Journal of European Integration History - Centre d'études et de ...
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Book reviews – Comptes rendus – Buchbesprechungen 203<br />
moyens financiers au proj<strong>et</strong>, alors que le budg<strong>et</strong> communautaire reste stable. Ceci<br />
prouve notamment que les villes s’approprient le proj<strong>et</strong> <strong>et</strong> se détachent aussi d’un<br />
concept qui repose uniquement sur les subventions communautaires.<br />
Ensuite, Elisab<strong>et</strong>h M<strong>et</strong>tler, anthropologue <strong>et</strong> spécialiste en management culturel,<br />
évalue les différentes réalisations du proj<strong>et</strong>, en s’appuyant sur les exemples <strong>de</strong>s villes<br />
culturelles Glasgow (1990), Luxembourg (1995) <strong>et</strong> Weimar (1999). Alors que <strong>de</strong><br />
nombreuses villes se limiteraient à l’organisation d’évènements culturels durant<br />
l’année <strong>de</strong> la nomination qui n’ont pas d’eff<strong>et</strong> durable, l’analyse <strong>de</strong> M<strong>et</strong>tler révèle<br />
que l’approche <strong>de</strong>s trois villes en question est différente. Glasgow, ville industrielle<br />
en reconversion, utilise le label <strong>de</strong> ville européenne <strong>de</strong> la culture pour se donner une<br />
nouvelle image dynamique qui attire aussi un nouveau public touristique. La ville <strong>de</strong><br />
Luxembourg, quant à elle, développe son concept culturel pour se détacher <strong>de</strong> son<br />
image stérile <strong>de</strong> lieu d’accueil <strong>de</strong>s banques <strong>et</strong> <strong>de</strong>s institutions communautaires. Enfin,<br />
Weimar puise dans la richesse <strong>de</strong> son patrimoine historique pour reconstruire son<br />
potentiel culturel qui a souffert sous la longue pério<strong>de</strong> du régime communiste.<br />
Spécialiste <strong>de</strong>s sciences culturelles, Gudrun Quenzel compare plus en détail les<br />
formes d’expression culturelle choisies par <strong>de</strong>ux villes européennes <strong>de</strong> la culture, à<br />
savoir Salamanca (2002) <strong>et</strong> Graz (2003). Alors que les <strong>de</strong>ux villes organisent <strong>de</strong>s<br />
activités culturelles diversifiées (expositions, spectacles, <strong>et</strong>c.), elles ne traitent pas <strong>de</strong><br />
la même manière les pério<strong>de</strong>s historiques «sensibles»: Salamanca tend à faire l’impasse<br />
sur les thèmes <strong>de</strong> la guerre <strong>et</strong> du fascisme, tandis que Graz utilise l’année <strong>de</strong> la<br />
culture pour abor<strong>de</strong>r justement ce passé <strong>de</strong> manière critique.<br />
Enfin, les sociologues Jörg-Uwe Niedland <strong>et</strong> Gregor B<strong>et</strong>z se consacrent aux aspects<br />
politiques <strong>et</strong> communicationnels <strong>de</strong>s villes européennes <strong>de</strong> la culture. A travers<br />
l’exemple <strong>de</strong> la ville <strong>de</strong> Luxembourg (2007) en coopération avec la ville roumaine<br />
Sibiu, Niedland montre que l’idée <strong>de</strong> présenter une ville <strong>de</strong> l’Europe <strong>de</strong> l’Ouest comme<br />
étant intégrée dans un espace transfrontalier (Saar-Lor-Lux) <strong>et</strong> coopérant avec<br />
une ville <strong>de</strong> l’Europe <strong>de</strong> l’Est est une tentative <strong>de</strong> communication pour lier à nouveau<br />
l’idée <strong>de</strong> l’Europe culturelle à celle <strong>de</strong> l’intégration européenne. Gregor B<strong>et</strong>z, pour<br />
sa part, r<strong>et</strong>race la campagne <strong>de</strong> la région <strong>de</strong> la Ruhr en Allemagne avec les <strong>de</strong>ux<br />
principales villes d’Essen <strong>et</strong> <strong>de</strong> Bochum pour montrer que seule une approche concertée<br />
perm<strong>et</strong> <strong>de</strong> réussir dans la procédure complexe <strong>de</strong> sélection <strong>de</strong>s villes culturelles,<br />
d’abord au niveau national, puis au niveau européen.<br />
Dans l’ensemble, l’ouvrage prouve <strong>de</strong> manière convaincante, que la capitale européenne<br />
<strong>de</strong> la culture contribue à l’élaboration d’une politique culturelle <strong>de</strong> l’UE qui<br />
est difficile à m<strong>et</strong>tre en place entre 27 pays membres différents. L’ouvrage établit<br />
aussi un lien entre la politique culturelle <strong>de</strong> l’UE – dont les capitales européennes <strong>de</strong><br />
la culture font désormais partie – <strong>et</strong> le développement d’une i<strong>de</strong>ntité culturelle commune.<br />
C’est surtout la communication finale <strong>de</strong> Jörn Rüsen (Europäische I<strong>de</strong>ntitätsbildung<br />
durch Kultur) qui analyse avec finesse la place <strong>de</strong> la culture dans l’i<strong>de</strong>ntité<br />
européenne <strong>et</strong> le rôle <strong>de</strong>s villes dans l’affirmation d’une culture européenne diversifiée,<br />
polycentrique <strong>et</strong> liée à l’Histoire. Sa contribution fait élégamment le lien avec<br />
la ville européenne <strong>de</strong> la culture qui est nommée pour 2010 – Essen -, dans la Ruhr.