Journal asmac No 6 - décembre 2023

Point de mire: Sauvetage
réponse complexe. La réponse simple est
la suivante: dans le christianisme, c’est Jésus
qui sauve de la mort. Mais ce Jésus a
un nom évocateur. Le nom de «Jésus» (du
grec ancien Iēsūs) signifie «Yahvé sauve» ou
«Yahvé est le salut». Translittéré de l’hébreu
et de l’araméen, ce nom est Yeshua.
Ce mot est une combinaison de Ya, une
abréviation de Yahvé et du verbe yasha,
qui signifie «délivrer» ou «sauver». Ainsi,
la figure centrale du sauveur dans le Nouveau
Testament (Jésus) renvoie au salut
par le Dieu de l’Ancien Testament (Yahvé).
Encore une histoire complexe de salut,
entre l’Ancien et le Nouveau Testament,
entre le judaïsme et le christianisme. On
pourrait presque penser que dans ces religions,
rien n’est possible sans le salut.
Salut religieux
Il y aurait encore beaucoup à dire sur le sujet,
par exemple sur certains «noms de salut»
bibliques. Non seulement Jésus se
traduit par «Dieu sauve», mais le nom du
prophète Isaïe vient lui aussi de l’hébreu
jš ˛ et signifie «Dieu est secours/salut». Le
successeur de Moïse, qui conduit le peuple
hébreu vers la Terre promise, s’appelle Josué,
que l’on peut traduire par «Dieu a sauvé».
Et la liste ne s’arrête pas là. Un livre
entier est consacré aux sauveurs d’Israël.
Mais comme le terme hébreu signifie aussi
bien «sauver» que «juger», le livre n’est pas
directement identifiable à son titre. Le
livre des «Juges» (Shophetim) est en fait
un «livre des sauveurs» qui relate les actes
de salut de Dieu par les chefs de tribus
(juges/sauveurs).
Le besoin humain de sécurité
Dans pratiquement toutes les religions
d’Eurasie, mais aussi au-delà, la croyance
en un sauveur divin joue un rôle décisif.
Yahvé, Christ, Mithra, Zeus Soter, Isis – le
salut sous l’apparence divine prend de
nombreux noms et formes. Tous ont en
commun la défense d’individus et de
groupes opprimés et accablés. Les figures
salvatrices religieuses et divines sont donc
essentielles, car elles répondent au besoin
humain de bien-être et de sécurité: être
sauvé, c’est retrouver la sécurité. Et le désir
de sécurité est tout à fait humain. On
comprend pourquoi l’historien Yuval
Noah Harari qualifie l’homme d’être profondément
religieux: la question de
l’homme, de son bien-être et de son salut
est en effet une question-clé dans la religion.
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N o 5, octobre 2023
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