Journal asmac No 6 - décembre 2023

Point de mire: Sauvetage
échapper à l’armée égyptienne, font partie
des lectures liturgiques. Ce récit a été mis
en scène majestueusement dans de nombreux
films. Ce texte sur le salut retentit
dans les églises chrétiennes peu de temps
avant la célébration de Pâques. Le message
est clair: le christianisme célèbre ici
aussi une expérience de salut. Tout comme
l’affranchissement des Israélites de la répression
égyptienne, le salut des chrétiens
s’opère ainsi à Pâques. Concrètement,
l’humanité est délivrée de la mort, et de
ses péchés.
Avec la sortie d’Egypte, le peuple d’Israël est affranchi de l’esclavage.
Dans les cultures et les religions
anciennes, le salut (synonyme
de délivrance) n’est
jamais pensé de manière abstraite.
Il est toujours concret. Soit il est
précisé qui a sauvé, soit de quoi la personne
a été délivrée. Ainsi, dans le monde
antique, le salut est notamment associé à
l’affranchissement de l’esclavage, à la guérison
de la maladie et – dans les cas extrêmes
– à la délivrance de la mort. A
l’aune de ces exemples, il apparaît manifestement
que le salut part d’une situation
de souffrance ou d’angoisse, pour
aboutir à un nouvel état où l’harmonie et
la justice sont rétablies. En langage universel,
on pourrait dire que le salut transforme
une situation hostile en situation
bienfaisante, contribuant ainsi à offrir
une vie meilleure – le salut a donc des vertus
probiotiques.
La sortie d’Egypte
La sortie d’Egypte, suivie de l’entrée en
Terre sainte, est au cœur de l’histoire
du peuple d’Israël. Cet exode est même relaté
dans les Dix Commandements, qui
s’ouvrent sur ces paroles de Dieu: «Je suis
l’Eternel, ton Dieu, qui t’ai fait sortir du
pays d’Egypte, de la maison de servitude»
(Exode 20.2). Il est bien sûr fait allusion ici
à la délivrance des Israélites de l’esclavage
en Egypte. Il est intéressant de noter que
même un texte légaliste comme les Dix
Commandements ne commence pas par
une loi, mais par une référence au salut ou
à la libération. Tous ceux qui voient le judaïsme
exclusivement comme une religion
fondée sur la loi, qui ne tient compte
que des commandements, des interdictions,
etc. sont ici détrompés. Le récit-clé
au cœur de la tradition juive est une histoire
de salut. La libération de l’oppression
et le chemin vers la liberté sont thématisés
avant même toute loi. La liberté et le salut
sont ici unis d’une manière indissoluble.
Un message clair pendant la veillée
pascale
Quiconque a déjà assisté à une messe de
la nuit de Pâques a peut-être remarqué
que les textes relatant la sortie d’Egypte,
à l’instar de la traversée de la mer Rouge,
lorsque le peuple d’Israël parvient à
Salut et substitution
Les événements décrits dans le Nouveau
Testament en lien avec Pâques ne sont pas
particulièrement positifs: maltraitance,
crucifixion et mort de Jésus-Christ sont
largement traitées. Deux aspects transforment
toutefois ces scènes en situations
de salut. Premièrement, la doctrine chrétienne
soutient que Jésus est mort pour les
péchés des hommes, en particulier des
croyants. Il serait donc mort pour le salut
des hommes. Du point de vue de l’histoire
des religions, cela peut être apparenté à
une substitution ou une expiation, à savoir
la compensation d’une faute. Dans les
deux cas, il en résulte que les personnes
ou les croyants sont «sauvés» d’une situation
fâcheuse. Psychologiquement, cette
délivrance d’une situation difficile peut
être assimilée à un salut de la mort psychique,
sociale ou physique. Comme si
Jésus­ Christ offrait une nouvelle vie. Ce
qui nous amène au deuxième point.
Le salut comme résurrection
Deuxièmement, Pâques ne se termine pas
avec la mort, mais a son point culminant
dans la résurrection. Du point de vue de la
sociologie religieuse, les parcours de vie
des croyants et le parcours historique de
Jésus-Christ sont ici menés en parallèle.
Dans ce cas, le message est le suivant: à
l’instar de Jésus-Christ qui est mort et ressuscité,
chaque croyant mourra et ressuscitera.
La mort n’est pas une fin mais une
étape du chemin vers la résurrection.
Nous jonglons ici avec les thèmes théologiques
les plus complexes qui soient – qui
ont fait et font encore l’objet de nombreux
débats et discussions. Mais sur le plan thématique,
il est clair pour tous qu’il s’agit de
structures de salut rendues possibles par
un «sauveur», un «rédempteur».
Mais qui est le sauveur?
Mais qui est le sauveur dans la foi chrétienne?
Il y a une réponse simple et une
vsao /asmac Journal 6/23 31