Une utilisation du <strong>style</strong> d’apprentissage dans un contexte de formation à l’enseignementavec des groupes de plus de trente-cinq étudiants. Par ailleurs, la reprise de séquencesfilmées a pu s’inscrire facilement dans le déroulement d’une réflexion personnelleet professionnelle avec des groupes plus restreints d’une vingtaine d’étudiants.Selon ces expériences, il va sans dire que le nombre d’étudiants est un facteurà considérer dans la définition de la démarche privilégiée pour traiter d’un conceptcomme celui du <strong>style</strong> d’apprentissage. Dans des groupes pouvant aller jusqu’à unecentaine d’étudiants, il devient souvent très complexe d’approfondir une significationpersonnalisée du <strong>style</strong> d’apprentissage. Cela est d’autant plus apparent, s’il nes’agit pas uniquement d’informer les étudiants, mais de les inciter à réfléchir et àamorcer un processus de changement. Comme le souligne Gendlin (1972, p. 9), « lecontexte d’une relation personnelle en mouvement » constitue un enjeu majeur dansce processus de changement. Il est donc judicieux de se demander jusqu’à quel pointil est possible d’établir cette relation personnelle avec les étudiants lorsque nousabordons des objets d’études comme ceux du <strong>style</strong> afin d’essayer de concevoir unmode de fonctionnement qui va en ce sens.Dans cette deuxième partie, nous avons décrit une possibilité d’utilisation du<strong>style</strong> d’apprentissage dans le contexte de la formation à l’enseignement. S’articulanten quatre phases, cette possibilité s’inspire du modèle d’apprentissage expérientielélaboré par Kolb (1976, 1984) ainsi que de l’approche de Honey et Mumford (1992).Si chacune de ces phases considère l’apprenant comme un futur enseignant etl’incite à identifier non seulement sa manière d’apprendre, mais aussi celle qu’il préconiseen enseignement, il n’en demeure pas moins que l’acceptation et la volontéde changement demeurent la pierre angulaire sur laquelle s’exerce l’intégration duconcept du <strong>style</strong> d’apprentissage. Comme nous enseignons à la formation àl’enseignement et que nous avons eu l’occasion au cours des dernières annéesd’explorer la possibilité d’utilisation que nous décrivons dans cette partie, noussommes à même de constater les limites de cette intégration, ce dont nous faisonspart dans la partie suivante.<strong>Le</strong>s limites de l’utilisation du <strong>style</strong> d’apprentissageDans cette troisième partie, nous traitons de limites d’utilisation du <strong>style</strong>d’apprentissage. Tout d’abord, nous reconnaissons que l’identification du <strong>style</strong> nepeut constituer d’aucune manière la seule base pour définir l’enseignement. Par lasuite, nous réalisons que la prise de conscience seule ne suffit pas à inciter unchangement, que ce soit en contexte de formation à l’enseignement ou dans tous lesautres contextes éducationnels. Cela nous amène à admettre que nous en savonsaussi très peu sur ce qu’apprennent réellement les futurs enseignants par rapport àdes concepts comme celui du <strong>style</strong> d’apprentissage et que l’utilisation des différentsmodèles de référence et instruments ne s’avère pas toujours explicite et justifiée. Laconsidération de ces différentes limites porte à s’interroger sur le rôle que joue leformateur à l’enseignement dans l’utilisation du <strong>style</strong> d’apprentissage et sur sacapacité de donner ou non « des permissions nouvelles »).volume XXVIII : 1, printemps 2000110www.<strong>acelf</strong>.ca
Une utilisation du <strong>style</strong> d’apprentissage dans un contexte de formation à l’enseignementDans la prise en compte des limites de l’utilisation du <strong>style</strong> d’apprentissage, ilimporte tout d’abord de reconnaître que, malgré tout l’intérêt que suscitent les différentesnomenclatures de <strong>style</strong>s d’apprentissage, les analyses qui en résultent nepeuvent constituer la seule base pour définir l’enseignement. Comme le souligne Reid(1987), même si les recherches qui traitent du <strong>style</strong> d’apprentissage contribuent àmieux faciliter l’apprentissage de l’étudiant, il n’en reste pas moins que l’identificationde <strong>style</strong>s ne saurait constituer l’unique voire l’ultime référence d’un apprentissageoptimal. Par exemple, les études exploratoires actuelles permettent d’établirune relation entre certains <strong>style</strong>s et des cultures données. Il n’est pas dit cependantqu’il est possible de généraliser et de tenir pour acquis que tous les membres de cetteculture adoptent ces <strong>style</strong>s d’apprentissage préférentiels. Il serait même hasardeuxde le faire. Il ne faut pas oublier que la conception du <strong>style</strong> d’apprentissage a étédéveloppée avant tout afin de contribuer à une individualisation de l’enseignement.Force est cependant de constater que l’utilisation qui en est faite peut servir à étiqueteret à évaluer, ce qui peut constituer un danger si une formation adéquate nesous-tend pas une compréhension de ce qu’est le <strong>style</strong> d’apprentissage (Corbett etSmith, 1984; De Bello, 1990; Kinsella, 1995).Dans le même ordre d’idées, si l’utilisation du <strong>style</strong> d’apprentissage peut donnerla possibilité à l’étudiant de devenir plus conscient de la façon dont il apprend, ilserait illusoire de croire que la prise de conscience seule suffit à inciter un changement.Dans un programme de formation à l’enseignement, par exemple, l’étudiant aavantage à développer une flexibilité pour répondre à la diversité de <strong>style</strong>s des élèvesdont il aura la charge en stage de formation (practicum). Dans ce contexte, connaîtreson propre <strong>style</strong> est une étape initiale à l’intégration d’un changement qui, d’unepart, permet la reconnaissance qu’il y a d’autres façons d’apprendre que la sienne et,d’autre part, entraîne la nécessité d’exercer la profession enseignante en tenantcompte de cette diversité de modalités. Or, il ne faut pas tenir pour acquis que toutétudiant qui s’inscrit à un programme de formation à l’enseignement s’engage dansun processus de changement. L’utilisation du <strong>style</strong> d’apprentissage se trouve doncconfrontée à cet engagement qu’a ou n’a pas la personne par rapport à cet apprentissagequi peut rester très superficiel s’il se limite à l’énonciation d’une liste de termes(par exemple : « Moi, je suis plus auditif que visuel » ou « Je suis de <strong>style</strong> réfléchiet c’est pourquoi je planifie de cette façon »). Prendre conscience que l’apprentissagepeut s’effectuer de diverses façons n’assure pas le changement, ni la volonté dechangement chez le futur enseignant, ni chez celui qui exerce la profession et reçoitcette information dans le cadre d’une formation ponctuelle ou continue. Si cela peutcontribuer à amorcer un changement, voire à le provoquer, il n’en demeure pasmoins que le choix d’effectuer ou non le changement nécessaire pour développer dela flexibilité dans l’utilisation du <strong>style</strong> d’apprentissage relève de la personne et de sonimplication dans l’intégration de ce concept.Par ailleurs, il faut admettre que nous en savons aussi très peu sur ce qu’apprennentréellement les futurs enseignants qui reçoivent une formation sur les <strong>style</strong>sd’apprentissage en contexte de formation initiale ou continue à l’enseignement. Quereste-t-il de l’identification des <strong>style</strong>s une fois la formation complétée? Jusqu’à quelvolume XXVIII : 1, printemps 2000111www.<strong>acelf</strong>.ca