JOURNAL ASMAC - No 5 - octobre 2017
Propreté - Diabète/Alimentation, Pilotage des admissions: prochaine étape
Propreté -
Diabète/Alimentation,
Pilotage des admissions: prochaine étape
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POLITIQUE<br />
L’essentiel en BREF<br />
Réduire les coûts de la santé par<br />
des franchises plus élevées?<br />
«Assurance obligatoire des soins. Adapter<br />
le montant des franchises à l’évolution des<br />
coûts»: tel est le titre de la motion déposée<br />
par le conseiller aux Etats Ivo Bischofberger<br />
(PDC/AI) adoptée par le Parlement.<br />
Actuellement, la procédure de consultation<br />
sur le projet y relatif du Conseil fédéral<br />
est en cours. Celui-ci prévoit une augmentation<br />
de toutes les franchises à intervalles<br />
réguliers.<br />
Angelo Barrile, vice-président de<br />
l’<strong>ASMAC</strong>, conseiller national<br />
Derrière cette étiquette apparemment<br />
anodine se cache une des nombreuses<br />
attaques contre le principe de solidarité<br />
qui prévaut pour le financement de notre<br />
système de santé. Pour de nombreux ménages<br />
dans notre pays, notamment pour<br />
les familles, les primes des caisses-maladie<br />
et la participation aux coûts de la santé<br />
ont dépassé la limite du supportable. Les<br />
idées pour réduire les coûts ou freiner leur<br />
croissance sont multiples et variées. Ce qui<br />
est symptomatique, c’est que ce sont avant<br />
tout les propositions soutenues par des<br />
lobbys puissants, par exemple les<br />
caisses-maladie, qui trouvent une majorité<br />
au Parlement. Que celles-ci se fassent<br />
au détriment des principaux concernés,<br />
c’est-à-dire des patientes et patients,<br />
semble n’avoir aucune importance. Et les<br />
mises en garde des spécialistes ne se font<br />
guère entendre.<br />
La motion Bischofberger et la proposition<br />
du Conseil fédéral tombent aussi dans<br />
cette catégorie des propositions douteuses.<br />
En effet, l’idée selon laquelle une participation<br />
aux coûts plus élevée empêche les<br />
consultations inutiles est profondément<br />
ancrée dans les têtes de la majorité du<br />
Parlement. Certes, il est vrai que des franchises<br />
plus élevées atténueront quelque<br />
peu l’augmentation des primes des caisses<br />
et retiendront certains de consulter leur<br />
médecin. Mais les études le montrent, et<br />
nous le voyons quotidiennement: cela<br />
touche les plus faibles. Dans le canton de<br />
Genève, une part importante de la population<br />
(10 à 15%) renonce déjà aujourd’hui<br />
à des prestations médicales pour des raisons<br />
financières. En cas d’augmentation<br />
des franchises les plus basses, la pression<br />
financière va encore s’accroître. Cela touchera<br />
notamment les personnes défavorisées<br />
et les malades chroniques. Car plus ils<br />
attendent avant de se rendre chez le médecin,<br />
plus ils sont mal en point, ce qui engendre<br />
des frais de traitement plus élevés.<br />
Ce groupe de personnes est, en raison de<br />
l’évolution démographique, bien plus<br />
grand que celui des personnes en bonne<br />
santé qui ne nous contactent plus pour de<br />
petits bobos. De plus, il est aussi prouvé que<br />
l’augmentation de la participation aux<br />
coûts pour les assurés ne permet pas d’économiser<br />
des coûts. Ceux-ci sont simplement<br />
transférés: à plus tard, à l’assistance<br />
sociale et à d’autres formes de soutien financier<br />
supporté par la communauté.<br />
Chères et chers collègues, cela me rend<br />
triste et furieux! Je suis aussi d’avis qu’il<br />
faut faire le maximum pour freiner l’augmentation<br />
des coûts et ménager le<br />
porte-monnaie des ménages. Mais la décision<br />
en faveur de mesures pour le lobby<br />
des caisses et contre les malades qui ne<br />
tiendront pas leurs promesses! Je vais donc<br />
m’engager de toutes mes forces pour nos<br />
patientes et patients et contre cette modification<br />
de la loi. Je suis heureux que<br />
l’<strong>ASMAC</strong> en fasse autant, par exemple avec<br />
sa réponse à la consultation (voir sur<br />
www2.asmac.ch, rubrique Procédures de<br />
consultation). <strong>No</strong>tre humanisme et notre<br />
éthique professionnelle n’en demandent<br />
pas moins!<br />
■<br />
N° 5 Octobre <strong>2017</strong><br />
VSAO <strong>JOURNAL</strong> <strong>ASMAC</strong><br />
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