Journal of European Integration History - Centre d'études et de ...
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Book reviews – Comptes rendus – Buchbesprechungen 191<br />
Jérôme Adant a répondu avec brio à c<strong>et</strong>te question en s’attelant à un homme aussi<br />
peu ordinaire.<br />
Bertrand Vayssière<br />
Maître <strong>de</strong> conférences en histoire contemporaine<br />
à l’Université Toulouse II – Le Mirail<br />
Lucian BOIA, L’Occi<strong>de</strong>nt. Une interprétation historique, Paris, Les Belles L<strong>et</strong>tres,<br />
2008, 248 p. – ISBN 978-2-251-44325-6 – 19,00 €.<br />
A l’heure <strong>de</strong> la mondialisation, l’Europe gar<strong>de</strong>-t-elle sa spécificité? Celle-ci est-elle<br />
une d’Est en Ouest? Lucian Boia, historien <strong>de</strong> l’imaginaire, essaie <strong>de</strong> répondre à ces<br />
questions en tentant <strong>de</strong> définir c<strong>et</strong> espace, dont le contour est si dur à saisir au point<br />
<strong>de</strong> vue géographique, sans parler du contenu, réceptacle <strong>de</strong> tous les fantasmes,<br />
récupérations <strong>et</strong> simplifications abusives qui trop souvent encombrent nos débats sur<br />
l’i<strong>de</strong>ntité du Vieux continent. Réfléchir sur une partie <strong>de</strong> celui-ci, l’Occi<strong>de</strong>nt, n’est<br />
déjà pas <strong>de</strong> tout repos, <strong>et</strong> il est bon qu’un Roumain s’attelle à la question, y apportant<br />
son recul <strong>et</strong> ses propres interrogations.<br />
Il s’agit d’abord <strong>de</strong> définir c<strong>et</strong> espace dans sa formation initiale. L’auteur décrit<br />
ainsi un milieu naturel favorable, mais qui n’est rien sans l’initiative <strong>de</strong> l’homme.<br />
On quitte les gran<strong>de</strong>s civilisations subtropicales <strong>et</strong> les zones <strong>de</strong> fleuves «nourriciers»,<br />
espaces qui entraînent une organisation bien spécifique au niveau social. En Europe,<br />
faute <strong>de</strong> fleuves «dominants», une «civilisation <strong>de</strong> clairières» s’impose, entraînant<br />
une occupation spécifique du sol . Au sein du continent lui-même, on note <strong>de</strong>s<br />
différences fortes entre l’Est, plus avancé matériellement, <strong>et</strong> l’Ouest, en r<strong>et</strong>ard; <strong>de</strong><br />
même entre le Nord carnivore <strong>et</strong> le sud végétarien, entre lesquels s’étale une «frontière<br />
alimentaire». Les contraintes naturelles ont leur importance: le ren<strong>de</strong>ment assez faible<br />
du blé oblige à trouver <strong>de</strong>s solutions complémentaires (entre autres le développement<br />
<strong>de</strong> l’élevage <strong>et</strong> l’utilisation <strong>de</strong> l’engrais), alors que le riz, ailleurs, donne sans trop <strong>de</strong><br />
contraintes une nourriture quasi exclusive, à ren<strong>de</strong>ment très élevé, <strong>et</strong> entraîne <strong>de</strong> très<br />
fortes <strong>de</strong>nsités qui elles-mêmes donnent la prééminence <strong>de</strong> la communauté sur l’individu.<br />
De fait, l’Occi<strong>de</strong>nt a très tôt maîtrisé le bétail (traction animale) <strong>et</strong> la forêt<br />
(civilisation du bois). La rar<strong>et</strong>é <strong>de</strong>s hommes en Occi<strong>de</strong>nt en l’An Mil a aussi augmenté<br />
leur prix, ce qui s’est vérifié à travers le système <strong>de</strong> la féodalité, où les relations<br />
contractuelles valent autant que le respect <strong>de</strong> la hiérarchie sociale. Ces hommes, justement<br />
parce qu’ils étaient peu nombreux, ont du compter sur l’innovation <strong>et</strong> rechercher<br />
la productivité. La religion a eu un rôle <strong>de</strong> lien social, moins sclérosant à l’Ouest:<br />
à l’Est, il n’y a pas eu <strong>de</strong> dualité mais plutôt une confusion entre l’Eglise <strong>et</strong> l’Etat,<br />
comme dans l’Islam (ainsi que le montre les fonctions attribuées au titre <strong>de</strong> calife).<br />
Le christianisme enseigne la valorisation <strong>de</strong> l’avenir <strong>et</strong> l’unité du genre humain: l’idée<br />
<strong>de</strong> révolution y a trouvé ses sources avec le millénarisme mais aussi le finalisme <strong>de</strong><br />
la doctrine chrétienne, écartant toute idée <strong>de</strong> fatalité ou d’indifférence, quitte à être<br />
intolérant. Parallèlement, l’Islam est un espace clos sur lui-même, avec un centre, La