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L<strong>au</strong>dine ensuite. Yvain se sentit brusquement rempli d’espoir : puisque Morgane avait voulu<br />

<strong>ce</strong>la, ne voulait-elle pas <strong>au</strong>ssi qu’Yvain se réconciliât avec la Dame de la Fontaine ? « Je<br />

connais le moyen de la fléchir », se dit-il. Et, sans plus attendre, il prit le bassin, le remplit<br />

d’e<strong>au</strong> dans la fontaine et versa le tout sur le perron.<br />

La tempête fut terrifiante. Il semblait que toute la forêt allait s’engloutir dans un abîme<br />

insondable. Dans la forteresse de Landuc, la dame craignit que son châte<strong>au</strong> ne s’effondrât<br />

tout d’un coup. Les murs se lézardèrent en plusieurs endroits, la tour trembla, et il s’en fallut<br />

de peu qu’elle ne se renversât. Les gens avaient tellement peur qu’ils m<strong>au</strong>dissaient leurs<br />

ancêtres. « Honni soit le premier homme qui éleva une maison dans <strong>ce</strong> pays, honnis soient<br />

<strong>ce</strong>ux qui construisirent <strong>ce</strong> châte<strong>au</strong> ! Car, sous le ciel, ils n’<strong>au</strong>raient pas trouvé un endroit <strong>au</strong>ssi<br />

détestable, puisqu’un seul homme peut nous envahir et nous persécuter ! » La tempête se<br />

calma <strong>ce</strong>pendant. Mais, le lendemain, Yvain versa de nouve<strong>au</strong> de l’e<strong>au</strong> sur le perron, et le<br />

surlendemain également. Il subissait lui-même les effets de l’orage et de la pluie, mais peu<br />

lui importait : il savait bien que L<strong>au</strong>dine allait réagir d’une façon ou d’une <strong>au</strong>tre. Et quand la<br />

tempête <strong>ce</strong>ssait, il se réjouissait d’écouter le chant des oise<strong>au</strong>x sur le pin.<br />

Le troisième jour, Luned alla trouver L<strong>au</strong>dine. « Dame, lui dit-elle, <strong>ce</strong>la ne peut plus durer<br />

ainsi. Il nous f<strong>au</strong>t trouver de toute urgen<strong>ce</strong> un défenseur pour la fontaine. Or, <strong>au</strong>cun de <strong>ce</strong>ux<br />

qui sont avec nous dans <strong>ce</strong>tte forteresse n’est assez courageux pour affronter le péril. Nous<br />

devons aller chercher ailleurs. – Oui, répondit L<strong>au</strong>dine, mais où aller le chercher ? As-tu un<br />

avis, toi qui donnes parfois de si bons conseils ? – Je n’en ai pas, répondit sèchement Luned.<br />

Et puisque né<strong>ce</strong>ssité fait loi, prends un de tes vass<strong>au</strong>x et ordonne-lui de surveiller la fontaine.<br />

Je ne garantis pas le résultat, mais il f<strong>au</strong>t faire avec <strong>ce</strong> que l’on a. – Tu n’y penses pas !<br />

s’écria la dame. Ils sont tous plus couards les uns que les <strong>au</strong>tres, et le seul bruit de la<br />

tempête les fait se terrer dans des caves ! – Je n’ai plus rien d’<strong>au</strong>tre à proposer », dit Luned.<br />

Et elle sortit de la chambre.<br />

Elle était à peine dans le corridor qu’elle entendit la porte se rouvrir. « Attends, disait la<br />

dame, il f<strong>au</strong>t que nous parlions encore. » Luned rentra dans la chambre et s’assit en fa<strong>ce</strong> de<br />

L<strong>au</strong>dine. Celle-ci lui demanda : « Connais-tu bien <strong>ce</strong>lui qu’on appelle le Chevalier <strong>au</strong> Lion ? –<br />

Certes, puisque c’est lui qui m’a s<strong>au</strong>vée du bûcher où voulaient me jeter des menteurs et des<br />

félons. Et je sais qu’il a accompli bien d’<strong>au</strong>tres exploits. – C’est lui qu’il nous f<strong>au</strong>t ! s’écria la<br />

dame. – Comment ? s’écria Luned. Mais tu n’y penses pas ! Il m’a dit lui-même qu’il<br />

n’entreprendrait plus rien tant qu’il sentirait la rancune et le m<strong>au</strong>vais vouloir d’une femme<br />

qu’il aime tendrement, car il en meurt d’ennui et de désespoir. – Et si nous l’aidions à se<br />

réconcilier avec sa dame ? – Ma foi, dit Luned, <strong>ce</strong> serait une bonne chose, mais c’est<br />

impossible. – Pourquoi donc ? – Il n’a jamais voulu dire à quiconque qui était <strong>ce</strong>tte femme et<br />

quelle était la raison de leur brouille. – Eh bien, tâchons de l’apprendre. Nous ferons ainsi une<br />

bonne action vis-à-vis de lui, et il nous le rendra en gardant la fontaine. Voyons, Luned, tu as<br />

connu le Chevalier <strong>au</strong> Lion. Je suis sûre que tu sais le moyen de l’approcher. Va donc le<br />

trouver et fais-lui part de ma proposition : je le réconcilie avec sa dame et il défend ma<br />

fontaine. – Je veux bien essayer, dit Luned, mais je pense que <strong>ce</strong> sera difficile de le<br />

convaincre. » En prononçant <strong>ce</strong>s paroles, Luned riait sous cape. Elle prit congé de la dame, se<br />

fit préparer un cheval et s’en vint immédiatement à l’endroit où elle pouvait trouver le<br />

Chevalier <strong>au</strong> Lion, c’est-à-dire près de la fontaine.<br />

Yvain était assis contre le tronc d’un arbre, et le lion dormait, blotti à ses pieds. Quand il

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