100 n°6 <strong>2010</strong>Cheikh, Mériam ; Péraldi, Michel (2009) Des femmes surles routes. Voyages au féminin entre Afrique <strong>et</strong>Méditerranée, Casablanca, Le Fennec ; Paris, Khartala,291 p.Anne-Laure CounilhOuvrage collectif issu d'unséminaire international àMohammedia (21, 22 <strong>et</strong> 23 juin2007) au Maroc, Des femmes sur les routes a étérédigé sous la direction <strong>de</strong> Mériam Cheikh<strong>et</strong> Michel Péraldi <strong>et</strong> présente 14 textesautour <strong><strong>de</strong>s</strong> mobilités féminines en Afrique <strong>et</strong>en Méditerranée. Le sommaire fait la partbelle aux femmes <strong>et</strong> aux chercheurs <strong><strong>de</strong>s</strong>Suds, tout en variant les approchesdisciplinaires <strong>et</strong> les terrains <strong>de</strong> recherche.Rahma Bourqia ouvre la réflexionavec « une perspective historique » surl'appropriation <strong><strong>de</strong>s</strong> mobilités par les femmes,leur émancipation au cours du 20ème siècle<strong>et</strong> la production du savoir. L'auteure explorel'histoire longue du mon<strong>de</strong> arabo-musulmanà la recherche <strong><strong>de</strong>s</strong> rares femmes ayant laisséleur empreinte dans l'histoire <strong>de</strong> l'accumulation dusavoir (p. 15). Longtemps la production dusavoir a signifié savoir traditionnel <strong>et</strong> doncreligieux. Celui-ci induisait une quêtegéographique, une mobilité vers les lieux <strong>de</strong>culte mais la séparation <strong><strong>de</strong>s</strong> sexes dansl'espace public <strong>et</strong> l'androcentrisme propre àla production <strong>de</strong> savoir ont longtemps exclusles femmes tant <strong>de</strong> la mobilité que du savoir.Plus récemment, l'accès <strong><strong>de</strong>s</strong> femmes àl'éducation leur a permis d'investir lesespaces publics, <strong>de</strong> <strong>de</strong>venir mobiles <strong>et</strong> <strong>de</strong> sefaire une place dans la production dudiscours écrit.Dans une perspective égalementhistorique, Constance <strong>de</strong> Gourcy, s'accor<strong>de</strong>une réflexion sur la place <strong><strong>de</strong>s</strong> femmes dans lesaccords économiques, les raisons d'une imageessentiellement masculine <strong>de</strong> ce type <strong>de</strong>migration <strong>et</strong> les enjeux <strong>de</strong> c<strong>et</strong>te « présenceabsente » <strong><strong>de</strong>s</strong> femmes migrantes. A priori, lesreprésentations <strong><strong>de</strong>s</strong> migrations fémininesd'après-guerre vers la France sont fortementmarquées par les rapports <strong>de</strong> genre :l'homme, mobile <strong>et</strong> force <strong>de</strong> travail, lafemme, immobile <strong>et</strong> gardienne du foyer. Si lefacteur économique apparaît toujours enfiligrane dans ces trajectoires migrantes, lesfemmes dont parle l'auteure ont développé<strong><strong>de</strong>s</strong> itinéraires plus personnels marqués par<strong><strong>de</strong>s</strong> motivations plus abstraites <strong>et</strong> la volonté<strong>de</strong> s'extraire <strong><strong>de</strong>s</strong> cadres sociaux traditionnels.Aurélie Damamme reprend laquestion <strong>de</strong> la place <strong><strong>de</strong>s</strong> femmes dansl'espace public en la transposant dans leMaroc contemporain <strong>et</strong> sous l'angle <strong>de</strong>problématiques liées au développementrural. L'auteure présente les enjeux liés à lamobilité <strong>de</strong> femmes, elle insiste surl'émancipation <strong>et</strong> les recompositions socialesqui en résultent sans oublier <strong>de</strong> rappeler laréaction masculine face à ces changements.L'appartenance à une association, laparticipation à un proj<strong>et</strong> <strong>de</strong> développementperm<strong>et</strong>tent <strong>de</strong> justifier une mobilité quid'habitu<strong>de</strong> n'est pas autorisée aux femmes.L'accès <strong><strong>de</strong>s</strong> femmes à la mobilité témoigned'une évolution dans l'articulation <strong><strong>de</strong>s</strong>rapports <strong>de</strong> genre s'inscrivant dans uncontexte d'émergence <strong>de</strong> nouvelles réalitéssociales <strong>et</strong> législatives.Les liens entre mobilité <strong>et</strong>émancipation <strong>de</strong> la femme touchent d'autresaires géographiques. Depuis l'effondrementdu bloc soviétique, le commerce à la valises'est largement développé dans lesrépubliques d'Asie Centrale. En r<strong>et</strong>raçant lesparcours <strong><strong>de</strong>s</strong> commerçantes ouzbèques à la valise
n°6 <strong>2010</strong> 101en partance vers Istanbul, Luisa Piart interrogela place <strong>de</strong> la femme dans une société en pleinere-traditionalisation <strong>de</strong>puis l'indépendance (p. 65).Elle montre les savoirs faire relationnels queces commerçantes ont développé pour leurperm<strong>et</strong>tre <strong>de</strong> faciliter leur mobilité <strong>et</strong> <strong>de</strong>rentabiliser leur activité.Les femmes occupent également uneplace spécifique dans le renouvellement <strong><strong>de</strong>s</strong>mobilités commerciales en Afrique Centrale.Jean-Félix Yekoka <strong>et</strong> Henri YambeneBomono r<strong>et</strong>racent le contexte <strong>de</strong>l'émergence <strong><strong>de</strong>s</strong> circulations féminines entrele Congo <strong>et</strong> le Cameroun d'une part <strong>et</strong>Dubaï d'autre part. Tout comme pour lesfemmes ouzbèques, le commerce <strong><strong>de</strong>s</strong>Centrafricaines est majoritairement informel<strong>et</strong> les femmes mobilisent un importantcapital relationnel pour mener à bien leursentreprises <strong>de</strong> mobilité. Les circulations <strong><strong>de</strong>s</strong>femmes contribuent à bouleverser lesrapports sociaux traditionnels, au sein <strong><strong>de</strong>s</strong>familles, <strong><strong>de</strong>s</strong> communautés, <strong><strong>de</strong>s</strong> <strong>et</strong>hnies dufait <strong>de</strong> l'absence récurrente <strong><strong>de</strong>s</strong> femmes <strong>et</strong> <strong>de</strong>leur nouveau capital économique, témoin <strong>et</strong>instrument <strong>de</strong> l'autonomisation <strong>et</strong> <strong>de</strong>l'individualisation <strong>de</strong> celles-ci. Cependant, laplupart <strong>de</strong> ces femmes sont issues <strong>de</strong> milieuxprivilégiés déjà ouverts à l’émancipation <strong><strong>de</strong>s</strong>femmes.Abdoulkarim Sadou nous livre uneétu<strong>de</strong> <strong>de</strong> cas sur les femmes haoussascommerçantes d'une ville du nord duCameroun (Ngaoundéré). Il nous perm<strong>et</strong> <strong>de</strong>comprendre comment l'histoire a favorisél'émergence d'une classe particulière <strong>de</strong>commerçantes : les femmes haoussas,musulmanes, se rendaient rarement à l'écolecoloniale <strong>et</strong> le commerce est apparu commeune alternative à l'insertion dans la fonctionpublique. Au fil du temps, le commerce estpassé d'un commerce local à <strong><strong>de</strong>s</strong> mobilitéscommerciales internationales vers les autrespays d'Afrique Centrale <strong>et</strong> la péninsulearabique. L'autonomie acquise grâce auxrevenus issus du commerce <strong>et</strong>l'individualisation développée à travers lesvoyages ont permis à ces femmes <strong>de</strong> sedétacher <strong>de</strong> leurs traditionnels rôlesd'épouses <strong>et</strong> <strong>de</strong> mères. Les commerçanteshaoussas ill<strong>et</strong>trées <strong>de</strong> l'époque coloniale<strong>de</strong>viennent aujourd'hui <strong><strong>de</strong>s</strong> femmesd'affaires qui envoient leurs filles àl'université.Le développement <strong><strong>de</strong>s</strong> mobilitésféminines en Afrique est plus porteur <strong>de</strong>conséquences que dans les pays du Nord.En analysant le système <strong>de</strong> mobilité <strong><strong>de</strong>s</strong>femmes dans le commerce transnationalintra-africain, Caroline NgamcharaMboueboue réfléchit à la reconfiguration<strong><strong>de</strong>s</strong> rapports sociaux <strong>de</strong> genre au Cameroun.À travers l'exemple <strong><strong>de</strong>s</strong> « Nana-Benz » duNoun (Ouest-Cameroun), l'auteure r<strong>et</strong>race lecontexte d'émergence <strong><strong>de</strong>s</strong> mobilitéscommerciales mais surtout m<strong>et</strong> en valeurl'ambivalence <strong><strong>de</strong>s</strong> représentations suscitéespar ces femmes mobiles. Si le renversement<strong><strong>de</strong>s</strong> rôles sexués induit par la mobilité <strong><strong>de</strong>s</strong>femmes provoque un malaise dans lesménages, en revanche les nouveaux revenus<strong><strong>de</strong>s</strong> femmes contribuent à pallierefficacement la faiblesse <strong><strong>de</strong>s</strong> ressources <strong><strong>de</strong>s</strong>familles <strong>et</strong> participent également à laredéfinition <strong><strong>de</strong>s</strong> rapports <strong>de</strong> genre dans leurenvironnement immédiat (sœurs, cousines,femmes du village).En Mauritanie, certaines commerçantessont <strong>de</strong>venues <strong>de</strong> véritables businesswomen.Le contexte historique <strong>et</strong> social dupays donne à la femme une place particulière<strong>et</strong> ambiguë dans la société : elle est attachéeau foyer <strong>et</strong> à la fois jouit d'une liberté parfoistrès gran<strong>de</strong> <strong>de</strong> mouvement <strong>et</strong> d'activité.Après avoir évoqué les débuts historiques<strong><strong>de</strong>s</strong> mobilités commerciales au féminin enMauritanie, Céline Lesourd établit un<strong>et</strong>ypologie par zones géographiques : emboiterle pas, élargir les horizons (p.154). Comme dansplusieurs articles précé<strong>de</strong>nts, l'auteureévoque les spécificités féminines <strong><strong>de</strong>s</strong>compétences mises en œuvre dans lesmobilités commerciales. Plus que dansd'autres pays, ces mobilités suscitent ici non
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