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Kalogrenant s’assit <strong>au</strong> milieu des compagnons d’Arthur et commença ainsi son histoire :<br />

« Je suis fils unique de père et de mère, et ai toujours été fougueux et d’une grande<br />

présomption. Je ne croyais pas qu’il y eût <strong>au</strong> monde personne capable de me surpasser en<br />

n’importe quelle prouesse. Après être venu à bout de toutes <strong>ce</strong>lles que pouvait offrir mon<br />

pays, je me suis donc résolu à me mettre en marche vers les extrémités du monde. Ainsi, me<br />

suis-je retrouvé un jour dans une forêt épaisse, sur un m<strong>au</strong>vais chemin plein de ron<strong>ce</strong>s et<br />

d’épines, chev<strong>au</strong>chant, non sans peine pour mon cheval et moi-même. J’allai ainsi tout le<br />

jour, tant et si bien que je sortis de la forêt que l’on nomme Brocéliande pour entrer dans<br />

une grande lande. Comme je demandais où j’étais à un rustre qui prétendait garder un<br />

troupe<strong>au</strong> de bêtes s<strong>au</strong>vages, <strong>ce</strong>lui-ci m’indiqua un chemin qui menait vers une clairière où, à<br />

<strong>ce</strong> qu’il dit, je devais me soumettre à une épreuve. Il y avait dans <strong>ce</strong>tte clairière une fontaine<br />

et il fallait y puiser de l’e<strong>au</strong> pour la répandre sur le perron qui la surmontait. C’est <strong>ce</strong> que je<br />

fis. Mais <strong>au</strong>ssitôt que j’eus accompli <strong>ce</strong> geste, un violent orage éclata, imprévisible, car le ciel<br />

était plus bleu et plus pur que jamais. Ce fut une tornade épouvantable où les feuilles des<br />

arbres arrachées tourbillonnèrent avec violen<strong>ce</strong>. Et, soudainement, la tempête <strong>ce</strong>ssa. Des<br />

oise<strong>au</strong>x se rassemblèrent sur un grand pin et se mirent à chanter si merveilleusement que<br />

j’en tombai en extase. C’est alors que je fus provoqué par un chevalier tout de noir vêtu qui<br />

prétendait que j’avais saccagé ses domaines. Nous nous battîmes avec acharnement, et je<br />

l’avoue honteusement, je fus blessé et jeté à terre dans l’herbe verte, tandis que mon<br />

adversaire disparaissait <strong>au</strong>ssi vite qu’il était arrivé. Une sor<strong>ce</strong>llerie se cachait là-dessous, j’en<br />

suis convaincu. Mais, vous-mêmes, qu’en pensez-vous ?<br />

— Rien de bon, dit le roi Uryen, d’<strong>au</strong>tant plus que je connais ton histoire. Il y a déjà bien<br />

longtemps, quand vivait Uther Pendragon, le père de notre roi Arthur, une même aventure<br />

est arrivée à un chevalier qui avait nom Kynon, fils de Klydno. J’étais parmi <strong>ce</strong>ux qui<br />

écoutèrent son récit, et je me souviens qu’Uther Pendragon avait dit qu’il s’agissait d’une<br />

épreuve provoquée par le prophète Merlin. – Et qu’as-tu fait, alors ? demanda Morgane. –<br />

Rien, répondit Uryen. Nous étions bien trop occupés à défendre le roy<strong>au</strong>me contre les<br />

m<strong>au</strong>dits Saxons pour donner une suite à <strong>ce</strong>tte affaire. – C’est bien dommage, reprit Morgane.<br />

J’<strong>au</strong>rais donné be<strong>au</strong>coup pour en savoir davantage. Roi Uryen, étant donné ta réputation de<br />

bravoure, tu <strong>au</strong>rais dû partir tout de suite pour venger ton compagnon Kynon de l’outrage<br />

qu’il avait subi et qui rejaillissait sur vous tous. » Kaï prit la parole : « C’est évident, dit-il<br />

avec un air perfide. Le roi Uryen a failli à l’amitié qui le liait à Kynon, fils de Klydno. Il devait,<br />

sans plus tarder, prendre son cheval, tenter l’épreuve et accomplir la vengean<strong>ce</strong>. » Morgane<br />

se mit à rire : « Il n’est peut-être pas trop tard pour bien faire, dit-elle. Que le roi Uryen nous<br />

prouve sa vaillan<strong>ce</strong> et son courage et qu’il aille tenter l’épreuve. Alors, je pourrai vraiment<br />

croire que sa réputation n’est pas usurpée. – Tu me provoques, Morgane, répondit Uryen. Eh<br />

bien, soit. J’irai faire <strong>ce</strong> que je n’ai pas pu accomplir <strong>au</strong>trefois. » Et, en disant <strong>ce</strong>s mots, il se<br />

leva. Mais son fils Yvain se leva à son tour. « Assieds-toi, père, dit-il. Tu es provoqué par<br />

Morgane, et comme je suis ton fils, c’est à moi de relever le défi et de lui prouver que notre<br />

famille n’est pas une lignée de lâches ! – Par la main de mon ami ! s’écria Kaï, <strong>ce</strong> n’est pas la<br />

première fois que ta langue propose <strong>ce</strong> que ton bras ne ferait pas ! »<br />

Comme Yvain s’apprêtait à se jeter sur Kaï tant la colère montait en lui, Guenièvre<br />

s’interposa : « En vérité, mieux v<strong>au</strong>drait te voir pendre, Kaï, que de t’entendre ainsi tenir des<br />

propos <strong>au</strong>ssi outrageants contre un homme comme Yvain ! Tu ne mesures pas plus la portée<br />

de tes paroles que tu ne mesures l’effort qu’il f<strong>au</strong>t faire pour atteindre un ennemi de la pointe

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