78 n°6 <strong>2010</strong>municipales, préfectorales, <strong>de</strong> sécurité. Eneff<strong>et</strong>, les pasteurs sont formés aujourd'hui àorganiser ces rassemblements, <strong>et</strong> à négocieravec les autorités locales. Ils ont aussi uneorganisation interne remarquable. Lors <strong>de</strong>ces conventions règne une gran<strong>de</strong> discipline.Ces conventions se composent <strong>de</strong> séances<strong>de</strong> prédication, <strong>de</strong> chants, <strong>de</strong> prières, <strong>de</strong>témoignages <strong>de</strong> foi <strong>et</strong> <strong>de</strong> quête, elles sonttrès ouvertes, invitent <strong>et</strong> accueillent trèsfacilement <strong><strong>de</strong>s</strong> personnes extérieures.Outre l’intérêt religieux proprementdit, ces manifestations ont plusieurs intérêtspour les familles tsiganes qui y participent.Dans un premier temps, elles favorisent laconcentration occasionnelle <strong>de</strong> la parenté,<strong><strong>de</strong>s</strong> r<strong>et</strong>rouvailles <strong>et</strong> perm<strong>et</strong>tent la rencontreentre jeunes gens. Par ailleurs, ellesreprésentent un marché économiqueimportant. En eff<strong>et</strong> leur durée étant <strong>de</strong>quelques jours à 2-3 semaines, les famillesdoivent continuer à travailler durant c<strong>et</strong>tepério<strong>de</strong>. Ces rassemblements sont alors <strong>de</strong>fabuleux marchés, <strong><strong>de</strong>s</strong> lieux <strong>de</strong> rencontres,d’échanges, d’entente, d’accords. Lesconventions sont marquées par un coté trèsmercantile. Ainsi <strong>de</strong> nouvelles dynamiqueséconomiques peuvent émerger, avec <strong>de</strong>nouveaux circuits, la rencontre <strong>de</strong> nouvellespersonnes.L’organisation <strong><strong>de</strong>s</strong> conventions se faitautour <strong>de</strong> la rencontre du temps sacré <strong>et</strong> dutemps profane. Les cultes ont lieuprincipalement le matin <strong>et</strong> le soir, entr<strong>et</strong>emps les familles vaquent à leursoccupations quotidiennes. Les famillesarrivent généralement avant la conventionproprement dite <strong>et</strong> prospectent les alentours.Puis c’est le temps <strong>de</strong> la mise en place dulieu. Enfin, les familles se dispersentrapi<strong>de</strong>ment après la convention (Loizeau,2000).Ce phénomène est une source <strong>de</strong>remobilisation autour du voyage. Lesconventions <strong>de</strong>viennent un moyen <strong>de</strong>reprendre le voyage, notamment pour <strong><strong>de</strong>s</strong>familles ayant arrêté par crainte <strong><strong>de</strong>s</strong>représailles, <strong>et</strong> pour celles qui n'avaient pasassez <strong>de</strong> moyens pour affronter lesdifficultés. En eff<strong>et</strong>, faire partir jusqu'à millecaravanes est très difficile. Par <strong><strong>de</strong>s</strong>négociations entre les pasteurs <strong>et</strong> lesautorités, les tsiganes peuvent en généralstationner sans trop <strong>de</strong> problèmes. Denombreuses familles ont compris que suivreles conventions perm<strong>et</strong>tait <strong>de</strong> limiter <strong>de</strong>manière considérable les expulsions. Ceserait alors une solution tout à fait adaptéeque les tsiganes ont trouvé pour stationnersans problème durant une à <strong>de</strong>ux semaines.D'autant plus que l'on r<strong>et</strong>rouve cesconventions partout en France. Il estimportant <strong>de</strong> préciser toutefois, que si lesconventions sont un « alibi à la mobilité 1 »<strong>et</strong> sont ouvertes à tous, ce système profitesurtout aux familles qui ont <strong><strong>de</strong>s</strong> revenussuffisants pour prendre la route. Ainsi, lapratique <strong>de</strong> la mobilité serait-elle liée à unequelconque idée d'ascension sociale.Le stationnement : lois sur les grandsrassemblementsCes rassemblements amènent àprendre en compte certaines notionscorollaires telles la scolarisation, la santé oule logement. Il est important d’analyser lesmodalités d’accueil <strong>et</strong> <strong>de</strong> stationnement pources familles en déplacement lors <strong><strong>de</strong>s</strong>conventions. En eff<strong>et</strong>, la régularité <strong><strong>de</strong>s</strong>grands rassemblements pentecôtistes,particulièrement en pério<strong>de</strong> estivale, appelle<strong><strong>de</strong>s</strong> réponses spécifiques en termes <strong>de</strong> lieuxd’accueil. L’importance <strong>de</strong> ces rassemblementsne perm<strong>et</strong> pas aux famillesd’utiliser les aires d’accueil <strong>de</strong> taille tropmo<strong><strong>de</strong>s</strong>te.Pour travailler c<strong>et</strong>te question <strong>de</strong>l’accueil <strong><strong>de</strong>s</strong> rassemblements il faut sepencher sur la loi Besson, loi qui impose une1 Céline Bergeon : Rroms <strong>et</strong> Voyageurs : pratiquescirculatoires <strong>et</strong> attaches territoriales au miroir <strong><strong>de</strong>s</strong> politiquespubliques <strong>de</strong> stationnement <strong>et</strong> <strong>de</strong> circulation : l’exemple <strong><strong>de</strong>s</strong>Rroms du Poitou-Charentes (France) <strong>et</strong> <strong>de</strong> la région Wallonne(Belgique). Thèse <strong>de</strong> Doctorat en cours.
n°6 <strong>2010</strong> 79visibilité <strong><strong>de</strong>s</strong> populations tsiganes. Unepremière loi Besson du 31 mai 1990 visealors à m<strong>et</strong>tre en œuvre un droit aulogement pour tous. Dans c<strong>et</strong> objectif,l’article 28 <strong>de</strong> la loi du 31 mai 1990 estconsacré aux gens du voyage. Il précise qu<strong>et</strong>oute commune <strong>de</strong> plus <strong>de</strong> 5000 habitants prévoit lesconditions <strong>de</strong> passage <strong>et</strong> <strong>de</strong> séjour <strong><strong>de</strong>s</strong> gens du voyagesur son territoire, par la réservation <strong>de</strong> terrainsaménagés à c<strong>et</strong> eff<strong>et</strong>. Dès la réalisation <strong>de</strong> l’aired’accueil définie à l’alinéa ci-<strong><strong>de</strong>s</strong>sus, le maire ou lesmaires <strong><strong>de</strong>s</strong> communes qui se sont groupés pour laréalisation pourront, par arrêté, interdire lestationnement <strong><strong>de</strong>s</strong> gens du voyage sur le reste duterritoire communal. Devant la quasi-absenced’application <strong>de</strong> c<strong>et</strong>te loi (notamment àcause du manque d’échéances <strong>et</strong> <strong><strong>de</strong>s</strong>anctions), la secon<strong>de</strong> loi Besson, loi du 5Juill<strong>et</strong> 2000 porte spécifiquement surl’accueil <strong>et</strong> l’habitat <strong><strong>de</strong>s</strong> « gens du voyage »,population alors présentée, sans aucuneréférence à un niveau <strong>de</strong> vie commepopulation défavorisée. Elle modifie ledispositif prévu dans l’article 28 <strong>de</strong> lapremière loi Besson du 31 mai 1990. Ledouble objectif avoué <strong>de</strong> c<strong>et</strong>te nouvelle loiBesson est d’une part <strong>de</strong> répondre àl’aspiration <strong><strong>de</strong>s</strong> « gens du voyage » à pouvoirstationner dans <strong><strong>de</strong>s</strong> conditions satisfaisantes,<strong>et</strong> d’autre part d’offrir aux élus locaux <strong><strong>de</strong>s</strong>moyens à l’encontre <strong><strong>de</strong>s</strong> installations illicites.Le schéma départemental est l’outilmis en place pour décrire le dispositifd’accueil <strong><strong>de</strong>s</strong> « gens du voyage », il en est enquelque sorte le pivot. Il détermine entreautres les communes concernées. Cedocument est le bilan <strong>de</strong> l’analyse <strong><strong>de</strong>s</strong>besoins par départements. La création <strong>de</strong> lacommission consultative <strong><strong>de</strong>s</strong> « gens duvoyage » perm<strong>et</strong> le suivi du schémadépartemental <strong>et</strong> sa mise en œuvre. Lacommission est composée <strong>de</strong> représentants<strong>de</strong> l’Etat, du Conseil Général, <strong>de</strong> la CAF,d’élus, <strong>et</strong> d’associations. Le schéma est révisétous les 6 ans, prévoit le maillage duterritoire en aires d’accueil <strong>et</strong> ladétermination <strong><strong>de</strong>s</strong> emplacements désignéspour les grands rassemblements.Ce qui nous intéresse dans le cadre <strong>de</strong>c<strong>et</strong>te étu<strong>de</strong> est la question <strong><strong>de</strong>s</strong> aires <strong>de</strong>grands passages <strong>et</strong> les aires <strong>de</strong> grandsrassemblements, aires inscrites égalementdans les schémas départementaux. Les aires<strong>de</strong> grands passages se définissent comme <strong><strong>de</strong>s</strong>terrains visant à accueillir <strong>de</strong> façondiscontinue, sur <strong>de</strong> courtes durées (moins <strong>de</strong>15 jours), <strong>et</strong> à <strong><strong>de</strong>s</strong> pério<strong><strong>de</strong>s</strong> i<strong>de</strong>ntifiées <strong>de</strong>grands groupes (<strong>de</strong> 50 à 200 caravanes), quiviennent <strong>de</strong> façon organisée sur <strong><strong>de</strong>s</strong> lieux <strong>de</strong>passage connus <strong>et</strong> récurrents. Ces aires sontutilisées comme étapes par <strong><strong>de</strong>s</strong> clansfamiliaux larges sur la route <strong><strong>de</strong>s</strong>rassemblements religieux, rassemblant unnombre bien supérieur <strong>de</strong> caravanes. Quantaux aires <strong>de</strong> grands rassemblements, elles sedoivent d’être beaucoup plus vastes.L’article 1 er -II-alinéa 3 <strong>de</strong> la loi du 5Juill<strong>et</strong> 2000 stipule que le schéma départementaldétermine les emplacements susceptibles d’être occupéstemporairement à l’occasion <strong>de</strong> rassemblementstraditionnels ou occasionnels <strong>et</strong> définit les conditionsdans lesquelles l’Etat intervient pour assurer le bondéroulement <strong>de</strong> ces rassemblements. Les aires <strong>de</strong>grands passages sont en principe d’unecapacité suffisante pour 200 caravanes. Cesaires ne peuvent être utilisées par lespopulations tsiganes que sur <strong>de</strong> courtespério<strong><strong>de</strong>s</strong> <strong>de</strong> quelques jours à quelquessemaines. Ces aires ne nécessitent pasd’aménagement ou <strong>de</strong> construction justifiantun permis <strong>de</strong> construire. Elles peuvent doncêtre situées hors <strong><strong>de</strong>s</strong> zones urbanisées <strong>et</strong>constructibles <strong><strong>de</strong>s</strong> plans locaux d’urbanisme.Il peut par exemple s’agir d’espaces naturels(champs, prés). Les familles tsiganesinterrogées à Toulouse évoquent l’envie d’unterrain le moins bétonné possible, ombragé<strong>et</strong> suffisamment vaste pour pouvoir disposerles caravanes à leur convenance <strong>et</strong> y installerun chapiteau. Ces familles soulignent aussil’importance <strong>de</strong> désigner un terrain proche<strong>de</strong> commerces.Les communes prennent en charge lamise en place <strong><strong>de</strong>s</strong> équipements ponctuelsminimums : une arrivée d’eau <strong>et</strong> d’électricité,<strong><strong>de</strong>s</strong> sanitaires, un ramassage d’ordure. Quant
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