Journal of European Integration History - Centre d'études et de ...

194
Book reviews – Comptes rendus – Buchbesprechungen
Pour Boia, Fukuyama se trompe quand il pense que les leçons de l’Occident sont
faciles à assimiler: on ne peut choisir parmi elles, car elles représentent un tout; quant
à Huntington, il oublie que la seule civilisation complète suivant sa propre typologie,
c’est l’Occident, dans un monde qui lui-même n’est plus cloisonné. Les sociétés
d’Extrême-Orient ont celles qui ont le mieux réussi dans l’assimilation, peut-être
parce qu’il n’y a pas dans ces sociétés d’interdit religieux majeur. L’auteur est
catégorique: «sans l’Occident, l’édifice de la mondialisation s’écroulerait», même si
sa part dans le commerce mondial a baissé en un siècle. Il y a certes des dangers:
délocalisations, déclin démographique, terrorisme. L’Occident n’est cependant pas
condamné, mais attention surtout au manque de croyances, à l’absence d’un
but «transcendant». Les derniers débats sur l’apocalypse nucléaire, l’écologie, le climat,
montrent cependant que les Occidentaux n’ont pas renoncé à changer le monde
ou à répondre à ses défis. Finalement, l’imaginaire occidental, entre peurs et espérances,
continue d’agir.
Pour l’auteur, l’Occident est un modèle culturel, que le discours victimisant actuel
ne suffit pas à réduire. Pour aussi synthétique que soit cet essai, ce que d’aucuns lui
reprocheront forcément, il y a dans l’ouvrage de Boia une invitation à mettre en
lumière notre identité, et de constater, avec des exemples et des faits rafraîchissants,
que celle-ci n’a jamais été, et ne sera jamais, fixée une fois pour toute. L’Occident
vit dans le mouvement, ce qui n’empêche pas parfois des écarts de route. L’UE peut
s’inspirer de cet état d’esprit pour sortir de la pauvreté du débat institutionnel ambiant,
qui ne mène à rien si l’on ne sait qui l’on est et où l’on va. En ce sens, Jacques Delors,
avec l’image de la bicyclette, l’a indirectement rappelé: le jour où l’Occidental cessera
de pédaler, il tombera.
Un livre érudit et vivant, une réflexion qui doit être un préalable à toute discussion
sur l’avenir de l’Europe.
Bertrand Vayssière
Maître de conférences en histoire contemporaine à l’Université Toulouse II – Le
Mirail
Jürgen ELVERT, Jürgen NIELSEN-SIKORA (Hrsg.), Leitbild Europa?
Europabilder und ihre Wirkungen in der Neuzeit, Franz Steiner Verlag, Stuttgart,
2009 (HMRG Beihefte 74), 310 S. – ISBN 978-3-515-09333-0 – 58,00 €.
Der zu besprechende Band bietet einen umfassenden Überblick über politisch-ökonomisch
und gesellschaftlich-kulturell bestimmte Europa-Leitbilder. Dabei beschränken
sich die Beiträge nicht auf Europabilder und ihre Wirkungen, wie der Untertitel
des Bandes suggeriert, oder auf Formen der Nutzung und Instrumentalisierung
des Begriffs „Europa“ als Leitbild, wie die Herausgeber in ihrem Vorwort schreiben,
sondern einige der Beiträge befassen sich auch mit primär national determinierten,
nicht originär auf Europa bezogenen Leitbildern und deren Wirkungen im europäischen
Kontext.