Problématique de la nature du <strong>style</strong> d’apprentissageConclusion<strong>Le</strong>s conceptions actuelles du <strong>style</strong> d’apprentissage sont nombreuses et parfoisopposées. Elles cherchent cependant toutes à rendre compte de régularités et decohérences intersituationnelles chez des apprenants. Si certains auteurs les considèrentcomme des habitudes acquises au cours des années de formation, d’autres yvoient la manifestation de dispositions personnelles, voire de caractéristiques innéespratiquement immuables. Que ce soit en termes de « routines », de préférences ou detendances, deux caractéristiques semblent importantes à retenir. D’une part, la personneéprouve une attirance, une prédilection pour certaines façons de faire. D’autrepart, la personne s’identifie à ces manières d’agir en situation d’apprentissage.L’apprenant accorde donc une signification particulière à ces conduites, qui ontcomme attribut de le caractériser. Il peut y accoler les pronoms « je » et « moi »,puisque ces conduites sont source de différences individuelles.Un <strong>style</strong> d’apprentissage n’est pas unidimensionnel, il comporte plusieursdimensions. Toutefois, le nombre et l’organisation de ces dimensions semblent trèsvariables d’un modèle à l’autre. Selon nous, c’est à partir du point de vue de l’apprenantque la recherche doit s’orienter. C’est aussi là qu’un <strong>style</strong> d’apprentissage prendsa valeur. La question de la stabilité pose aussi problème à cause du manque de clarificationde la notion de cohérence trans-situationnelle. Quel degré de stabilité doitonexiger pour parler de <strong>style</strong> d’apprentissage? Encore ici, la recherche devra se faireplus abondante et plus systématique pour mettre en évidence la signification quel’apprenant accorde à cette stabilité. Nous aurions peut-être là un début de réponseà la question de l’origine du <strong>style</strong> d’apprentissage. Nous avons opté pour une approchedynamique du <strong>style</strong> d’apprentissage. De manière heuristique, il semble plus valablede considérer que le <strong>style</strong> d’apprentissage se construit et peut se modifier.L’étude du <strong>style</strong> d’apprentissage a été trop longtemps dominée par une perspectivemécaniste et déterministe. Il est temps de prendre le virage constructiviste et deredonner à l’apprenant son autonomie. La psychologie cognitive nous invite à considérerla personne comme un agent actif de son apprentissage, ayant le pouvoir dechoisir ses conduites et ses stratégies d’apprentissage et la manière de les mettre enœuvre (Schmeck, 1983). Peu importe l’origine de ces choix, il faut considérer quel’apprenant conserve un pouvoir sur la situation, le pouvoir de décider quelle conduiteet quelle stratégie il utilisera pour poursuivre son apprentissage. <strong>Le</strong> <strong>style</strong> d’apprentissageémanerait alors de la constance dans ces choix, ce dont l’apprenant (se)rendrait compte, par exemple en répondant à un questionnaire. Ainsi, le <strong>style</strong>d’apprentissage tel que manifesté dans un pattern de conduites serait issu non seulementde la représentation que l’apprenant se fait de lui-même, mais aussi de lareprésentation qu’il se fait de la situation d’apprentissage donnée.volume XXVIII : 1, printemps 200016www.<strong>acelf</strong>.ca
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