Journal of European Integration History - Centre d'études et de ...
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Christian LION<br />
<strong>de</strong>s entreprises japonaises <strong>et</strong> alleman<strong>de</strong>s, est partiellement remanié le 22 avril: désormais<br />
seules les cessions ou rétrocessions à <strong>de</strong>s entreprises alleman<strong>de</strong>s <strong>de</strong>meurent<br />
interdites, mais l’inverse <strong>de</strong>vient licite. 30<br />
Plusieurs conditions expliquent l’accueil, dans un premier temps favorable, que<br />
les assureurs allemands réservent à ces velléités. Les compagnies alleman<strong>de</strong>s placent<br />
une partie importante <strong>de</strong> leurs réserves en hypothèques <strong>et</strong> en immeubles. Or, la proportion<br />
d’immeubles détruits est estimée à 20 %. Aux ruines s’ajoutent les confiscations<br />
en zone soviétique. Bref, les compagnies alleman<strong>de</strong>s les mieux placées ont perdu<br />
quelque 30 % <strong>de</strong>s actifs représentant leurs réserves techniques, pourcentage porté<br />
jusqu’à 60 % pour certaines entreprises. Un soutien externe s’avère indispensable.<br />
Ensuite, les assureurs «directs» d’Allemagne ne tiennent pas à prendre le risque d’être<br />
victimes <strong>de</strong>s eff<strong>et</strong>s d’une excessive concentration <strong>de</strong> la réassurance entre quelques<br />
firmes alleman<strong>de</strong>s, au cas où se produirait un gros sinistre ou une conflagration. Enfin,<br />
il faut également faire une part au désir <strong>de</strong> sortir au plus vite <strong>de</strong> l’isolement par lequel<br />
l’Allemagne paie la défaite <strong>et</strong> les horreurs du nazisme. Les assureurs allemands,<br />
faisant flèche <strong>de</strong> tout bois, s’appuient donc sur les propositions françaises.<br />
Cependant, c<strong>et</strong> assaut <strong>de</strong> courtoisie réciproque n’a rien d’idyllique. Chacun entend<br />
bien s’en tirer à bon compte. Les interlocuteurs français annoncent, on ne peut plus<br />
clairement, qu’il ne peut être question pour l’heure <strong>de</strong> réciprocité en faveur <strong>de</strong>s réassureurs<br />
allemands. Leurs observateurs sur place signalent qu’il y a tout intérêt à ne<br />
pas trop tar<strong>de</strong>r, car les Allemands, qui étaient disposés à tout un an auparavant, commencent<br />
à se reprendre <strong>et</strong> se montrent <strong>de</strong> plus en plus difficiles. 31 Dans le laps <strong>de</strong><br />
temps qui sépare le discours du prési<strong>de</strong>nt Harry Truman en mars 1947 <strong>et</strong> l’annonce<br />
du plan Marshall en juin 1947, une réunion <strong>de</strong> dix-sept assureurs allemands <strong>et</strong> quinze<br />
assureurs français, qui se tient à Ba<strong>de</strong>n-Ba<strong>de</strong>n en mai 1947, en présence <strong>de</strong> sept<br />
fonctionnaires <strong>de</strong> l’administration française, justifie <strong>de</strong> telles appréhensions. 32<br />
D’entrée <strong>de</strong> jeu, les participants allemands lancent une <strong>of</strong>fensive – qualifiée <strong>de</strong> violente<br />
par un membre <strong>de</strong> la délégation française – ayant pour obj<strong>et</strong> <strong>de</strong> contester l’absence<br />
<strong>de</strong> réciprocité dans les propositions françaises. Usant à la fois <strong>de</strong> propos alternativement<br />
lénifiants <strong>et</strong> proches <strong>de</strong> la menace, les délégués français ramènent à <strong>de</strong><br />
meilleures dispositions leurs interlocuteurs. Tandis que les Français hésitent, <strong>de</strong>vant<br />
les aléas qu’implique le plan Dodge d’assainissement <strong>de</strong>s finances alleman<strong>de</strong>s, 33<br />
préalable à une réforme monétaire, les Allemands, d’abord animés par une exigence<br />
technique, voient clairement le parti qu’ils peuvent tirer <strong>de</strong> l’entrée dans la Guerre<br />
froi<strong>de</strong>. En dépit <strong>de</strong>s réticences <strong>et</strong> <strong>de</strong>s protestations françaises, les Anglo-Américains,<br />
désormais opposés aux Soviétiques, s’orientent, à partir <strong>de</strong> mai 1947, vers la constitution<br />
d’un État <strong>de</strong> l’Allemagne <strong>de</strong> l’Ouest <strong>et</strong> la restitution <strong>de</strong> l’exploitation du bassin<br />
30. AHAGF, L<strong>et</strong>tres <strong>de</strong> la prési<strong>de</strong>nce <strong>de</strong> la FFSA, 17.06.1947, «Relations avec les sociétés d’assurances<br />
alleman<strong>de</strong>s».<br />
31. Ibid.<br />
32. AHAGF, Rapport du 23 mai 1947, Visite <strong>de</strong> [M.R.] à Ba<strong>de</strong>n-Ba<strong>de</strong>n les 12, 13, 14 mai 1947.<br />
33. AHAGF, Fonds 214, Boîte 1947, Dossiers contentieux, L<strong>et</strong>tre S, Dossier J.O – Organisation <strong>de</strong> la<br />
Sarre, 02.09.1948.