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Entrée du deuxième pavillon à la Prison d'Agdz<br />

Agdz : 2 e cour de la prison<br />

Néanmoins, la grande majorité des détenus était originaire<br />

des provinces sahariennes. Plus d’hommes que de<br />

femmes, et aussi deux ado<strong>le</strong>scents, internés à l’âge de 16<br />

ans. Il s’agit, pour la majorité, de sympathisants du Front<br />

Polisario. Quelques uns étaient là victimes de règ<strong>le</strong>ments<br />

de comptes entre clans rivaux. Le traitement qu’on <strong>le</strong>ur<br />

avait réservé était des plus ignob<strong>le</strong>s. L’un des deux enfants<br />

avait souffert <strong>le</strong> martyr pendant des mois, son ventre<br />

ne cessait de gonf<strong>le</strong>r. Il ne put voir un médecin, et ne reçut<br />

aucun médicament. Il mourut dans <strong>le</strong> si<strong>le</strong>nce.<br />

Au début, <strong>le</strong>s détenus, qui ne savaient même pas où ils<br />

se trouvaient, étaient sommés de rester en permanence<br />

dans <strong>le</strong>s cellu<strong>le</strong>s. Ils ne <strong>le</strong>s quittaient que <strong>le</strong> temps d’al<strong>le</strong>r<br />

vider <strong>le</strong>s bidons destinés aux besoins. Sur <strong>le</strong> chemin des<br />

toi<strong>le</strong>ttes, <strong>le</strong>s gardiens se mettaient des deux côtés. Au passage<br />

de chaque détenu, <strong>le</strong>s coups fusaient. Excédés, <strong>le</strong>s<br />

détenus décidèrent un jour de faire de la résistance. Ils<br />

refusèrent d’intégrer <strong>le</strong>s cellu<strong>le</strong>s, demandant des explications.<br />

Ce fut la première fois qu’il y eut discussion avec<br />

<strong>le</strong>s gardiens. Le traitement diminua d’intensité, mais ne<br />

cessa guère.<br />

Voici à quoi ressemblait une cellu<strong>le</strong> : « La geô<strong>le</strong>, dont <strong>le</strong>s<br />

murs étaient fissurés et noircis par la fumée, avec des toi<strong>le</strong>s<br />

d’araignées tissées sur <strong>le</strong>s bords ravinés du plafond, pouvait<br />

être comparée, sans exagération, aux cachots dans<br />

<strong>le</strong>s labyrinthes des châteaux médiévaux. Il ne manquait<br />

plus que <strong>le</strong> comte Dracula pour crier : si<strong>le</strong>nce, on tourne !<br />

Moteur ». Il fallait composer avec <strong>le</strong>s maîtres des lieux :<br />

rats et insectes, <strong>le</strong>s poux surtout.<br />

On dormait à ras de terre. En guise de lit, des couvertures.<br />

Les premières que <strong>le</strong>s détenus avaient reçues, portaient<br />

une inscription au milieu : <strong>le</strong>s cou<strong>le</strong>urs de la France,<br />

b<strong>le</strong>u, blanc, rouge. Nul doute, el<strong>le</strong>s faisaient partie des<br />

lots délaissés par <strong>le</strong>s Français à <strong>le</strong>ur départ du pays.<br />

Ce qui frappa <strong>le</strong> plus <strong>le</strong>s bénéficiaires, outre qu’el<strong>le</strong>s<br />

étaient en état de décomposition avancé, c’était la<br />

masse gigantesque de poux qu’el<strong>le</strong>s contenaient. Ces<br />

derniers allaient vite prendre possession des corps des<br />

pauvres emmurés.<br />

La prison avait fonctionné à p<strong>le</strong>in régime jusqu’en 1981.<br />

La décision de la fermer fut prise suite à l’infiltration de<br />

quelques combattants armés du Front Polisario dans<br />

la région de Mhamid El Ghizlane, trop proche d’Agdz.<br />

Un incident précipita la décision : la découverte d’un<br />

stratagème fomenté par <strong>le</strong>s embastillés en vue de communiquer<br />

entre eux. En effet, ils usaient de crayons et<br />

de papiers pour s’échanger <strong>le</strong>s informations, crayons et<br />

papiers qu’ils prenaient grand soin de dissimu<strong>le</strong>r dans<br />

<strong>le</strong>s toi<strong>le</strong>ttes. Un jour, un garde découvrit la cachette. S’ensuivit<br />

une vaste opération de torture. On soupçonna <strong>le</strong>s<br />

gardes d’être de connivence. On transféra <strong>le</strong>s détenus à<br />

Kalâat Megouna. On connaît la suite.

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