Journal of European Integration History - Centre d'études et de ...

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Book reviews – Comptes rendus – Buchbesprechungen
Jérôme ADANT, Le Baron Rouge? Antoine Allard. De Stop-War à Oxfam,
Couleur livres, Charleroi, 2009, 148 p. – ISBN 978-2-87003-470-5 – 18,00 €.
Jeune agrégé pédagogique en Histoire issu de l’Université libre de Bruxelles, Jérôme
Adant est aujourd’hui enseignant en histoire à l’Athénée royal de La Louvière, s’occupant
parallèlement de la rédaction en équipe de manuels scolaires pour le lycée
chez Hatier. Il édite ici un travail de recherche qu’il a effectué sous la direction
d’Anne Morelli à l’ULB, qui porte sur son compatriote, le très cosmopolite Antoine
Allard, dont il tente de rendre le curieux itinéraire. Son étude suit un fil chronologique,
s’appuyant sur quelques documents photographiques. L’étude elle-même est le fruit
d’un travail réalisé à l’aide des Archives du monde catholique, et d’interviews, notamment
des familiers d’Antoine Allard, qui ont pu faciliter l’accès du chercheur à des
documents privés.
D’emblée, le personnage semble appartenir à une autre dimension: c’est un mystique,
issu d’un milieu ultra-privilégié ayant prospéré dans la finance et la politique,
qui a frayé avec la noblesse (avant d’y entrer) et prospéré grâce aux colonies. Dès le
début du siècle, la famille d’Allard est «au cœur d’un réseau aristocratique, industriel
et diplomatique international», cœur qui irrigue de sang bleu les veines d’Antoine!
Ce dernier connaît ainsi une jeunesse dorée, sans goût particulier pour les études,
isolé du reste du monde et privé de contacts avec un père admiré mais lointain. Touché
indirectement par la guerre, il fuit aux Pays-Bas, et porte le deuil de certains proches.
Il subit très jeune une attirance pour la religion, qui ne conditionne pas de révolte
à l’égard de son milieu. Malgré de nombreuses activités sportives, et une découverte
du dessin et de la peinture, il déprime et cherche un ressourcement dans les Highlands
écossais en 1928. Ce départ est l’objet d’un marché avec son père, qui stipule
qu’il reviendra à ses études et à la banque familiale au bout d’un an. Or, ces voyages
ne font que commencer, alors qu’il découvre l’engagement chrétien. Là débute le
paradoxe de la vie d’Allard: à la recherche d’actions non conformes à son milieu
d'origine , il ne s’en détache jamais totalement. En attendant, c’est un globe-trotter
qui a laissé les clés de la banque à son frère. Il vend même ses dessins pour vivre,
s’intéresse au fédéralisme européen, aux œuvres médico-sociales, au pacifisme et à
la situation des Noirs aux Etats-Unis, ainsi qu’à la guerre d’Espagne. C’est un toucheà-tout,
un dilettante actif, mais cette série d’expériences et de découvertes l’amène à
une conviction politique préservant ses dispositions spiritualistes: pour lui, le moteur
de la Paix doit être religieux.
Cet homme aux goûts si éclectiques et peu conformistes devient brusquement
baron en 1939 et doit alors prendre la direction des affaires familiales. Certes, il y
viendra, mais il délègue. Suite à l’invasion allemande, il fuit la Belgique en 1940, fait
office quelques jours d’ambulancier puis embarque pour la Grande-Bretagne.
Léopold III, le roi «prisonnier», incarne alors pour lui la seule légitimité, ce qui le
rend peu ouvert au gouvernement belge en exil à Londres. Chargé de mission en
Afrique du Sud afin d’obtenir des terrains d’entraînement pour l’armée royale, il
prend conscience, avec la distance, de la nécessité de faire l’Europe, et entrevoit une