Journal asmac No 6 - décembre 2023

More documents

Recommendations

Info

Point de mire: Sauvetage Prévenir le suicide pour éviter la souffrance Chaque année, environ 1000 personnes mettent fin à leurs jours en Suisse. Les idées suicidaires se manifestent souvent à l’adolescence. Les programmes de prévention en milieu scolaire peuvent faire baisser le nombre de tentatives de suicide, mais ils doivent bénéficier d’un financement garanti pour pouvoir être mis en œuvre sur le long terme. Maya Cosentino, doctorante et cheffe de clinique adjointe, Clinique universitaire de psychiatrie et psychothérapie pour enfants et adolescents, Université de Berne, Global Health Policy, London School of Hygiene and Tropical Medicine Prof. D r méd. Michael Kaess, professeur ordinaire et directeur, Clinique universitaire de psychiatrie et psychothérapie pour enfants et adolescents, Université de Berne Selon leurs dires, plus de 4 % des jeunes en Europe ont déjà fait une tentative de suicide. Pour prévenir les tentatives de suicide, il est nécessaire d’introduire sur le long terme des programmes efficaces de prévention du suicide Photos: Adobe Stock 38 6/23 vsao /asmac Journal
Point de mire: Sauvetage Le suicide reste l’une des principales causes de décès dans le monde; environ 1 décès sur 100 est un décès par suicide [1]. Dans les pays à hauts revenus, le suicide est la première cause de mortalité liée à la maladie chez les jeunes [2]. Plus de 4% des jeunes en Europe déclarent avoir déjà fait une tentative de suicide [3]. Le comportement suicidaire chez les jeunes est donc un problème important et croissant. Plus de tentatives de suicide pendant la pandémie La souffrance qu’un suicide génère pour les familles touchées et l’environnement social, ainsi que les coûts pour la société sont considérables. Les tendances actuelles en Suisse sont préoccupantes [4]. La pandémie de COVID-19 s’est accompagnée d’une augmentation substantielle des urgences en pédopsychiatrie et d’une aggravation de la pénurie de ressources déjà existante au sein du système de soins psychiatriques pour enfants et adolescents [5]. En 2021, les hospitalisations pour des tentatives de suicide présumées chez des jeunes ont nettement augmenté en Suisse par rapport à 2020, en particulier chez les filles [5]. La Suisse ne fait pas exception: une étude portant sur les données de 18 pays a montré que le nombre de consultations aux urgences pédiatriques a globalement diminué pendant la pandémie COVID-19, mais que le nombre de visites aux urgences pour des tentatives de suicide a considérablement augmenté [6]. Source de la tendance suicidaire Le comportement suicidaire résulte d’une interaction complexe entre des facteurs neurobiologiques, sociaux, familiaux et environnementaux. Les événements difficiles et les facteurs de stress ainsi que les dépressions et autres troubles psychiques constituent des facteurs de risque significatifs [7]. L’enfance et l’adolescence représentent la période de développement au cours de laquelle le comportement suicidaire se manifeste souvent pour la première fois. Les études indiquent également que la plupart des troubles de santé mentale chez l’adulte commencent au cours de la petite enfance et de l’adolescence [8]. Selon la théorie psychologique et interpersonnelle de Thomas Joiner, trois facteurs de risque provoqueraient le comportement suicidaire: l’appartenance contrariée («thwarted belongingness»), la perception d’être un fardeau («perceived burdensomeness»), ainsi que la capacité acquise – par exemple par la préparation mentale, les actes d’automutilation et suicidaires ou la prise de substances – à se donner la mort («acquired capability for suicide») [9]. L’automutilation est donc liée à un risque accru de comportements suicidaires [10]. Renforcer les compétences socioaffectives Les jeunes suicidaires ne demandent de l’aide que rarement ou très tardivement [11, 12]. Les spots publicitaires publics de prévention du suicide destinés aux jeunes n’ont pas réussi à modifier leur attitude vis-à-vis de la prévention du suicide ni leur propension à demander de l’aide [13]. Dans son guide de prévention du suicide «Live Life», fondé sur des données factuelles, l’Organisation mondiale de la Santé (OMS) recommande de promouvoir les compétences socioaffectives chez les jeunes [14]. Cette recommandation est en accord avec les résultats de la recherche qui indiquent que les programmes de prévention du suicide en milieu scolaire qui renforcent les compétences socioaffectives telles que les stratégies de gestion du stress et de résolution des problèmes, ainsi que l’autorégulation des émotions, des pensées et des actions chez les jeunes, obtiennent des résultats positifs et peuvent être considérés comme efficaces [15, 16, 17]. Les jeunes sont ainsi incités à prendre en main leur propre santé mentale. De plus, ces programmes ont la capacité d’atteindre la plupart des jeunes, y compris les plus vulnérables. Tentatives de suicide réduites de moitié grâce au programme Le programme international «Youth Aware of Mental Health» (YAM) vise à améliorer les capacités d’adaptation liées au stress et à modifier les perceptions négatives. Ce programme universel en milieu scolaire a été analysé dans le cadre d’une étude multicentrique, randomisée et contrôlée portant sur plus de 11 000 jeunes de dix pays européens [15]. Par rapport au groupe de contrôle, YAM a réduit le risque de pensées suicidaires graves chez les adolescents de près de 50 % et le nombre de tentatives de suicide de plus de 50 %. Il est intéressant de noter que les interventions ciblant le personnel scolaire ou les élèves vulnérables n’ont pas eu d’effet significatif. Une étude de l’évaluation des mesures de prévention primaire du suicide pour les enfants et les adolescents suggère que les mesures en milieu scolaire empêchent les tentatives de suicide à court terme et peut-être aussi à long terme, tandis que les effets d’autres mesures en milieu communautaire sont restés incertains [16]. Les programmes de prévention du suicide en milieu scolaire se sont révélés particulièrement efficaces lorsqu’ils sont de courte durée et prévoient un suivi [17]. On estime que de tels programmes permettent de prévenir une vingtaine de tentatives de suicide («number needed to treat») [17]. Cela suggère qu’un programme d’intervention dans une ou deux salles de classe peut prévenir au moins une tentative de suicide. vsao /asmac Journal 6/23 39
Page 1 and 2: Journal N o 6, décembre 2023 asmac
Page 3 and 4: Sommaire Sauvetage Histoires d’h
Page 5 and 6: Editorial Save our souls Regula Gr
Page 7 and 8: Politique Les hôpitaux et cabinets
Page 9 and 10: Politique Photos: màd Durée de tr
Page 11 and 12: Vous avez S100235 manqué medifutur
Page 13 and 14: Formation postgraduée / Conditions
Page 15 and 16: Formation postgraduée / Conditions
Page 17 and 18: asmac nification des services de l
Page 19 and 20: Annonce Un engagement de l’associ
Page 21 and 22: asmac Zurich / Schaffhouse La force
Page 23 and 24: vsao Conseil juridique de l’asmac
Page 25 and 26: Point de mire: Sauvetage Photos: SI
Page 27 and 28: Point de mire: Sauvetage etc.). Le
Page 29 and 30: Point de mire: Sauvetage Pourquoi e
Page 31 and 32: Point de mire: Sauvetage échapper
Page 33 and 34: Point de mire: Sauvetage Photo: Shu
Page 35 and 36: Point de mire: Sauvetage L’idylle
Page 37: Point de mire: Sauvetage Pour une f
Page 41 and 42: Perspectives Une danseuse du Ballet
Page 43 and 44: Perspectives L’équipe de médeci
Page 45 and 46: Perspectives Erwiesenermassen führ
Page 47 and 48: Perspectives beträchtliche Nebenwi
Page 49 and 50: Perspectives sehr selten beschriebe
Page 51 and 52: mediservice Boîte aux lettres Navi
Page 53 and 54: eDossier 1 / Gestion du stress 2023
Page 55 and 56: Les meilleurs pronostics pour votre

Journal asmac No 6 - décembre 2023

Create successful ePaper yourself

Delete template?

Save as template?