Journal asmac No 6 - décembre 2023

Point de mire: Sauvetage
Photos: SIRMED
Vous avez déjà vécu cette situation?
Un patient hospitalisé
est victime d’un arrêt circulatoire.
Vous commencez la
réanimation en attendant que l’équipe
de réanimation vous rejoigne. Après avoir
récupéré une circulation spontanée, le
patient est transféré aux soins intensifs.
Bien qu’il ait survécu, vous éprouvez un
étrange sentiment de frustration. Les
actes se sont enchaînés dans l’agitation et
le chaos: faire de la place, allonger la personne,
déclencher l’alarme REA, massage
cardiaque, défibrillation, respiration artificielle,
adrénaline et ainsi de suite. Même
si, pendant la réanimation, les intervenants
ont pensé à tout, cela ne s’est pas
passé sans malentendus, contraintes et
échanges tendus. Une fois le calme revenu,
vous vous demandez si ce que vous
avez vécu correspond réellement au déroulement
normal d’une prise en charge
d’urgence intrahospitalière. La réponse
est: oui et non. Oui, parce que la situation
décrite est fréquente dans la réalité et
semble plausible compte tenu de la nécessité
d’agir. Et non, parce qu’il existe aussi
d’autres scénarios possibles auxquels
vous avez, espérons-le, déjà été confronté(e).
Ceux-ci peuvent être le fruit du hasard
ou le résultat d’une planification
consciente.
Un expert observe la simulation depuis la salle de contrôle et l’enregistre pour le débriefing qui suit.
Les compétences transversales
sont souvent négligées
Pour comprendre comment la situation
décrite peut se produire, il suffit de jeter
un œil aux structures de formation dans le
secteur de la santé. Dans le jargon de la formation,
on parle de compétence lorsqu’une
personne est capable de mener à
bien une tâche professionnelle ou de résoudre
un problème. Cela nécessite des
connaissances spécifiques et certaines aptitudes.
C’est sur cette base que la structure
de formation de nombreuses professions
de la santé a été réorientée vers une
approche axée sur les compétences. Un
examen plus attentif montre toutefois que
ces compétences concernent souvent en
premier lieu des aspects spécifiques à la
discipline et sont axées sur l’individu. Les
compétences transversales telles que le
travail d’équipe, le leadership, la communication,
etc. sont généralement reléguées
au second plan, bien que leur grande influence
sur la sécurité et l’efficacité des
soins aux patients soit prouvée depuis
longtemps [2], [7]. Ces compétences transversales
ou interpersonnelles sont également
appelées compétences non techniques
(«Non Technical Skills») et sont
considérées comme un complément essentiel
aux compétences techniques
(«Technical Skills») [5]. Pour simplifier, on
peut dire que les compétences techniques
permettent de définir les mesures
concrètes de prise en charge des patients,
tandis que les compétences transversales
aident à appliquer les compétences techniques
de manière fiable dans différentes
conditions.
La situation décrite au début revêt un
certain caractère de normalité dans la mesure
où les aspects de la mise en œuvre
dans la collaboration interprofessionnelle
ne sont pas suffisamment pris en compte
dans la formation. Conscients de ce phénomène,
l’Organisation mondiale de la
Santé (OMS) et l’Office fédéral de la santé
publique (OFSP) appellent à développer la
formation interprofessionnelle dans les
professions de la santé [3], [12]. Afin de
pouvoir offrir aux patients un traitement
optimal et à faible risque, il est nécessaire
d’ancrer davantage les compétences non
techniques dans la formation professionnelle
de base, postgraduée et continue.
L’utilité des formations par simulation a
été démontrée [4], [6], [9], [11].
Une formation régulière améliore
les processus
Les hôpitaux, et en particulier les services
d’urgence, les salles d’opération et les unités
de soins intensifs, constituent des environnements
à haut risque et sont donc
considérés comme des organisations à
haute fiabilité ou «High Reliability Organi­
Le SIRMED propose des cours pour les profanes
et les professionnels
L’Institut suisse de médecine d’urgence (SIRMED) est une société anonyme d’utilité
publique, portée à 50% par la Fondation suisse pour paraplégiques (FSP) et à 50% par la
Garde aérienne suisse de sauvetage (Rega). Le SIRMED propose des formations professionnelles,
des cours ainsi que des formations de perfectionnement en médecine de
sauvetage et d’urgence pour les professionnels et les profanes. Il prend de ce fait une
part active au développement de la médecine de sauvetage et d’urgence ainsi qu’à la
formation en matière de sauvetage en Suisse.
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