Journal asmac No 6 - décembre 2023

Point de mire: Sauvetage
Pour une fois, pas de bois: les murs de la maison paysanne genevoise avec pigeonnier, construite
en 1762 et transformée plusieurs fois par la suite, sont faits de moellons et de galets et crépis.
chalet, très prisé à l’époque, qui reflète la
nostalgie de la société aisée pour une vie
rurale idyllique et tranquille. C’est pourquoi
Ballenberg l’a conservée», explique
Riccarda Theiler, responsable de l’architecture
et d’étude de l’habitat au Musée
suisse en plein air de Ballenberg, lors
d’une visite. Heureusement – car la façade
richement décorée et le pignon délicatement
sculpté sont dignes d’intérêt. «On
assiste à une prise de conscience plus marquée
quant aux ouvrages dignes de protection;
la notion de monument historique
fait l’objet de négociations permanentes»,
explique Riccarda Theiler. La valeur de
l’architecture représentative, comme celle
des châteaux ou des bâtiments seigneuriaux,
n’a guère été remise en question par
le passé. «L’attention accrue portée à l’histoire
des maisons paysannes, des usines,
des logements ouvriers ou encore des
constructions d’après-guerre des années
1950 est relativement récente.»
Il est judicieux de conserver les bâtiments
sur leur site d’origine, souligne Riccarda
Theiler. «Au Ballenberg, nous n’avons
que des bâtiments qui ont aujourd’hui disparu.»
A ce jour, il nous manque qu’une
maison engadinoise. «Nous en accueillerions
volontiers une malgré l’arrêt officiel
de la collection. Ces maisons d’habitation
de pierre aux murs crépis de blanc de l’Engadine
avec leurs encorbellements et leurs
sgraffites sont toutefois très appréciées et
protégées en conséquence. C’est une bonne
chose.» Lors du déménagement d’un bâtiment,
la construction d’un objet est documentée
jusque dans les moindres détails
afin de pouvoir le reconstruire le plus fidèlement
possible sur le nouveau site. Mais
même si la structure est encore bonne et
que peu de matériaux doivent être remplacés,
le bâtiment perd quelque chose. «Il est
arraché à son contexte, au paysage environnant,
à son agglomération. Cela change
beaucoup de choses.» Parallèlement, la
démolition de bâtiments historiques entraîne
la perte d’une partie de la culture et
de l’histoire du site d’origine. «Autrefois,
chaque région avait des modes de construction
spécifiques qui s’adaptaient aux changements
structurels et économiques. Aujourd’hui,
il est difficile de distinguer un
nouveau bâtiment à Neuchâtel d’un nouveau
bâtiment à St. Moritz.» Il est certes
nécessaire de densifier le bâti déjà existant
et de créer de nouveaux espaces de vie.
Toutefois, il est également important de
bien regarder avant d’ajouter de nouvelles
constructions à des sites historiques. «Autrefois,
les gens construisaient de manière
durable et écologique. Cela ne signifie pas
que nous devons tout copier. Mais les anciens
bâtiments – que ce soit sur le Ballenberg
ou ailleurs – peuvent servir de source
d’inspiration.»
1
Office fédéral de la statistique (édité par):
Les monuments historiques en Suisse: premiers
résultats. Statistique des monuments 2016 et
statistique des pratiques culturelles. Neuchâtel 2018
Pas de maison engadinoise
à l’horizon
En 2016, l’Office fédéral de la statistique
a recensé quelque 272 000 objets individuels
présentant des qualités patrimoniales
particulières. 75 084 d’entre eux
étaient sous protection, dont 2752 classés
comme monuments historiques d’importance
nationale et 72 332 comme monuments
historiques d’importance régionale
ou locale. En Suisse, la conservation des
monuments historiques relève en premier
lieu de la responsabilité des cantons. Près
de la moitié des objets protégés sont recensés
dans cinq cantons.
Le grenier à blé datant de 1760 se trouvait à Ostermundigen, un peu à l’écart de la ferme.
Une chance – car la maison a brûlé en 1797.
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