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péniblement, se releva et revint <strong>au</strong>près de ses compagnons.<br />

Alors, les gens d’Arthur allèrent tour à tour se battre contre le chevalier noir, mais ils<br />

furent tous défaits les uns après les <strong>au</strong>tres. Bientôt, il ne resta plus debout qu’Arthur et<br />

G<strong>au</strong>vain. « Fort bien, dit Arthur, c’est à moi maintenant d’y aller et de venger l’affront. » Mais,<br />

comme il revêtait ses armes pour aller lutter contre le chevalier, G<strong>au</strong>vain lui dit : « Mon<br />

oncle, laisse-moi aller le premier contre notre adversaire. Si je suis vaincu, il te sera toujours<br />

possible de nous venger. – Fort bien, dit Arthur, je te laisse aller si tu le veux, be<strong>au</strong> neveu,<br />

mais à une condition : sois vainqueur. – Je le serai, affirma G<strong>au</strong>vain avec for<strong>ce</strong>. Tu sais bien<br />

que je ne suis jamais revenu vaincu d’une semblable épreuve. »<br />

Il alla donc combattre le chevalier noir. Comme il était revêtu ainsi que son cheval d’une<br />

grande cape de soie brochée d’or que lui avait envoyée la fille du comte d’Anjou, personne ne<br />

pouvait le reconnaître. Les deux champions se toisèrent, s’attaquèrent et se battirent, <strong>ce</strong><br />

jour-là, jusqu’<strong>au</strong> soir, et <strong>ce</strong>pendant on vit bien qu’<strong>au</strong>cun d’eux n’était sur le point de jeter<br />

l’<strong>au</strong>tre à terre. Comme la nuit tombait, le chevalier noir se retira sous son pavillon et G<strong>au</strong>vain<br />

revint vers le roi Arthur qui le félicita d’avoir tenu si longtemps en fa<strong>ce</strong> d’un <strong>au</strong>ssi redoutable<br />

adversaire. Après quoi, ils prirent un repas très frugal et succombèrent <strong>au</strong> sommeil.<br />

Le lendemain matin, bien remis de leurs fatigues, G<strong>au</strong>vain et le chevalier noir reprirent le<br />

combat. Ils luttaient avec de lourdes lan<strong>ce</strong>s, multipliant chacun leurs prouesses, mais <strong>au</strong>cun<br />

d’eux ne parvenait à triompher de l’<strong>au</strong>tre. Ils interrompirent le combat à la nuit tombante et<br />

s’en allèrent se reposer, chacun de son côté.<br />

Le jour suivant, ils s’élancèrent <strong>au</strong> combat avec des lan<strong>ce</strong>s encore plus solides, grosses et<br />

robustes. Enflammés de colère, ils se chargèrent avec fougue jusqu’<strong>au</strong> milieu du jour et,<br />

enfin, un choc violent, donné de part et d’<strong>au</strong>tre, fit rompre les sangles de leurs chev<strong>au</strong>x ; tous<br />

deux roulèrent sur le sol. Ils se relevèrent vivement, tirèrent leurs épées et se battirent avec<br />

encore plus d’acharnement. Jamais, de l’avis de tous <strong>ce</strong>ux qui étaient là, on n’avait vu deux<br />

hommes <strong>au</strong>ssi vaillants, <strong>au</strong>ssi forts et <strong>au</strong>ssi endurants, à tel point que si la nuit avait<br />

remplacé le jour, elle eût été éclairée par le feu qui jaillissait de leurs armes entrechoquées.<br />

Enfin, le chevalier noir assena à G<strong>au</strong>vain un tel coup que son he<strong>au</strong>me découvrit son visage,<br />

et qu’il reconnut G<strong>au</strong>vain.<br />

« G<strong>au</strong>vain ! s’écria Yvain, je ne te reconnaissais pas à c<strong>au</strong>se de <strong>ce</strong>tte cape qui te<br />

masquait ! Tu es mon cousin germain. Tiens, prends mon épée et mes armes. – C’est toi qui<br />

es le maître, Yvain, répondit G<strong>au</strong>vain. C’est toi qui es le vainqueur de <strong>ce</strong> combat. Il est juste<br />

que tu prennes mon épée. » Arthur, remarquant la situation où ils se trouvaient, s’approcha<br />

d’eux. « Roi Arthur, dit G<strong>au</strong>vain, voici Yvain à la recherche de qui nous sommes, et qui te<br />

c<strong>au</strong>sait tant de chagrin lorsque tu n’avais pas de ses nouvelles. Le voici donc, en pleine<br />

santé, et plus valeureux que jamais. C’est lui qui est le vainqueur du combat, pourtant il ne<br />

veut pas ac<strong>ce</strong>pter l’épée que je lui remets bien volontiers. – Non, seigneur roi, dit Yvain, c’est<br />

G<strong>au</strong>vain qui m’a vaincu, et il ne veut pas re<strong>ce</strong>voir de moi l’épée à laquelle il a droit, du fait de<br />

sa prouesse et de sa vaillan<strong>ce</strong>. Oblige-le, je te prie, à la prendre sans plus de discussion. » Le<br />

roi Arthur réfléchit un moment. « Il y a une solution, dit-il enfin. Donnez-moi tous les deux<br />

vos épées. Ainsi n’y <strong>au</strong>ra-t-il ni vainqueur ni vaincu. » Yvain jeta ses bras <strong>au</strong>tour du cou<br />

d’Arthur, et ils se donnèrent l’accolade avec be<strong>au</strong>coup d’amitié. Les <strong>au</strong>tres compagnons<br />

accoururent vers eux. Il y eut tant de presse et de hâte pour voir Yvain et l’embrasser que<br />

peu s’en fallut qu’il n’y eût des morts. Ils passèrent la nuit dans leurs pavillons.

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