12.07.2015 Views

e-migrinter 2010 numéro 06 - Maison des Sciences de l'Homme et ...

e-migrinter 2010 numéro 06 - Maison des Sciences de l'Homme et ...

e-migrinter 2010 numéro 06 - Maison des Sciences de l'Homme et ...

SHOW MORE
SHOW LESS
  • No tags were found...

Create successful ePaper yourself

Turn your PDF publications into a flip-book with our unique Google optimized e-Paper software.

96 n°6 <strong>2010</strong>si les réfugiés sont bien acceptés par lespopulations, leur présence ne manque pas <strong><strong>de</strong>s</strong>oulever quelques interrogations. Leurexclusion dans certains domaines d’activitéséconomiques (exploitation du vin <strong>de</strong> palme)<strong>et</strong> les noms par lesquels ils sont désignés(« herbe Sassou ») perm<strong>et</strong>tent <strong>de</strong> lire leslimites <strong>de</strong> leur acceptation par lespopulations locales à Lébamba.Les analyses conduites perm<strong>et</strong>tent <strong>de</strong>montrer que la localisation géographique <strong><strong>de</strong>s</strong><strong>et</strong>hnies <strong><strong>de</strong>s</strong> <strong>de</strong>ux côtés <strong>de</strong> la frontière <strong>et</strong> levoisinage <strong>de</strong> la ville frontalière refuge <strong>de</strong>Lébamba engendrent la mise en place <strong><strong>de</strong>s</strong>tratégies d’insertion particulière par lesréfugiés <strong>et</strong> même par les populationsgénérales qui vivent dans ces espacesfrontaliers. La réalité <strong>de</strong> la frontière africaine,héritage <strong>de</strong> la colonisation, n’ayant pasdétruit les liens inter-<strong>et</strong>hniques précoloniauxfait que contre l’État-nation, lespopulations transfrontalières <strong>et</strong> donc lesréfugiés installés dans les zones frontalièresimposent leurs règles <strong>de</strong> vie en contournantles lois étatiques. Les postes frontières sont<strong>de</strong> ce fait perçus parfois par ces populationscomme <strong><strong>de</strong>s</strong> espaces <strong>de</strong> privation <strong>de</strong> liberté.L’étu<strong>de</strong> <strong><strong>de</strong>s</strong> réfugiés congolais installés auGabon en général, <strong>et</strong> à Lébamba enparticulier montre, à travers la circulationtransfrontalière, que les frontières africainesne sont pas seulement <strong><strong>de</strong>s</strong> lignes <strong><strong>de</strong>s</strong>éparation <strong>et</strong> <strong>de</strong> discontinuité administrative,mais sont aussi <strong><strong>de</strong>s</strong> espaces à vocation <strong>de</strong>continuité culturelle, <strong>de</strong> réunification <strong><strong>de</strong>s</strong>peuples qu’elles avaient divisés <strong>et</strong> <strong>de</strong>redynamisation <strong>de</strong> ces zones grâce auxdifférents échanges à travers les activitéscommerciales notamment.Ces activités commerciales ai<strong>de</strong>ntégalement à comprendre que l’utilisation parles réfugiés congolais <strong><strong>de</strong>s</strong> <strong>de</strong>ux territoireslimités par la frontière étatique montre que lafuite, à l’origine contrainte, se transforme enune sorte <strong>de</strong> migration économique. C<strong>et</strong>tesituation peut être cernée également à traversles déplacements <strong><strong>de</strong>s</strong> réfugiés congolais entreles villes gabonaises dans la mesure où onconstate qu’environ 8 ans après leur arrivéeau Gabon, les villes <strong>de</strong> premières arrivéesdans lesquelles ils sont restés sont les villesayant une activité économique développée(Moanda, Franceville, Mouila, Lébamba) <strong>et</strong>qu’on les r<strong>et</strong>rouve aussi dans les villes nonfrontalières au Congo mais dans lesquellesl’activité économique est très développée(Libreville, Port-Gentil, Gamba).Les allers <strong>et</strong> r<strong>et</strong>ours qu’effectuent lesréfugiés congolais leur perm<strong>et</strong>tent également<strong>de</strong> mieux « accepter » leur situation <strong>de</strong>refuge. Le mouvement transfrontalier <strong><strong>de</strong>s</strong>réfugiés, tout en rem<strong>et</strong>tant en cause lafrontière nationale, leur perm<strong>et</strong> <strong>de</strong> mieuxs’insérer dans une localité étrangère. C’est unmoyen <strong>de</strong> mieux s’ancrer dans la durée surleur lieu d’accueil. C<strong>et</strong>te volonté rencontre lavolonté <strong><strong>de</strong>s</strong> autorités municipales quisouhaitent faire <strong>de</strong> Lébamba « une zonepilote pour l’intégration locale <strong><strong>de</strong>s</strong> réfugiés ».A la frontière s’ajoute la dimension<strong>et</strong>hnique qui fait que les réfugiés <strong>et</strong> plusglobalement les populations ont encore <strong><strong>de</strong>s</strong>difficultés à établir une distinction entre leurappartenance citoyenne <strong>et</strong> celle <strong>et</strong>hnique.Les perceptions contrastées <strong><strong>de</strong>s</strong> réfugiéscongolais par les autorités <strong>et</strong> par lespopulations l’illustrent. Pour les autorités, ilexiste <strong><strong>de</strong>s</strong> réfugiés sur le territoire gabonaisalors que pour les populations, il existe toutsimplement <strong><strong>de</strong>s</strong> Congolais ou <strong><strong>de</strong>s</strong> Nzèbis.Les enquêtes <strong>de</strong> terrain perm<strong>et</strong>tent <strong>de</strong> voirque l’i<strong>de</strong>ntité <strong>de</strong> réfugiés ou <strong>de</strong> Congolais estparfois récusée par certains habitants <strong>de</strong>Lébamba pour qui ces personnes ne sontque <strong><strong>de</strong>s</strong> Nzèbis.Cependant, les analyses conduites dansc<strong>et</strong>te thèse montrent que l’accueil <strong><strong>de</strong>s</strong>réfugiés congolais a mis en lumière lacomplexité <strong><strong>de</strong>s</strong> rapports politico-<strong>et</strong>hniques<strong>et</strong> familiaux <strong><strong>de</strong>s</strong> dirigeants politiquesgabonais <strong>et</strong> congolais. En eff<strong>et</strong>, au somm<strong>et</strong><strong>de</strong> l’État gabonais, <strong>de</strong>ux camps se sontopposés au suj<strong>et</strong> <strong>de</strong> la guerre <strong>de</strong> 1997 auCongo. Il y a le camp pro-Sassou représentépar sa fille Edith Lucie Bongo, dont

Hooray! Your file is uploaded and ready to be published.

Saved successfully!

Ooh no, something went wrong!