JOURNAL ASMAC - No 5 - octobre 2017
Propreté - Diabète/Alimentation, Pilotage des admissions: prochaine étape
Propreté -
Diabète/Alimentation,
Pilotage des admissions: prochaine étape
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POINT DE MIRE ▶ PROPRETÉ<br />
lieu de crime. Un homme voulait d’abord<br />
tuer sa femme ensuite se trancher la<br />
gorge. Il y avait beaucoup de sang partout<br />
qu’il fallait nettoyer au plus vite à cause<br />
des proches. Mais c’est plutôt un cas exceptionnel.<br />
Généralement, j’arrive sur les<br />
lieux quand la police a terminé son travail<br />
et que le cadavre a été enlevé.<br />
Que ressentez-vous lorsque<br />
vous arrivez sur un lieu de<br />
crime?<br />
Pas grandchose. Je considère la mort<br />
comme une chose naturelle faisant partie<br />
de la vie. Si à chaque fois, je réfléchissais<br />
au destin tragique des victimes de violence,<br />
de suicide ou abandonnées, je ne<br />
pourrais plus faire mon travail. Ce qui est<br />
important à mes yeux, c’est de ne pas juger<br />
les individus qui ont vécu dans des appartements<br />
insalubres.<br />
Biographie express<br />
Alexander Häusler (né en 1963) est père de trois enfants.<br />
Cuisinier de formation, il a travaillé comme peintre,<br />
déboucheur de conduites, vendeur, enrouleur de bobines<br />
pour supraconducteurs et exercé de nombreuses autres<br />
professions. Depuis cinq ans, il a sa propre entreprise de<br />
nettoyage spécialisée.<br />
(www.tatortreinigung-zuerich.ch)<br />
Et pourtant: y a-t-il des évènements<br />
qui vous hantent encore<br />
aujourd’hui?<br />
Tout comportement indigne sur le lieu de<br />
crime me préoccupe. Une fois, j’ai accompagné<br />
un autre spécialiste et vu comme<br />
ses employés jouaient avec le sang. Ce fut<br />
un véritable cauchemar. Un drame familial<br />
est resté gravé dans ma mémoire. Il y<br />
avait eu une rixe au couteau qui avait<br />
coûté la vie au grandpère. La mère et la<br />
fille avaient survécu. Quand j’ai vu les<br />
empreintes des pieds ensanglantés de l’enfant,<br />
cela m’a beaucoup touché. En tant<br />
que père, on réagit bien sûr à de telles<br />
images.<br />
Vous nettoyez aussi des appartements<br />
de syllogomanes.<br />
Quels sont les défis qui se présentent?<br />
Cela dépend de la situation. Je distingue<br />
entre les syllogomanes ordrés et chaotiques.<br />
Dans la première catégorie sont<br />
classées les personnes qui accumulent de<br />
manière excessive des objets, mais qui ne<br />
vivent pas dans la saleté. Là, il s’agit généralement<br />
seulement de poussière. Les syllogomanes<br />
chaotiques par contre vivent<br />
dans des logements insalubres, jettent tout<br />
sur le sol, jusqu’à ce que l’appartement se<br />
transforme en décharge. J’ai déjà vu des<br />
appartements qui étaient remplis de déchets<br />
jusqu’aux hanches. Bien évidemment,<br />
on trouve toutes les constellations<br />
possibles et imaginables. Les syllogomanes<br />
très ordrés mènent une vie d’apparence<br />
normale, exercent une profession,<br />
alors que les cas graves souffrent souvent<br />
de troubles psychiques ou de dépendance.<br />
Etonnamment, je rencontre de plus en<br />
plus souvent de jeunes personnes qui<br />
laissent dépérir leur environnement.<br />
Qu’est-ce qui suscite votre<br />
dégoût?<br />
Rien. Une fois, j’ai dû nettoyer l’appartement<br />
d’un alcoolique qui était décédé et<br />
que personne n’avait découvert pendant<br />
plusieurs semaines. Cette odeur entre alcool<br />
et fromage était difficile à supporter.<br />
Même mon masque spécial avec filtre au<br />
charbon actif ne pouvait plus retenir ces<br />
odeurs. Souvent, je trouve des débris humains,<br />
mais je m’y suis habitué. Ce que je<br />
trouve répugnant, ce sont les appartements<br />
remplis de matières fécales. Dans<br />
l’appartement d’une femme toxicomane,<br />
j’ai aussi fait dû faire preuve d’une grande<br />
prudence. On m’avait assuré qu’il n’y aurait<br />
que peu de sang et de seringues. A<br />
première vue, c’était le cas. Ensuite, j’ai<br />
ouvert une armoire remplie de seringues<br />
usagées en partie pleines de sang. Là, il<br />
faut se montrer très prudent, même avec<br />
des gants spéciaux. Egalement lorsqu’il y<br />
a des moisissures.<br />
Comment vous protégez-vous?<br />
Généralement, je place d’abord un appareil<br />
diffuseur d’ozone qui élimine les<br />
mauvaises odeurs dans l’appartement.<br />
Ensuite, je commence le nettoyage. Pour<br />
effectuer ce travail, je porte une combinaison<br />
protectrice, un masque avec filtre au<br />
charbon actif, des lunettes de protection<br />
et, suivant la situation, des gants spéciaux.<br />
Quand atteignez-vous vos<br />
limites, c’est-à-dire qu’est-ce<br />
qui ne peut plus être nettoyé?<br />
Les parquets couverts de sang ne peuvent<br />
presque pas être nettoyés, car l’odeur cadavérique<br />
ne disparaît plus. Dans ces caslà,<br />
il faut refaire entièrement les sols.<br />
Aussi parce que l’adipocire pénètre le sol.<br />
Mon travail n’est que le début. Quand un<br />
appartement dans lequel un cadavre a<br />
séjourné pendant une durée prolongée ou<br />
qui était totalement insalubre est nettoyé,<br />
il faut généralement tout rénover.<br />
Comment réagissent des inconnus<br />
quand vous leur parlez de<br />
votre métier?<br />
Souvent avec une certaine incompréhension,<br />
mais je m’y suis habitué. Une fois,<br />
quelqu’un m’a dit que j’exerçais le pire des<br />
métiers. D’autres m’admirent et sont reconnaissants.<br />
Moi, je trouve mon métier<br />
passionnant.<br />
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30 VSAO <strong>JOURNAL</strong> <strong>ASMAC</strong> N° 5 Octobre <strong>2017</strong>