94 n°6 <strong>2010</strong>Les réfugiés congolais au Gabon :Mo<strong><strong>de</strong>s</strong> <strong>de</strong> circulation <strong>et</strong> d’installationdans un espace frontalierThèse soutenue par Christian Wali Wali le 25 juin <strong>2010</strong> à l’Université <strong>de</strong> PoitiersC<strong>et</strong>te thèse traite laproblématique générale <strong>de</strong>mobilités transfrontalières<strong><strong>de</strong>s</strong> réfugiés. L’analyse proposée montre quele Gabon a connu <strong>de</strong>ux pério<strong><strong>de</strong>s</strong>importantes <strong>de</strong> flux <strong><strong>de</strong>s</strong> réfugiés. Lapremière est celle <strong>de</strong> l’arrivée <strong><strong>de</strong>s</strong> enfantsbiafrais du Nigeria en 1968 <strong>et</strong> la secon<strong>de</strong> estcelle <strong><strong>de</strong>s</strong> réfugiés congolais. En termes <strong>de</strong>gestion, <strong>de</strong> conditions d’accueil <strong>et</strong> du statut<strong>de</strong> réfugié à partir du droit international, cessituations ne sont pas i<strong>de</strong>ntiques, <strong>et</strong> il y a unevéritable spécificité du cas <strong><strong>de</strong>s</strong> réfugiéscongolais due à la proximité frontalière,<strong>et</strong>hnique <strong>et</strong> politique.C<strong>et</strong>te thèse a donc pour obj<strong>et</strong> l’étu<strong>de</strong><strong>de</strong> la présence <strong><strong>de</strong>s</strong> réfugiés congolais auGabon installés <strong>de</strong>puis la fin <strong>de</strong> la décennie1990 <strong>et</strong> venus à la suite <strong><strong>de</strong>s</strong> différentesguerres civiles qui ont eu lieu au Congo. LeCongo a en eff<strong>et</strong> connu durant c<strong>et</strong>tedécennie un climat politique instableprovoqué par les lea<strong>de</strong>rs <strong>de</strong> la mouvanceprési<strong>de</strong>ntielle <strong>et</strong> <strong><strong>de</strong>s</strong> partis <strong>de</strong> l’oppositionqui se sont affrontés par milices interposées.Les antagonismes observés au cours <strong>de</strong> c<strong>et</strong>tepério<strong>de</strong> sont <strong><strong>de</strong>s</strong> revanches entre acteurspolitiques ayant animé le parti unique (1969-1990). Deux temps forts coïncidant avec<strong>de</strong>ux moments électoraux marquent lesinstants <strong>de</strong> basculement <strong>de</strong> la confrontationpolitique au passage à l’utilisation <strong><strong>de</strong>s</strong> armes.Le premier acte est la guerre <strong>de</strong> 1993-1994 qui résulte d’une transition malnégociée du passage <strong>de</strong> témoin entre DenisSassou-Nguesso <strong>et</strong> Pascal Lissouba à la têtedu pays à l’issue <strong>de</strong> l’élection prési<strong>de</strong>ntielle<strong>de</strong> 1992. Par le jeu <strong>de</strong> la construction <strong>et</strong> <strong>de</strong> ladéconstruction <strong><strong>de</strong>s</strong> alliances politiques entreles différents acteurs politiques, le Congobascule dans le conflit armé. Ayant bénéficiédu soutien d’une coalition au sein <strong>de</strong> laquellese trouvait le PCT (Parti Congolais duTravail) <strong>de</strong> Denis Sassou-Nguesso pourbattre Bernard Kolélas à l’électionprési<strong>de</strong>ntielle, Pascal Lissouba ne respectepas l’accord <strong>de</strong> gouvernement. Les électionslégislatives qui suivent donnent l’occasion àl’opposition <strong>de</strong> crier à la frau<strong>de</strong> <strong>et</strong> d'appeler àune désobéissance civile à laquelle legouvernement répond par la violence.Le <strong>de</strong>uxième acte <strong>de</strong> la crise politiquecongolaise se déroule à partir du 5 juin 1997avec l’attaque <strong>de</strong> la rési<strong>de</strong>nce <strong>de</strong> DenisSassou-Nguesso par <strong><strong>de</strong>s</strong> blindés <strong>de</strong> l’armée.Après un long séjour à l’étranger, ce <strong>de</strong>rnierrevient en janvier <strong>de</strong> c<strong>et</strong>te année au pays.Mais au cours <strong>de</strong> ce séjour, Pascal Lissouba aréussi à faire <strong>de</strong> Bernard Kolélas son allié. Al’approche <strong>de</strong> l’élection prési<strong>de</strong>ntielle <strong>de</strong>1997, les discours se durcissent <strong>et</strong> lesconditions posées par les uns <strong>et</strong> les autrespour l’organisation <strong>de</strong> c<strong>et</strong>te électiondivergent. Un jeu d’accusations <strong>et</strong> <strong><strong>de</strong>s</strong>ubterfuges politiques, r<strong>et</strong>ardantl’organisation <strong><strong>de</strong>s</strong> élections, s’engage alors.L’attaque <strong>de</strong> la rési<strong>de</strong>nce <strong>de</strong> Denis Sassou-Nguesso entraîne la réaction immédiate <strong><strong>de</strong>s</strong>a sécurité personnelle <strong>et</strong> <strong>de</strong> sa milice, lesCobras. Les pourparlers qui ont lieu àLibreville le 16 juin n’aboutissent à aucuncompromis. L’échec <strong>de</strong> ces négociationsconforte la dynamique <strong><strong>de</strong>s</strong> opérationsmilitaires qui s’intensifient à l’horizon du 31août qui est la date d’arrivée à échéance dumandat <strong>de</strong> Pascal Lissouba. Dès lors, <strong><strong>de</strong>s</strong>cohortes <strong>de</strong> populations partent du Congopour se r<strong>et</strong>rouver dans les pays environnantsdont le Gabon.
n°6 <strong>2010</strong> 95Parvenus au Gabon, ces populationscongolaises vont s’installer particulièrementdans les provinces <strong>de</strong> la Ngounié, <strong>de</strong> laNyanga, du Haut-Ogooué <strong>et</strong> <strong>de</strong> l’Estuaire.Les réfugiés congolais constituent le plusgros contingent <strong>et</strong> représentent aussi le plusimportant flux <strong>de</strong> réfugiés que le Gabonn’ait jamais reçu.Au-<strong>de</strong>là <strong>de</strong> c<strong>et</strong>te surreprésentation <strong><strong>de</strong>s</strong>réfugiés congolais par rapport aux autresnationalités, c<strong>et</strong>te présence <strong><strong>de</strong>s</strong> réfugiéscongolais est particulière dans la mesure oùle Gabon partage avec le Congo la pluslongue frontière <strong>de</strong> ce pays, que les <strong>de</strong>uxpays ont été dans une même entitéadministrative (l’Afrique EquatorialeFrançaise, AEF) pendant la colonisation <strong>et</strong>ont <strong><strong>de</strong>s</strong> populations frontalières <strong>de</strong> mêmesgroupes <strong>et</strong>hniques. C<strong>et</strong>te situation estparticulière quant à la gestion <strong><strong>de</strong>s</strong> réfugiéspuisque par leur surreprésentation ils sontvisibles, même si par leur appartenance auxmêmes groupes <strong>et</strong>hniques c<strong>et</strong>te visibilité sedilue.Ainsi, la question centrale qui a guidéc<strong>et</strong>te recherche est celle <strong>de</strong> savoir commentl’asile se manifeste dans la zone frontalièregabono-congolaise pour les réfugiéscongolais.L’article 4 <strong>de</strong> la Convention <strong>de</strong> l’OUA(Organisation <strong>de</strong> l’Unité Africaine) relative àla gestion <strong><strong>de</strong>s</strong> réfugiés stipule que le statut <strong>de</strong>réfugié implique qu’il ne leur est pas permis<strong>de</strong> traverser la frontière, sous peine <strong>de</strong> leperdre. Malgré cela, on observe que lesréfugiés congolais circulent <strong>et</strong> adoptent <strong><strong>de</strong>s</strong>stratégies <strong>de</strong> survie transnationales, ou toutle moins transfrontalières. Cela pose laquestion du statut <strong>de</strong> réfugié, <strong>de</strong> lasouverain<strong>et</strong>é <strong><strong>de</strong>s</strong> États, <strong>de</strong> la citoyenn<strong>et</strong>é <strong><strong>de</strong>s</strong>personnes en mouvement <strong>et</strong> du rôle <strong><strong>de</strong>s</strong>frontières, en ce sens qu’ils appartiennent à<strong>de</strong> multiples communautés (nationales,<strong>et</strong>hniques, <strong>et</strong>c.) <strong>et</strong> rem<strong>et</strong>tent en cause <strong>de</strong> cefait la primauté <strong>de</strong> l’État comme le souligneJennifer Hyndmann (2000).L’hypothèse qui a guidé c<strong>et</strong>terecherche sur le terrain était que les allers <strong>et</strong>r<strong>et</strong>ours <strong><strong>de</strong>s</strong> réfugiés congolais pouvaients’inscrire dans le cadre <strong>de</strong> stratégiesgénérales développées par les réfugiés pourune meilleure insertion dans leur communed’accueil. Pour vérifier c<strong>et</strong>te hypothèse, c<strong>et</strong>teétu<strong>de</strong> a consisté alors à comprendre lesmécanismes d’insertion <strong><strong>de</strong>s</strong> réfugiéscongolais à Lébamba en prenant en comptel’influence frontalière.Les matériaux utilisés dans ce travailsont d’abord issus <strong><strong>de</strong>s</strong> différentesobservations <strong>de</strong> terrain (<strong>de</strong> Lébamba auNiari), <strong><strong>de</strong>s</strong> récits <strong>de</strong> vie recueillis auprès <strong><strong>de</strong>s</strong>réfugiés congolais (3 à Lébamba <strong>et</strong> 5 àLibreville) <strong>et</strong> <strong><strong>de</strong>s</strong> formulaires remplis par lesréfugiés (30) <strong>et</strong> les populations locales (87).Ces données sont complétées par lesstatistiques obtenues à la représentationrégionale du HCR à Libreville <strong>et</strong> sur le site<strong>de</strong> c<strong>et</strong>te institution, www.unhcr.org, maisaussi celles <strong>de</strong> la mairie <strong>de</strong> Lébamba <strong>et</strong> <strong><strong>de</strong>s</strong>différentes administrations gabonaises. Desentr<strong>et</strong>iens aussi ont été faits avec leschercheurs, les autorités politicoadministratives<strong>et</strong> les habitants <strong>de</strong> Lébamba.Les entr<strong>et</strong>iens <strong>et</strong> les questionnaires avec lesréfugiés visaient à recueillir <strong><strong>de</strong>s</strong> informationssur les parcours <strong><strong>de</strong>s</strong> réfugiés <strong>de</strong>puis leurdépart jusqu’à leur installation au Gabonmais aussi, sur leurs mobilités <strong>de</strong>puis leurarrivée pour reconstituer leurs principalesétapes. Ceci a aidé à cerner la dimension <strong>de</strong>la circulation migratoire <strong>de</strong> ces personnes,<strong><strong>de</strong>s</strong> questions qu’elle soulève <strong>et</strong> la place qu<strong>et</strong>ient c<strong>et</strong>te mobilité dans leur insertion locale.Il s’agissait <strong>de</strong> comprendre également lesdifférents mécanismes utilisés par cesréfugiés pour leur insertion dans leur espaced’accueil. Par ailleurs, ce questionnement apermis d’analyser les politiques publiques enleur faveur <strong>et</strong> les eff<strong>et</strong>s <strong>de</strong> leur présence dansla commune <strong>de</strong> Lébamba.Pour les populations localesinterrogées, il s’est agi <strong>de</strong> recueillir leurperception <strong>de</strong> la présence <strong><strong>de</strong>s</strong> réfugiéscongolais dans leur commune. Ainsi, même
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