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Le Livre Blanc des Open Labs

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LE LIVRE BLANC DES OPEN LABS<br />

LES OPEN LABS DANS UNE PERSPECTIVE THÉMATIQUE<br />

e. Des questions demeurent<br />

<strong>Le</strong>s animateurs <strong>des</strong> open labs santé apparaissent<br />

très motivés, et convaincus de la pertinence de<br />

leurs activités et <strong>des</strong> métho<strong>des</strong> employées pour<br />

les réaliser. Ils ont pour beaucoup déjà réussi à<br />

obtenir la confiance d’industriels, à créer <strong>des</strong><br />

partenariats avec eux. Ils ont déjà mis en place<br />

<strong>des</strong> outils et <strong>des</strong> méthodologies de travail. Ils ont<br />

construit une expertise nouvelle. Au sein de Lusage<br />

par exemple, les neuropsychologues et le médecin<br />

tâtonnaient au début, ils travaillaient sur les<br />

projets de recherche en utilisant les protocoles de<br />

recherche de pharmacologie sans rien connaître<br />

de la manière d’appréhender une recherche sur<br />

les technologies pour la santé. La connaissance<br />

s’est construite au fur et à mesure : apprendre à<br />

observer, à améliorer les outils développés à partir<br />

<strong>des</strong> tests et de l’utilisation <strong>des</strong> usagers et patients<br />

souffrant de la maladie d’Alzheimer. Certains open<br />

labs santé sont même devenus centre d’expertise<br />

nationaux, à l’image de Ceremh.<br />

Si cette expertise nouvelle offre plutôt une bonne<br />

perspective, les responsables <strong>des</strong> open labs santé<br />

et autonomie ont néanmoins émis <strong>des</strong> réserves<br />

sur la pérennité de leurs actions, car <strong>des</strong> problèmes<br />

rémanents n’ont pas encore été résolus.<br />

<strong>Le</strong> responsable de Ceremh par exemple a soulevé<br />

la question de la manière d’aborder le handicap<br />

en France. Alors que dans <strong>des</strong> pays scandinaves<br />

et anglo-saxons, on considère le handicap comme<br />

un problème que la société n’a pas pu régler pour<br />

celui qui en est atteint, la société française estime<br />

que c’est plutôt un problème individuel. C’est<br />

cette vision qui explique en partie l’insuffisance de<br />

financement de l’autonomie et qu’il n’y a pas<br />

assez d’incitation pour que l’industrie s’y intéresse.<br />

« Il y a 350 000 utilisateurs de scooter<br />

électrique en Grande Bretagne,<br />

alors qu'en France on est très loin de cela. [ ]<br />

<strong>Le</strong>s utilisateurs potentiels de ces dispositifs<br />

n'y ont pas accès. [ ] Ce n'est pas forcément<br />

simple d'amener les industriels <strong>des</strong> transports<br />

et de l'urbanisme à intégrer la notion de<br />

conception universelle dans leur pratique. »<br />

Source : Entretien avec Claude Dumas,<br />

directeur du Ceremh,<br />

le 12 août 2015<br />

Par ailleurs, la responsable de Lusage a soulevé<br />

le problème du devenir <strong>des</strong> outputs issus <strong>des</strong> recherches<br />

en technologie pour la santé. L’exemple<br />

<strong>des</strong> robots pour personnes handicapées reste<br />

emblématique : un robot coûte très cher. Qui va<br />

l’acheter ? Qui va le financer ? A priori pas le<br />

patient, ce serait beaucoup trop onéreux. Développer<br />

<strong>des</strong> dispositifs technologiques d’aide à<br />

l’autonomie demeure certes très positif, mais<br />

il faut aussi réfléchir au problème pratique de<br />

la gestion du débouché de ces technologies, ou<br />

de leur dissémination vers l’ensemble <strong>des</strong> bénéficiaires<br />

potentiels à travers le système de soin et<br />

d’assurance sociale.<br />

Solliciter les patients pour recueillir<br />

leur avis n'est pas suffisant. Il y a toute<br />

une série d'acteurs [i.e. : les professionnels<br />

de santé, les pouvoirs publics] qui ne sont pas là<br />

et ça ne marche pas. Si le rôle <strong>des</strong> technologies<br />

dans l'accompagnement <strong>des</strong> patients Alzheimer<br />

n'est pas reconnu par les pouvoirs publics,<br />

qui va faire la préconisation, la formation,<br />

le fi nancement, la validation ?<br />

Pour l'instant le financement concerne surtout<br />

le développement. Mais qu'est-ce qu'on va faire<br />

<strong>des</strong> robots ? <strong>Le</strong>s personnes ne vont pas acheter<br />

un robot, surtout pour une courte durée ?<br />

Figure 49 – <strong>Le</strong>s open labs santé et autonomie comme modèle collaboratif et essentiellement<br />

public, complétant un champ laissé vide par les structures médicales françaises<br />

Dans un système de location, qui va le gérer ?<br />

Est-ce qu'on demande aux entreprises de<br />

continuer à financer ? Souvent, ce sont de<br />

petites entreprises qui n'ont pas les moyens.<br />

Ce sont <strong>des</strong> questions qui sont importantes<br />

dans l'innovation. Ce n'est pas simple.<br />

C'est toute une réflexion, au niveau éthique<br />

aussi. Pour un robot, on fait <strong>des</strong> évaluations<br />

courtes, mais on ne sait pas ce qui se passe<br />

quand un patient l'utilise pendant un an<br />

ou deux ans. »<br />

Source : Entretien avec Maribel Piño,<br />

Responsable scientifique de Lusage,<br />

le 31 mars 2015<br />

C. Conclusion et enseignements<br />

tirés <strong>des</strong> open labs thématiques<br />

Dans les champs de l’art et de la culture scientifique<br />

d’une part, et de la santé d’autre part, les open<br />

labs apparaissent comme une <strong>des</strong> réponses possibles<br />

au renouvellement qui est attendu dans ces<br />

secteurs. Cela concerne les modalités de gestion,<br />

le rapport à l’usager et la place <strong>des</strong> innovations<br />

technologiques. Sous le prisme de cette approche<br />

sectorielle et thématique, l’analyse a mis en lumière<br />

<strong>des</strong> caractéristiques communes aux open labs de<br />

ces deux secteurs.<br />

<strong>Le</strong>s open labs conduisent à installer en place <strong>des</strong><br />

stratégies qui bouleversent les business models traditionnellement<br />

observés, respectivement, dans les<br />

domaines de l’art et de la santé, car ils apportent<br />

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