28 n°6 <strong>2010</strong>raisonnable. Toute personne concernée doitavoir la possibilité <strong>de</strong> s’adresser à un tribunalpour faire examiner, avant leur exécution, lalégalité <strong><strong>de</strong>s</strong> expulsions prévues. C<strong>et</strong>tepossibilité implique à la fois l’existence <strong>de</strong>recours juridiques <strong>et</strong> d’un accès à uneassistance judiciaire. Des alternatives àl’expulsion doivent être recherchées dans lecadre d’une consultation authentique avec lespersonnes concernées. Par ailleurs, unein<strong>de</strong>mnisation <strong>et</strong> un relogement adéquatdoivent être proposés en cas d’expulsion forcée.Les normes ci-<strong><strong>de</strong>s</strong>sus s’appliquent aussi auxautorités locales. Le fait que les décisionsinjustifiées soient parfois prises au niveaulocal n’exempte pas les gouvernementscentraux <strong><strong>de</strong>s</strong> responsabilités découlant <strong>de</strong>leurs obligations internationales. Les Étatsdoivent superviser <strong>et</strong> le cas échéant réglementerl’action <strong><strong>de</strong>s</strong> autorités locales.Les mécanismes <strong>de</strong> contrôle <strong>de</strong> la Chartesociale européenne ont déjà i<strong>de</strong>ntifié plusieurspays qui n’ont pas respecté leurs obligationsinternationales en matière <strong>de</strong> droit aulogement pour les Roms. Par ailleurs, laCour européenne <strong><strong>de</strong>s</strong> droits <strong>de</strong> l’Homme ajugé que les conditions <strong>de</strong> logement médiocrespouvaient, dans certains cas, être considéréescomme <strong><strong>de</strong>s</strong> violations <strong>de</strong> l’interdiction <strong>de</strong> latorture <strong>et</strong> <strong><strong>de</strong>s</strong> traitements inhumains <strong>et</strong>dégradants contenue dans la Conventioneuropéenne. Le Comité <strong><strong>de</strong>s</strong> Nations uniescontre la torture a adopté une positionsimilaire.Les autorités nationales, régionales <strong>et</strong> localesdoivent prendre <strong><strong>de</strong>s</strong> mesures dès maintenant.Dans une recommandation en date <strong>de</strong> 2005,le Comité <strong><strong>de</strong>s</strong> Ministres du Conseil <strong>de</strong>l’Europe a donné à tous les États membres<strong><strong>de</strong>s</strong> directives claires sur l’amélioration <strong><strong>de</strong>s</strong>conditions <strong>de</strong> logement pour les Roms. Plutôtque d’expulser <strong><strong>de</strong>s</strong> familles roms, il convient<strong>de</strong> respecter leur droit à un logementconvenable. A c<strong>et</strong>te fin, il est indispensablequ’une réelle consultation soit organisée avecles Roms eux-mêmes.On constate donc qu'on reste aux« rej<strong>et</strong>s éternels ». Avec <strong>de</strong> plus uneévolution paradoxale : alors que tout étaitfait, dans la secon<strong>de</strong> moitié du 20 ème siècle,pour sé<strong>de</strong>ntariser les noma<strong><strong>de</strong>s</strong>, au début du21 ème tout est fait pour que le nomadisme sedéveloppe 75 . Le nomadisme, pour les Roms,au cours <strong><strong>de</strong>s</strong> siècles, a été une adaptation à<strong><strong>de</strong>s</strong> conditions d'existence changeantes <strong>et</strong>difficiles. Aujourd'hui, plus que jamais peutêtre,il est réactif plus que proactif, <strong>et</strong> répondau rej<strong>et</strong>, à <strong><strong>de</strong>s</strong> expulsions, à <strong><strong>de</strong>s</strong> <strong><strong>de</strong>s</strong>tructions<strong>de</strong> logements, à <strong><strong>de</strong>s</strong> menaces parfois mises àexécution (Kosovo par exemple), à uneimpossibilité d'accès à <strong><strong>de</strong>s</strong> ressourceséconomiques, <strong>et</strong>c. Dans tous ces cas le Romest contraint d'aller voir ailleurs si l'accueilest meilleur. On le rend ensuite responsable<strong>de</strong> la situation dont il est victime.Jean-Pierre LiégeoisSociologueUniversité Paris 5 - SorbonneJean-Pierre.Liégeois@paris5.sorbonne.fr75 Pour un développement <strong>et</strong> une contextualisationvoir Roms en Europe, <strong>et</strong> Roms <strong>et</strong> Tsiganes, op. cit.
n°6 <strong>2010</strong> 29Se dire Manouche, Rom, Gitan ?Processus d’i<strong>de</strong>ntification <strong><strong>de</strong>s</strong> populations Rroms :au-<strong>de</strong>là <strong><strong>de</strong>s</strong> pratiques spatialesCéline Bergeon & Marion SalinGitan, Manouche, c’estcomme vous voulez. Vouspouvez aussi m’appelerBohémien, comme y’en a qui dise.Ce que je sais c’est que si vous mem<strong>et</strong>tez dans une maison : je crève.Alors vous voyez.(Sarah, rencontrée en Seine SaintDenis, le 17/02/<strong>2010</strong>)La rencontre avec les groupes Rromsne peut laisser les chercheurs indifférents,tant elle pose avec acuité la question <strong>de</strong>l’i<strong>de</strong>ntité. « Qui sont-ils ? » se <strong>de</strong>man<strong>de</strong>-t-on.Gens du voyage <strong>et</strong> Roms pour les politiquespubliques 1 , Gitan, Manouche, c’est comme vousvoulez pour Sarah. Tsiganes, Roms (avec unou <strong>de</strong>ux « r » ?), Bohémiens, Gitans,Manouches, Voyageurs, noma<strong><strong>de</strong>s</strong>. Autant <strong>de</strong>noms pour définir <strong><strong>de</strong>s</strong> réalités qui sedistinguent <strong>et</strong> s’entrecroisent sans cesse.Comment trouver le mot juste pour désigner<strong><strong>de</strong>s</strong> personnes sans porter atteinte à l’i<strong>de</strong>ntitéqu’elles vivent <strong>et</strong> défen<strong>de</strong>nt, sans figer unei<strong>de</strong>ntité dans une catégorie incapable <strong>de</strong>rendre compte <strong>de</strong> la complexité <strong><strong>de</strong>s</strong>processus i<strong>de</strong>ntitaires ? La question se poseaux sociologues, aux <strong>et</strong>hnographes, auxgéographes confrontés au problème <strong>de</strong>l’altérité. Dans le cas <strong>de</strong> Rroms, elle estd’autant plus prégnante que les termes <strong>de</strong>définition sont flous <strong>et</strong> renvoient à <strong><strong>de</strong>s</strong>contenus différents. À plusieurs reprises,nous avons été confrontées sur nos terrainsà <strong><strong>de</strong>s</strong> attitu<strong><strong>de</strong>s</strong> contradictoires : alors quecertaines personnes revendiquent uneappartenance au groupe Rrom quirassemblerait Gitans, Manouches, <strong>et</strong> Roms,d’autres affirment avec véhémence qu’ellesn’ont rien à voir les unes avec les autres.D’autres fois encore, la valorisation d’unmo<strong>de</strong> <strong>de</strong> vie ou d’un habitat prévaut sur larevendication d’un groupe d’appartenance.La question <strong><strong>de</strong>s</strong> catégories se pose d’autantplus que la gestion <strong>de</strong> ces populations -considérées comme problématiques -1 La distinction entre les Gens du voyage <strong>et</strong> les Romsa été exprimée par le rapport au premier ministre faitpar Pierre Hérisson, concernant « le stationnement<strong><strong>de</strong>s</strong> Gens du Voyage ». En eff<strong>et</strong>, la commission nationaleconsultative <strong><strong>de</strong>s</strong> gens du voyage a précisé, dans sa séance du 16octobre 2007, que les roms ne sauraient être assimilés aux gensdu voyage (Rapport Hérisson, 2007).
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