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lire, écrire, connaissait le latin, savait jouer de la harpe, chanter les chansons de tous les<br />

pays ainsi que les lais bretons. Sa scien<strong>ce</strong> et son élégan<strong>ce</strong> étaient telles que plus d’un<br />

chevalier <strong>au</strong>rait bien voulu la prendre pour épouse.<br />

« Seigneur, dit le roi à Bohort, ta valeur t’a fait élire comme le meilleur chevalier de <strong>ce</strong><br />

tournoi. Non seulement tu as obtenu l’honneur de siéger dans <strong>ce</strong>tte chaire, mais tu as<br />

également gagné le droit de pouvoir prendre la plus belle et la plus charmante de <strong>ce</strong>s jeunes<br />

filles de ton choix, avec tout <strong>ce</strong> que <strong>ce</strong>la comporte d’honneurs et de richesses. Et il te f<strong>au</strong>t, en<br />

plus, donner à <strong>ce</strong>s douze champions les douze jeunes filles que tu voudras. – Roi, demanda<br />

Bohort, s’il arrivait que le chevalier à qui revient <strong>ce</strong>t honneur, et que tu dis le meilleur, ne<br />

voulût point prendre femme, qu’en serait-il ? – Par ma foi, il serait libre de faire à sa guise.<br />

Néanmoins, il doit s’acquitter de son devoir envers les douze <strong>au</strong>tres. – Et s’il ne marie pas les<br />

douze jeunes filles, chacune selon son rang, la honte sera pour lui et le dommage pour <strong>ce</strong>lles<br />

qui ont eu confian<strong>ce</strong> en lui ? – Tu as fort bien compris <strong>ce</strong> qu’il en est. Mais rassure-toi,<br />

seigneur. Tu peux prendre conseil des plus sages parmi <strong>ce</strong>ux de ma cour. Personne ne t’en<br />

tiendra rigueur. Cela dit, choisis toi-même <strong>ce</strong>lle qui te semble la plus belle et la plus digne de<br />

toi. – Roi, répondit Bohort, j’ai entrepris la tâche de parcourir le monde et d’y acquérir<br />

honneur et gloire. Je ne peux me marier avant de l’avoir achevée. – Celle que tu choisiras<br />

attendra volontiers que ton entreprise soit terminée. » Bohort paraissait fort ennuyé. « Roi,<br />

dit-il enfin, ne crois pas que <strong>ce</strong> soit par dédain, mais je ne puis prendre femme, et je te prie<br />

de ne point t’en chagriner. »<br />

Là-dessus, Bohort demanda à prendre conseil des sages du roy<strong>au</strong>me. Ils se présentèrent à<br />

lui et il leur posa de nombreuses questions. Alors, selon leur avis, il attribua une jeune fille à<br />

chacun des douze champions, disant pourtant qu’il n’attribuerait à personne <strong>ce</strong>lle qui lui avait<br />

donné sa robe. Quand la fille du roi vit qu’elle n’avait pas <strong>ce</strong>lui qu’elle espérait, elle en fut<br />

toute triste. Et bien qu’elle fit semblant de paraître indifférente, toutes les <strong>au</strong>tres jeunes filles<br />

s’en aperçurent, si bien qu’elles surnommèrent Bohort le « Be<strong>au</strong> Timide ». Elles se disaient<br />

entre elles que c’était pitié qu’il n’eût point voulu pour lui la plus belle créature. « M<strong>au</strong>dite<br />

soit l’heure où naquit, si be<strong>au</strong> et si preux, un homme <strong>au</strong>ssi timoré ! »<br />

Cependant, la fille du roi s’approcha de la table des douze champions. « Seigneurs, ditelle,<br />

je vous ai servi le dernier mets. Quelle récompense dois-je en attendre de vous tous ? –<br />

Jeune fille, répondit le premier chevalier qui avait pour nom Callas le Petit, pour toi je ferai<br />

tant que, pendant un an, je jouterai, ma jambe droite posée sur le cou de mon cheval, et je<br />

t’enverrai les armes de tous <strong>ce</strong>ux que j’<strong>au</strong>rai ainsi conquis. – Moi, dit Talibur <strong>au</strong>x Dures<br />

Mains, je ferai tendre mon pavillon à l’orée de la première forêt que je verrai, et j’y<br />

demeurerai jusqu’à <strong>ce</strong> que j’aie renversé dix chevaliers dont je t’enverrai les chev<strong>au</strong>x. » Le<br />

troisième, qui se nommait Alfasar, fit le serment de ne point entrer dans une forteresse avant<br />

d’avoir vaincu dix champions. Sarduc le Blanc dit qu’il ne dormirait jamais <strong>au</strong>près d’une<br />

femme avant d’avoir vaincu quatre chevaliers ou de l’avoir été lui-même. Le cinquième<br />

promit que, durant un an, il combattrait tous les chevaliers qu’ils rencontrerait conduisant des<br />

jeunes filles, et que, s’il les vainquait, il enverrait leurs amies servir la fille du roi. Il avait nom<br />

Mélior de l’Épine et il était le fils d’un grand roi du Nord.<br />

« Quant à moi, dit Angloire, qu’on avait surnommé le Félon, je trancherai la tête à tous<br />

<strong>ce</strong>ux que je combattrai <strong>ce</strong>tte année et, si je ne suis pas tué, je te ferai parvenir leur tête ! –<br />

Par Dieu tout-puissant ! s’écria la fille du roi, voilà une chose qui ne me plaît guère. Je te

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