » : <strong>le</strong><br />
bassin. Il désigne aussi <strong>le</strong> couloir de passage. Le site luimême<br />
appartenait au clan Boulaid, qui s’en était emparé<br />
pendant une période de grande famine. Les habitants sont<br />
en grande majorité originaires des Ait Saghrouchen. Le<br />
territoire en entier fait partie de l’espace vital des tribus de<br />
Ait Azdeg, une confédération amazighe dont l’histoire est<br />
marquée par une siba permanente. Pendant <strong>le</strong>s trois derniers<br />
sièc<strong>le</strong>s, il ne se passait pas de génération sans qu’au moins,<br />
une seu<strong>le</strong> fois, <strong>le</strong>s armées du makhzen y viennent pour<br />
mater, saccager, massacrer… Il a fallu à l’armée française<br />
plusieurs années pour « pacifier » la région. Sitôt conquise,<br />
<strong>le</strong>s autorités militaires françaises y installèrent un poste<br />
d’observation. Il s’agit d’une enceinte rectangulaire, où on<br />
entreposait munitions et matériel militaire. Au <strong>le</strong>ndemain de<br />
l’indépendance, l’armée roya<strong>le</strong> y prit position. Le général<br />
Oufkir ne tarda pas à se rendre compte des avantages<br />
stratégiques qu’offrait un tel espace : plat, en retrait, proche<br />
des frontières algériennes, à proximité de la vil<strong>le</strong> de Rich<br />
el<strong>le</strong>-même située sur un axe routier principal (Ksar Souk-<br />
Midelt), et surtout protégé de tous <strong>le</strong>s côtés par de petites<br />
montagnes. Il avait même, à un certain moment, planifié <strong>le</strong><br />
transfert pur et simp<strong>le</strong> des populations vers d’autres lieux.<br />
« De mauvaises langues » disent qu’il voulait y bâtir la<br />
prison où il comptait enfermer la famil<strong>le</strong> roya<strong>le</strong>… Ironie<br />
du sort, ce furent ses lieutenants qui devaient faire <strong>le</strong>s<br />
frais de sa folie des grandeurs. En effet, suite aux attentats<br />
contre la personne du roi (Juil<strong>le</strong>t 1971 et août 1972), il<br />
fut décidé d’y construire une prison unique en son genre<br />
(l’entreprise Mernissi de Fès fut chargée des travaux de<br />
construction). El<strong>le</strong> prodigua ses services pendant dix-huit<br />
ans. Parmi la population civi<strong>le</strong> du pays, seuls <strong>le</strong>s habitants<br />
de la région connaissaient son existence, mais d'aucuns<br />
ne purent en souff<strong>le</strong>r mot. Le secret était opaque.<br />
Tazmamart : la prison et son environnement
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