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e<strong>au</strong>coup aidé quand je me trouvais en grand danger. Il est vrai que je te dois la vie,<br />
Morgane, mais je ne voudrais pas que tu prennes <strong>ce</strong>la pour de la faiblesse. – Rassure-toi,<br />
Yvain, tu es loin d’être faible. C’est toi que j’<strong>au</strong>rais dû épouser, et non ton père. » Yvain se<br />
mit franchement en colère : « Morgane, on répète partout que Merlin était le fils d’un diable,<br />
mais toi, tu es vraiment le diable ! » Elle se mit à rire. « Le diable est parfois utile, n’est-<strong>ce</strong><br />
pas, surtout quand on est dans le besoin. Cela dit, Yvain, je reconnais que j’ai eu tort. Je ne<br />
sais pas <strong>ce</strong> qui m’a prise tout à coup, <strong>ce</strong>tte volonté farouche de tuer un vieillard pendant son<br />
sommeil. Je le regrette. Reprends l’épée de ton père. »<br />
Elle paraissait sincère. Mais comment savoir exactement <strong>ce</strong> qui se cachait dans l’esprit<br />
tortueux de Morgane ? « Personne ne nous a vus, dit enfin Yvain, il est donc juste que toi et<br />
moi, nous oubliions <strong>ce</strong>tte scène pénible. Je te promets de ne rien dire pourvu que tu me jures<br />
de ne jamais plus avoir une telle pensée. – Je te le jure, dit Morgane. Et pour prouver ma<br />
bonne foi, je mets à ta disposition, chaque fois que tu en <strong>au</strong>ras besoin, <strong>ce</strong>tte troupe de<br />
corbe<strong>au</strong>x qui viennent <strong>au</strong> secours de <strong>ce</strong>lui qui sait les appeler. » Elle s’éloigna dans le bois<br />
avec lui et lui parla longtemps. Puis, ils se quittèrent. Yvain revint à son logis avec l’épée de<br />
son père. Morgane se mit à errer le long des remparts, la tête bourdonnante de pensées<br />
contradictoires.<br />
C’est alors qu’elle vit arriver un cortège de six chevaliers qui escortaient un <strong>ce</strong>rcueil. Ils<br />
pénétrèrent dans la forteresse. Intriguée, elle suivit le cortège et s’informa. L’un des<br />
chevaliers lui transmit alors le message d’Arthur : « Reine Morgane, le roi Arthur t’envoie en<br />
guise de présent le corps du chevalier Accolon de G<strong>au</strong>le. Il te fait dire également qu’il a<br />
retrouvé sa bonne épée Excalibur. » Morgane ne répondit rien. Elle s’éloigna le long des<br />
murailles, le cœur plein d’angoisse. Arrivée dans un recoin, elle se mit à pleurer. « Est-<strong>ce</strong> de<br />
rage ou de chagrin que tu pleures ainsi ? » dit une voix derrière elle. Elle se retourna et<br />
reconnut la Dame du Lac [50] .