10 n°6 <strong>2010</strong>récolte <strong><strong>de</strong>s</strong> pois <strong>et</strong> haricots, il sera permis auxnoma<strong><strong>de</strong>s</strong> <strong>de</strong> stationner sur le chemin dit <strong><strong>de</strong>s</strong> VingtArpents ou <strong>de</strong> la Justice <strong>et</strong> à Coincy lestationnement <strong>et</strong> le campement <strong><strong>de</strong>s</strong> noma<strong><strong>de</strong>s</strong> ne sontautorisés qu'au lieu-dit Le Fond <strong>de</strong> Sorel. La duréedu campement <strong>et</strong> du stationnement sur l'emplacementci-<strong><strong>de</strong>s</strong>sus désigné ne pourra dépasser <strong>de</strong>ux mois (août<strong>et</strong> septembre) pour la durée <strong><strong>de</strong>s</strong> travaux saisonniers.Economie locale oblige, comme aux Saintes-Maries-<strong>de</strong>-la-Mer d'où les Tsiganes sontexpulsés au len<strong>de</strong>main du pèlerinage. Dansl'Aisne encore, Chierry interdit lestationnement aux vagabonds, noma<strong><strong>de</strong>s</strong>,roulottiers <strong>et</strong> romanichels <strong>et</strong> le tolère pour lesforains justifiant <strong>de</strong> leur profession quoiqu' 'il estexpressément défendu aux personnes ci-<strong><strong>de</strong>s</strong>susindiquées <strong>de</strong> se faire accompagner par <strong><strong>de</strong>s</strong> enfants <strong>de</strong>moins <strong>de</strong> seize ans. Quant à Nogent l'Arthaud,le stationnement s'y réduit à une halte <strong>de</strong> douzeheures <strong>de</strong> jour ou d'une seule nuit si la <strong>de</strong>man<strong>de</strong>en a été faite aux heures d'ouverture <strong>de</strong> lamairie, qui est fermée aussi le samedi aprèsmidi<strong>et</strong> le dimanche 19 . A Pouzac (Haute-Pyrénées) le stationnement n'est autorisé que<strong>de</strong> nuit au bord d'une route. Par un arrêté du23 mai 1971, le maire <strong>de</strong> Fauverney (Côted'Or)a limité le stationnement à vingt quatreheures, moyennant une re<strong>de</strong>vance <strong>de</strong> trentefrancs à verser à l'arrivée. Le séjour peut seprolonger, mais la re<strong>de</strong>vance doit être verséeà nouveau. A Bayonne, par arrêté du 13septembre 1972, seul le lieu-dit Chemin <strong>de</strong>l'Estanqu<strong>et</strong>, qui peut contenir au maximum<strong>de</strong>ux caravanes, est autorisé pour le séjour<strong><strong>de</strong>s</strong> noma<strong><strong>de</strong>s</strong>.Tous ces actes perm<strong>et</strong>tent <strong>de</strong>conserver une faça<strong>de</strong> d'humanisme. On n'estplus au temps où, comme dans l'Allemagnedu 18e siècle ou aux Pays-Bas, <strong><strong>de</strong>s</strong>épouvantails à Tsiganes qui figuraient unTsigane fustigé ou pendu se trouvaient àl'entrée d'une agglomération. Le panneaulaqué a remplacé la pancarte <strong>de</strong> bois,l'écriture la peinture naïve, <strong>et</strong> l'amen<strong>de</strong>dissuasive le châtiment corporel.19 Les exemples pour le département <strong>de</strong> l'Aisnefigurent dans Mon<strong>de</strong> gitan, n° 35, 1975.Le rej<strong>et</strong> indirect perm<strong>et</strong> <strong>de</strong> gar<strong>de</strong>rbonne conscience, <strong>et</strong> rend l'actioncompatible avec l'option d'assimilation <strong><strong>de</strong>s</strong>pouvoirs publics. La nuance feutrée dudiscours administratif laisse place, au niveau<strong><strong>de</strong>s</strong> autorités locales, à l'exploitationgrossière du jeu <strong>de</strong> mots qui perm<strong>et</strong>d'interpréter pour abuser. L'art <strong>de</strong> la nuance<strong>de</strong>vient manigance. Il est facile à celle-cid'utiliser celui-là : la subtilité <strong><strong>de</strong>s</strong> textesréglementaires ouvre la voie à l'ambiguïtépermissive.Les affaires <strong>de</strong> rej<strong>et</strong>Ce n'est pas sa violence ou sa dur<strong>et</strong>équi rend le rej<strong>et</strong> ou l'abus excessif ouconsidéré comme tel, mais sa visibilité.Quand les moyens <strong>de</strong> communication <strong>de</strong>masse <strong>et</strong> par eux l'opinion régionale ounationale <strong>de</strong>viennent sensibles auxagissements <strong><strong>de</strong>s</strong> autorités ou <strong><strong>de</strong>s</strong> populationslocales, le rej<strong>et</strong> quasi routinier se transformeen « affaire ». C'est ainsi qu'à Bron dans leRhône <strong><strong>de</strong>s</strong> comités <strong>de</strong> défense refusentl'implantation d'un terrain <strong>de</strong> stationnementpour les noma<strong><strong>de</strong>s</strong> <strong>et</strong> dénoncent la position<strong><strong>de</strong>s</strong> élus 20 . A la même époque les habitantsdu quartier <strong>de</strong> Longpré (Amiens) publientun communiqué dans Le Courrier picard, pourque les noma<strong><strong>de</strong>s</strong> s'éloignent: Quand donc lesautorités responsables comprendront-elles que leshonnêtes gens, lassés d'assister à l'impunité ou aulaisser-aller qui semblent caractériser notre époque,pourraient passer à l'action directe ou collective ? Aforce <strong>de</strong> songer à se défendre, ils seraient aussicapables <strong>de</strong> prendre <strong><strong>de</strong>s</strong> risques <strong>et</strong>, à leur tourdéclencher <strong><strong>de</strong>s</strong> représailles faisant leur c<strong>et</strong> adage quidit que la meilleure défense est encore l'attaque. AToulouse, lorsqu'il s'est agi en 1973 <strong>de</strong> logerdans <strong>de</strong> nouveaux bâtiments quelquesfamilles du bidonville du Ginestous une« association <strong>de</strong> sauvegar<strong>de</strong> <strong><strong>de</strong>s</strong> intérêts <strong>de</strong>Saint-Martin-<strong>de</strong>-Touch » a regroupé lesfuturs voisins <strong>et</strong> l'affaire, qui traîna presque<strong>de</strong>ux ans, s'est terminée <strong>de</strong>vant le Conseild'État. Dans d'autres pays, les exemples sonti<strong>de</strong>ntiques.20 Le Journal Quotidien Rhône-Alpes, 11 janvier 1979.
n°6 <strong>2010</strong> 11En 1971, à Dung, dans le Doubs, unefamille tsigane qui <strong>de</strong>man<strong>de</strong> à être logée enH.L.M. est repoussée <strong>et</strong> on déclare qu' il estimpossible <strong>de</strong> loger <strong><strong>de</strong>s</strong> Gitans au milieu <strong>de</strong> lapopulation. Le maire explique que ce ne sontpeut-être pas <strong>de</strong> mauvaises gens, mais personne n'enveut ici. A Helfranzkirch (Haut-Rhin), lacommune refuse en 1968 l'installation d'unefamille <strong>de</strong> dix enfants. Le maire écrit ausous-préf<strong>et</strong> <strong>de</strong> Mulhouse : Le conseil municipald'Helfranzkirch se <strong>de</strong>man<strong>de</strong> quelle responsabilité M.le sous-préf<strong>et</strong> veut imposer à la commune. Implanterc<strong>et</strong>te famille <strong>de</strong> Gitans dans la commune, soit encédant une parcelle <strong>de</strong> terrain, soit en lui offrant unlogement équivaudrait à attirer d'autres noma<strong><strong>de</strong>s</strong>encore. En eff<strong>et</strong>, <strong>de</strong>puis le début <strong>de</strong> l'automne, <strong>de</strong>uxautres familles <strong>de</strong> Gitans, parents <strong>de</strong> la familleReinhardt, se sont incrustés dans le ban. Le mairedéclare au journal local que si la souspréfecturel'oblige à conserver c<strong>et</strong>te famille,le conseil municipal démissionneracollectivement 21 <strong>et</strong> après intervention dupréf<strong>et</strong>, il répond en mars que la municipalitémaintiendra sa position, estimant que l'on ne peutimposer à la commune une famille appartenant à ungroupe social itinérant. Le maire avait quelquesannées avant, en faisant atteler un tracteur àune roulotte, conduit la famille Reinhardthors <strong>de</strong> la commune sur un terrain froid <strong>et</strong>malsain, à un kilomètre cinq cents d'un pointd'eau <strong>et</strong> à quatre kilomètres <strong>de</strong> l'école 22 .A Schalkendorf (Bas-Rhin), la famill<strong>et</strong>sigane Weiss avait ach<strong>et</strong>é une ancienneferme. Mais dès l'installation <strong>de</strong> la famille,l'hostilité se manifeste <strong>et</strong> la population serévolte. Les commerçants refusent <strong>de</strong> vendre<strong>et</strong> les parents r<strong>et</strong>irent leurs enfants <strong>de</strong> l'écolequand les cinq enfants Weiss s'y ren<strong>de</strong>nt. Leconseil municipal prend alors un arrêtéd'expulsion puis, s'apercevant <strong>de</strong> son erreur,le fait reprendre par le gar<strong>de</strong>-champêtre,escorté <strong>de</strong> villageois armés <strong>de</strong> fourches. Leconseil déci<strong>de</strong> alors <strong>de</strong> rach<strong>et</strong>er la maison auprix fort, chose impossible parce que ladélibération ne serait sans doute pasapprouvée par la Préfecture, étant données21 L'Alsace, 27 janvier 1968.22 Rapporté par Maurice Colinon, Des inconnus parminous, les Gitans - S.P.E.S., 1968, p. 93.les raisons <strong>de</strong> l'achat. Il est alors décidé <strong>de</strong>passer par un organisme pour procé<strong>de</strong>r aurachat <strong>de</strong> la maison, quelques jours plus tard,plus <strong>de</strong> trois fois le prix <strong>de</strong> l'acquisition.Devant l'hostilité <strong><strong>de</strong>s</strong> voisins, la familleaccepte la somme 23 . A Kaltenhouse (Bas-Rhin) une autre affaire a, en 1970, <strong>de</strong>nombreux échos dans la presse 24 .En novembre 1980 un cas similaire seproduit, encore dans le Bas-Rhin, àMertzwiller. Les familles tsiganes refusentd'envoyer plus longtemps leurs enfants àl'école tant que la municipalité refuseral'autorisation d'installer un bâtiment à usagesanitaire sur leur terrain, où les ordures nesont même pas ramassées. Les ratsprolifèrent <strong>et</strong> un tour <strong>de</strong> gar<strong>de</strong> doit êtreorganisé la nuit, quand il fait froid, pouréviter leur invasion. L'unique robin<strong>et</strong> d'eaugèle. Les Tsiganes réagissent : nous ne pouvonsmême plus laver nos enfants, <strong>et</strong> après on nous ditqu'ils puent. Mais l'adjoint au maire chargé <strong><strong>de</strong>s</strong>affaires sociales refuse le permis <strong>de</strong>construire <strong><strong>de</strong>s</strong> sanitaires à ces Tsiganes dontla croissance rapi<strong>de</strong> risque <strong>de</strong> déformer le visage <strong>de</strong>Mertzwiller dans un proche avenir 25 .Dans le Bas-Rhin encore, à Hoerdt,commune <strong>de</strong> 3 200 habitants près <strong>de</strong>Strasbourg, en 1974 la famille Weiss,installée <strong>de</strong>puis une quinzaine d'années àl'écart du pays, a quitté son habitationprécipitamment : l'un <strong><strong>de</strong>s</strong> fils s'est rendu23 Le Progrès-Soir, 17 octobre 1961 <strong>et</strong> autres journaux.24 Le Figaro, 29 octobre, Les Dernières Nouvelles d'Alsace,29 octobre, Le Mon<strong>de</strong>, 31 octobre, Le Figaro, 2novembre, Les Dernières Nouvelles d'Alsace, 5novembre, Le Figaro, 9 novembre, Le Canard Enchaîné,11 novembre, Lutte Ouvrière, 10 novembre, Pilote, 19novembre, Hara-Kiri, 19 novembre, <strong>et</strong>c., <strong>et</strong> <strong><strong>de</strong>s</strong>émissions télévisées.25 Dépêche <strong>de</strong> l'AFP, 22 novembre 1980, PhilippeBodio. En août 1981, le conseil municipaldémissionne pour s'opposer au maintien <strong><strong>de</strong>s</strong> classeswagonsfournies pour le relogement <strong><strong>de</strong>s</strong> Tsiganes parune association locale qui prend leur défense. En juin1981, le maire <strong>de</strong> Labégu<strong>de</strong>, près <strong>de</strong> Privas,démissionne à cause <strong><strong>de</strong>s</strong> problèmes <strong>de</strong> stationnement<strong><strong>de</strong>s</strong> noma<strong><strong>de</strong>s</strong>. En juin 1980, le conseil municipal duVivier-sur-Mer (Ille-<strong>et</strong>-Vilaine), démissionne parceque le sous-préf<strong>et</strong> refuse <strong>de</strong> faire évacuer <strong><strong>de</strong>s</strong>noma<strong><strong>de</strong>s</strong>.
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