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portier lui ouvrit et prit son cheval par les rênes : « Seigneur, dit-il, tu parais mal en point.<br />

Sois assuré que nous te procurerons l’hospitalité dont tu as besoin. – Volontiers, bel ami,<br />

répondit Yvain, car je ne pourrai pas continuer longtemps à cheminer ainsi. » On les fit<br />

entrer, lui et son lion. On mit son cheval à l’écurie, on le désarma, et on avertit le seigneur<br />

de la maison qui vint <strong>au</strong>ssitôt à sa rencontre, accompagné de son épouse et de ses filles. Ils<br />

l’accueillirent avec empressement, le menèrent dans une chambre tranquille et, par<br />

bienséan<strong>ce</strong>, logèrent le lion avec lui. Deux des filles du seigneur, qui étaient expertes en<br />

médecine et en chirurgie, s’employèrent à les soigner de leur mieux. Yvain et son lion<br />

séjournèrent là <strong>au</strong>tant de jours qu’il fallut pour qu’ils fussent rétablis de leurs blessures.<br />

Mais si son corps était guéri, l’esprit d’Yvain était loin d’avoir retrouvé la paix. Il ne <strong>ce</strong>ssait<br />

de penser à la Dame de la Fontaine. Son amour était sans remède puisque c’était sa dame<br />

elle-même qui l’avait chassé de sa vue. Pourtant, <strong>au</strong> fond de lui-même, renaissait un vague<br />

espoir. Il décida de retourner à la fontaine et d’y soulever de telles tourmentes que, par for<strong>ce</strong><br />

et par né<strong>ce</strong>ssité, L<strong>au</strong>dine de Landuc serait contrainte de conclure la paix avec lui. Il prit donc<br />

congé de <strong>ce</strong>ux qui l’avaient si courtoisement hébergé et se dirigea vers la forêt où se<br />

trouvaient la clairière, la fontaine, le pin et la petite chapelle.<br />

Mais il se trompa de chemin et s’égara sur une grande lande dont il ne voyait pas l’issue. Il<br />

parvint ainsi jusqu’à un grand ravin impossible à franchir tant les pentes en étaient rudes et<br />

tant la végétation qu’il y avait <strong>au</strong> fond était dense et ténébreuse. Il décida de suivre le ravin<br />

jusqu’à <strong>ce</strong> qu’il pût trouver le moyen de le franchir. Au bout d’un <strong>ce</strong>rtain temps, il aperçut la<br />

masse imposante d’une forteresse qui jaillissait des broussailles. Comme le soir tombait, il se<br />

dit qu’il pourrait être hébergé en <strong>ce</strong>t endroit, et il alla dans <strong>ce</strong>tte direction. Mais, plus il<br />

marchait, plus la forteresse lui semblait lointaine. Il atteignit alors un petit bois où il<br />

rencontra un bûcheron qui, ayant fini de couper des arbres, se préparait à rentrer chez lui. Il<br />

lui demanda quelle était la forteresse qu’on voyait à l’horizon et quel était le plus court<br />

chemin pour y accéder. « Ce n’est pas difficile, seigneur, répondit le bûcheron ; il suffit de<br />

traverser le ravin par le sentier que tu aperçois sur la g<strong>au</strong>che, à la sortie du bois. Mais je te<br />

déconseille d’y aller, car il y a bien longtemps que <strong>ce</strong>tte forteresse est possédée par les<br />

démons. Tous <strong>ce</strong>ux qui ont le malheur de s’y arrêter subissent de grandes moqueries et<br />

be<strong>au</strong>coup n’en reviennent pas. C’est pourquoi on l’appelle le Châte<strong>au</strong> de Pesme<br />

Aventure [34] . – Je te remercie de tes conseils, répondit Yvain, mais j’irai tout de même, car<br />

je ne désire pas passer la nuit dehors. » Il quitta le bûcheron et, toujours suivi de son lion,<br />

s’engagea dans le sentier qui était étroit et tortueux, bordé de ron<strong>ce</strong>s et de plantes<br />

épineuses qui labouraient les flancs de son cheval. Enfin, il sortit du ravin et se trouva en<br />

fa<strong>ce</strong> d’une immense forteresse dont les murailles, de couleur grise, étaient hérissées de<br />

grandes tours munies de créne<strong>au</strong>x et de poivrières. À vrai dire, l’aspect de <strong>ce</strong>tte forteresse<br />

n’avait rien d’engageant. Dans la lande qui s’étendait sous la forteresse, des gens allaient et<br />

venaient. Et <strong>ce</strong>rtains interpellèrent Yvain : « Mal venu ! Tu es le mal venu, seigneur ! Cet<br />

hôtel t’a été indiqué pour ta honte et pour ton malheur ! – M<strong>au</strong>vaises gens, répondit Yvain,<br />

pourquoi donc m’accueillez-vous ainsi ? – Pourquoi ? Tu le s<strong>au</strong>ras bien assez tôt si tu as le<br />

courage d’avan<strong>ce</strong>r. Mais tu n’en s<strong>au</strong>ras rien tant que tu ne seras pas monté là-h<strong>au</strong>t dans la<br />

forteresse ! »<br />

Yvain se dirigea vers l’entrée mais, <strong>au</strong>tour de lui, les gens disaient : « Malheureux ! Où<br />

vas-tu ? Si jamais quelqu’un t’accabla de honte et d’outrages, là où tu vas, tu en re<strong>ce</strong>vras

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