26 n°6 <strong>2010</strong>comme cité dans l'article, ou encore la loiBesson <strong>de</strong> 2000, dont le même objectif n'aété atteint que <strong>de</strong> façon très partielle. Il seraitsans doute utile d'avoir une loi Besson <strong>2010</strong>,puisqu'en plusieurs décennies les lois n'ontpas été appliquées.Mais le 21 ème siècle s'ouvre sur uneautre tendance. Si la fin du siècle précé<strong>de</strong>ntvoyait une convergence <strong><strong>de</strong>s</strong> pratiquesd'assimilation, le début du 21 ème siècle voit laconvergence <strong><strong>de</strong>s</strong> pratiques d'exclusion. Ce nesont plus les collectivités locales qui entrentdans la dynamique d'assimilation préconiséepar les États, mais ce sont les États quis'inscrivent dans une politique généraled'exclusion. Chacun renoue avec le rej<strong>et</strong>séculaire présenté au début <strong>de</strong> l'article. Et auniveau national les États signent <strong><strong>de</strong>s</strong> accordsbilatéraux, pratiquent <strong><strong>de</strong>s</strong> reconduites à lafrontière, ne respectent pas les engagementsinternationaux qu'ils ont ratifiés.Il conviendrait aussi d'analyserl'impact, <strong>de</strong>puis les années 1990, puis plusencore dans les années 2000, <strong>de</strong> la mobilité<strong>de</strong> nouvelles familles roms migrantes, peunombreuses statistiquement parlant, maisqui suscitent <strong>de</strong> fortes réactions <strong><strong>de</strong>s</strong>populations <strong>et</strong> <strong><strong>de</strong>s</strong> différents niveaux <strong>de</strong>l'administration <strong>et</strong> <strong>de</strong> la politique, avec uneinstrumentalisation <strong>de</strong> c<strong>et</strong>te présence,hypertrophiée dans les discours <strong>et</strong> exacerbéedans les actes 72 . Un brouillage se développe,pour le public, les administrations, lesresponsables politiques. Qui est « Gens duvoyage », néologisme administratif récent,abstraction globale sans singulier, ni réalitésociale? Qui est Tsigane? Qui est Rom?Ce brouillage ne facilite pas le respect<strong><strong>de</strong>s</strong> droits <strong><strong>de</strong>s</strong> populations concernées, car ilinduit <strong><strong>de</strong>s</strong> amalgames, <strong><strong>de</strong>s</strong> clivages, <strong><strong>de</strong>s</strong>confusions, entre <strong><strong>de</strong>s</strong> citoyens nationaux, <strong><strong>de</strong>s</strong>citoyens communautaires, <strong><strong>de</strong>s</strong> citoyens72 Sur ces points, <strong>et</strong> pour une contextualisationglobale, on peut voir les <strong>de</strong>ux ouvrages <strong>de</strong> synthèse :Roms en Europe, Editions du Conseil <strong>de</strong> l'Europe,2007, <strong>et</strong> Roms <strong>et</strong> Tsiganes, Editions La Découverte,Collection « Repères » série « sociologie », Paris, 2009.européens, <strong><strong>de</strong>s</strong> membres d'une mêmeminorité, <strong><strong>de</strong>s</strong> réfugiés, <strong><strong>de</strong>s</strong> <strong>de</strong>man<strong>de</strong>ursd'asile, la liberté <strong>de</strong> circulation, la libertéd'établissement, le regroupement familial,l'exercice <strong><strong>de</strong>s</strong> professions, <strong>et</strong>c. Les enquêtesréalisées, sous la forme d'étu<strong><strong>de</strong>s</strong> d'opinionpour ce qui est <strong><strong>de</strong>s</strong> représentations sociales,ou <strong>de</strong> statistiques pour ce qui est <strong><strong>de</strong>s</strong>violences à l'égard <strong><strong>de</strong>s</strong> personnes, montrentque les Roms sont en Europe les premièresvictimes <strong>de</strong> la discrimination. Desindicateurs précis existent aussi par lesinstances ou instruments <strong>de</strong> suivi mis enplace notamment par le Conseil <strong>de</strong>l'Europe : Commissaire aux Droits <strong>de</strong><strong>l'Homme</strong>, Commission européenne contre leracisme <strong>et</strong> l'intolérance (ECRI), Coureuropéenne <strong><strong>de</strong>s</strong> Droits <strong>de</strong> <strong>l'Homme</strong>, Comitéeuropéen <strong><strong>de</strong>s</strong> Droits sociaux, qui assure lesuivi <strong>de</strong> la Charte sociale européenne.Pour ce qui est du thème <strong>de</strong> c<strong>et</strong> article,sur la circulation <strong>et</strong> l'accueil <strong><strong>de</strong>s</strong> noma<strong><strong>de</strong>s</strong>,rappelons que la France est considéréecomme ayant violé plusieurs <strong><strong>de</strong>s</strong> articles <strong>de</strong>la Charte sociale européenne :Comité européen <strong><strong>de</strong>s</strong> Droits sociauxNuméro / Intitulé 51/2008 - Dated'enregistrement 17/04/2008Décision sur le bien-fondé - Date 19 octobre2009Conclusion Violation <strong><strong>de</strong>s</strong> articles 31§1 <strong>et</strong> 2,16, 30 <strong>et</strong> 19§4c violation <strong>de</strong> l’article Ecombiné avec les articles 31, 16, 30.Non-respect du droit effectif au logement <strong><strong>de</strong>s</strong>gens du voyage entraînant leur exclusionsociale <strong>et</strong> une discrimination raciale (nombreinsuffisant d’aires d’accueil, conditions <strong>de</strong> viene répondant pas aux normes minimales,absence <strong>de</strong> possibilités d’accès à <strong><strong>de</strong>s</strong> logementspermanents <strong>et</strong> absence <strong>de</strong> garantie <strong>de</strong>maintien dans les lieux, absence <strong>de</strong> mesurepour remédier aux déplorables conditions <strong>de</strong>vie <strong><strong>de</strong>s</strong> migrants Roms).(i) violation <strong>de</strong> l’article 31§1 <strong>de</strong> la Charterévisée (unanimité);
n°6 <strong>2010</strong> 27a) en raison <strong>de</strong> la création insuffisante d’airesd’accueil;b) en raison <strong><strong>de</strong>s</strong> mauvaises conditions <strong>de</strong> vie <strong>et</strong><strong><strong>de</strong>s</strong> dysfonctionnements <strong><strong>de</strong>s</strong> aires d’accueil ;c) en raison <strong>de</strong> l’accès insuffisant au logement<strong><strong>de</strong>s</strong> gens du voyage sé<strong>de</strong>ntarisés;(ii) violation <strong>de</strong> l’article 31§2 <strong>de</strong> la Charterévisée en raison <strong>de</strong> la procédure d’expulsion<strong>et</strong> <strong><strong>de</strong>s</strong> autres sanctions (unanimité);(iii) violation <strong>de</strong> l’article E combiné avecl’article 31 <strong>de</strong> la Charte révisée (12 voixcontre 2);(iv) violation <strong>de</strong> l’article 16 <strong>et</strong> <strong>de</strong> l’article Ecombiné avec l’article 16 <strong>de</strong> la Charte révisée(unanimité);(v) violation <strong>de</strong> l’article 30 <strong>de</strong> la Charterévisée (unanimité);(vi) violation <strong>de</strong> l’article E combiné avecl’article 30 <strong>de</strong> la Charte révisée (11 voixcontre 3);(vii) violation <strong>de</strong> l’article 19§4c <strong>de</strong> la Charterévisée (unanimité). 73Suite à c<strong>et</strong>te décision sur le bien-fondérendue par le Comité européen <strong><strong>de</strong>s</strong> Droitssociaux dans la réclamation n° 51/2008, oùil a été conclu que la France ne respecte pasle droit au logement <strong><strong>de</strong>s</strong> « Gens du voyage »,le Comité <strong><strong>de</strong>s</strong> Ministres a adopté laRésolution Res/CM/ChS(<strong>2010</strong>)5 le 30 juin<strong>2010</strong>. Le Comité <strong><strong>de</strong>s</strong> Ministres1. prend note <strong>de</strong> la déclaration dugouvernement défen<strong>de</strong>ur indiquant que laFrance poursuit ses efforts dans le domaine encause <strong>et</strong> s’engage à m<strong>et</strong>tre la situation enconformité avec la Charte révisée ;2. attend <strong>de</strong> la France qu’elle fasserapport, lors <strong>de</strong> la présentation du prochainrapport relatif aux dispositions pertinentes <strong>de</strong>la Charte sociale européenne révisée, sur lamise en œuvre <strong><strong>de</strong>s</strong> mesures annoncées, <strong>et</strong>qu’elle tienne le Comité <strong><strong>de</strong>s</strong> Ministres informérégulièrement <strong>de</strong> tout progrès réalisé.73 Chacun <strong><strong>de</strong>s</strong> points est largement développé dans ledocument, <strong>et</strong> abor<strong>de</strong> en détail la non application <strong>de</strong> laLoi Besson, la contradiction avec la mise en œuvre <strong>de</strong>la Loi Sécurité <strong>et</strong> Liberté, <strong>et</strong>c. Tous les documentssont en ligne sur le site du Conseil <strong>de</strong> l'Europe.La France est donc sous surveillance ;après avoir pris <strong><strong>de</strong>s</strong> engagements elle doit sem<strong>et</strong>tre en règle. En France même, <strong><strong>de</strong>s</strong>instances comme la HALDE, après un longsilence, ou encore la Commission nationaleconsultative <strong><strong>de</strong>s</strong> droits <strong>de</strong> <strong>l'Homme</strong>,commencent à mentionner le caractèrediscriminatoire <strong>de</strong> certains textes, <strong>et</strong><strong>de</strong>man<strong>de</strong>nt au gouvernement <strong>de</strong> lesmodifier.Je citerai, pour terminer, quelqueslignes <strong>de</strong> l'un <strong><strong>de</strong>s</strong> Points <strong>de</strong> vue duCommissaire aux Droits <strong>de</strong> <strong>l'Homme</strong> duConseil <strong>de</strong> l'Europe, concernant le thème cece numéro 74 :Ces <strong>de</strong>rniers mois, un certain nombre <strong>de</strong>familles roms ont, dans plusieurs payseuropéens, été expulsées <strong>de</strong> leur logement parla force, la décision d’expulsion étant le plussouvent prise par les autorités locales. Leslocataires n’étaient pas prévenus suffisamment<strong>de</strong> temps à l’avance <strong>et</strong> aucune alternativeréelle ne leur était proposée. Plusieurs <strong>de</strong> cesexpulsions constituent une violation manifeste<strong><strong>de</strong>s</strong> normes européennes <strong>et</strong> internationales enmatière <strong>de</strong> droits humains (...)J’ai aussi eu connaissance d’expulsionspratiquées ou planifiées dans d’autres régions<strong>de</strong> la Fédération <strong>de</strong> Russie <strong>et</strong> en Bulgarie, enRépublique tchèque, en France, en Turquie <strong>et</strong>au Royaume-Uni. Dans certains cas, les<strong><strong>de</strong>s</strong>tructions <strong><strong>de</strong>s</strong> maisons <strong>et</strong> <strong><strong>de</strong>s</strong> biens se sontaccompagnées <strong>de</strong> violences <strong>et</strong> <strong>de</strong> proposracistes (...)Les modalités d’élaboration <strong>et</strong> d’application<strong>de</strong> ces décisions doivent être conformes auxnormes <strong><strong>de</strong>s</strong> droits humains <strong>et</strong> aux garantiesprocédurales communément acceptées.En raison <strong>de</strong> ces normes, les expulsionsforcées ne peuvent être pratiquées que dans lescas exceptionnels <strong>et</strong> d’une manière74 « Les expulsions forcées <strong>de</strong> familles roms doiventcesser » Thomas Hammarberg, Point <strong>de</strong> vue, 04/09/<strong>06</strong>.Les documents du Commissaire sont disponibles surle site : www.commissioner.coe.int.
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