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e-migrinter 2010 numéro 06 - Maison des Sciences de l'Homme et ...

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n°6 <strong>2010</strong> 67ont constitué une mémoire à partir, pourraitnous dire Danièle Hervieu Léger (1993), dustock <strong><strong>de</strong>s</strong> traditions religieuses (pour le récit duRéveil par exemple), <strong><strong>de</strong>s</strong> ressources offertes parl'histoire (le traumatisme <strong>de</strong> la guerre, lespersécutions <strong><strong>de</strong>s</strong> tsiganes), <strong><strong>de</strong>s</strong> ressourcesoffertes par la culture profane (la culture <strong><strong>de</strong>s</strong>Tsiganes, les origines indiennes, <strong>et</strong>c.).Les premières conventions, c’est-àdireles premiers rassemblements importantspentecôtistes tsiganes (plusieurs dizaines <strong>de</strong>caravanes, puis plus tard parfois plusieurscentaines) eurent lieu à Brest en 1953 puis àRennes (300 tsiganes convertis). Cespremiers rassemblements furent toutd’abord sporadiques, mais très rapi<strong>de</strong>mentvinrent rythmer la vie <strong><strong>de</strong>s</strong> Tsiganesconvertis. Dès la fin <strong><strong>de</strong>s</strong> années 1960,comme nous le témoigna l’une <strong><strong>de</strong>s</strong>fondatrices <strong>de</strong> la revue Étu<strong><strong>de</strong>s</strong> Tsiganes, lestsiganes pensèrent que ces conventionspouvaient être un moyen <strong>de</strong> résistance pour« conserver leur culture ».Tandis que l’appareil d’État françaism<strong>et</strong>tait du temps à prendre en considérationles populations tsiganes en France – lecarn<strong>et</strong> anthropométrique instituant unediscrimination raciale n’a été aboli qu’en1969 – les pentecôtistes <strong>de</strong> leur côté,œuvraient activement pour construire unenouvelle institution religieuse progressivementadministrée par les Tsiganes euxmêmes.L’un <strong><strong>de</strong>s</strong> piliers du pentecôtism<strong>et</strong>sigane est ce que nous avons appelé dansnotre travail les Missions TsiganesItinérantes (MTI). Ce sont <strong><strong>de</strong>s</strong> conventions,<strong><strong>de</strong>s</strong> rassemblements, qui progressivementrythmèrent la vie <strong><strong>de</strong>s</strong> Tsiganes en proposantla possibilité aux convertis (<strong>et</strong> à <strong>de</strong>nombreux non-convertis aussi) <strong>de</strong> seregrouper régulièrement, surtout pendant lespério<strong><strong>de</strong>s</strong> printanières <strong>et</strong> estivales.Tandis que d’un côté les institutionslégitimes <strong>et</strong> les appareils d’État manquaient<strong>de</strong> propositions envers c<strong>et</strong>te population pourleur perm<strong>et</strong>tre <strong>de</strong> trouver une place dans unesociété qui se transformait – en particulierpar une urbanisation croissante du territoire(Jano<strong>de</strong>t, Ferreira, 1992) –, les Tsiganesconstruisaient une institution qui leur permit<strong>et</strong> leur perm<strong>et</strong> encore aujourd’hui d’avoir undispositif d’échappant relativement auxphares <strong><strong>de</strong>s</strong> institutions légitimes pendant unepério<strong>de</strong> <strong>de</strong> l’année.Dans le Finistère <strong>et</strong> dans le reste <strong>de</strong> laBr<strong>et</strong>agne, nous avons pu remarquer quel’hiver est une pério<strong>de</strong> <strong>de</strong> l’année où lestsiganes sont sous l’emprise <strong><strong>de</strong>s</strong> loisorganiques, <strong><strong>de</strong>s</strong> systèmes <strong>de</strong> surveillance, <strong><strong>de</strong>s</strong>contrôles systématiques : aires d’accueil,carn<strong>et</strong>s <strong>de</strong> circulation, contrôles <strong>de</strong> police,institutions scolaires (Bizeul, 2007, 1989)...Même si certains tsiganes échappent plusque d’autres à ces systèmes <strong>de</strong> contrôle, endisposant d’un terrain privé par exemple oùils vivent plus ou moins à l’abri <strong><strong>de</strong>s</strong> regardsinstitutionnels, c<strong>et</strong>te pério<strong>de</strong> se caractérisepar une dissémination <strong><strong>de</strong>s</strong> groupes solidaires<strong>et</strong> il est plus difficile d’être ensemble.En contrepartie, l’été est une pério<strong>de</strong><strong>de</strong> « délivrance » pour beaucoup <strong>de</strong> « Gensdu Voyage », grâce, entre autres, aux MTI.Pendant quelques mois, généralement <strong>de</strong>juin à août, la Mission Évangélique Tzigane<strong>de</strong> France offre aux « gens du voyage » lapossibilité <strong>de</strong> se rassembler, <strong>et</strong> grâce à cerapport <strong>de</strong> force institué par la MTI,d’échapper relativement aux systèmes <strong><strong>de</strong>s</strong>urveillance <strong>et</strong> <strong>de</strong> contrôle, d’être ensemble,<strong>et</strong> <strong>de</strong> parcourir <strong>de</strong> longs traj<strong>et</strong>s sur <strong><strong>de</strong>s</strong>territoires connus ou nouveaux.Une MTI est dirigée par une équipe <strong>de</strong>pentecôtistes dans laquelle les pasteurs ontune place prédominante. Ils s’occupentd’organiser les traj<strong>et</strong>s, les étapes, <strong>de</strong> négocieravec les collectivités locales, le plus souvent<strong><strong>de</strong>s</strong> communes, <strong><strong>de</strong>s</strong> terrains adaptés pour<strong><strong>de</strong>s</strong> conventions qui peuvent atteindrejusqu’à 200 caravanes. En eff<strong>et</strong>, pendant unepério<strong>de</strong> d’environ trois mois, la MTI sedéplace <strong>de</strong> commune en commune, enchangeant <strong>de</strong> place chaque semaine,

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