ÉQUILIBRE 19
20 V ivre selon la nature. Chercher son équilibre, le trouver, l’apprivoiser, le maîtriser, le perdre et, à nouveau, le rechercher. Dans un lieu aussi changeant et varié que la plaine inondable de Waza Logone, être en équilibre exige une attention, une organisation à renouveler sans cesse. Adapter à chaque saison et à chaque lieu sa façon de vivre et de produire. Les plaines inondables ont une façon presque magique de se mouvoir dans le temps et dans l’espace. Sous l’influence de l’eau – leur raison d’être –, elles changent de couleur, de taille, et d’acteurs. Poissons et pêcheurs se retirent, ou se font discrets, quand troupeaux et bergers s’avancent et prennent l’espace. La place est aux charrettes, aux vélos, aux camions, et encore un peu aux chevaux. Tandis que les pirogues attendent, coque en l’air sur les grèves, une autre saison. Dans des lieux aussi précieux, on s’organise, et le plus sérieusement du monde. C’est le prix de l’équilibre, de l’harmonie. On exploite les ressources en veillant bien à ne pas toucher au rythme et au moteur de la plaine. Ainsi, depuis le peuplement, on s’est réparti les rôles, par groupes, par origines, par ethnies. Les uns se sont spécialisés dans la pêche, les autres dans l’élevage extensif, d’autres encore se sont peu à peu investis dans la culture du mil et du riz flottant. L’Histoire de la région nous conte qu’à l’origine étaient les Sao, un peuple qui n’existe plus aujourd’hui mais dont les descendants se sont fondus aux Kotoko et aux Mouzgoum. Les Sao, fondateurs pacifistes et presque géants, vivaient de chasse, de cueillette et de pêche. Ils cultivaient l’art de l’argile cuite, sous toutes ses formes et pour tous les usages, de la gamelle à la jarre funéraire, des jouets aux pièces de monnaie. C’est grâce à ces petits vestiges tombés sous l’œil des archéologues qu’on les connaît encore aujourd’hui ; grâce, aussi, à ces légendes qui courent le long des siècles, de veillées en veillées. Les Sao ont vécu du VI e ou xv e siècle sur les bords du lac Tchad et sur les larges rives du Logone et du Chari. À l’ère douce et rayonnante des Sao succédèrent quelques siècles rebondissants dans le temps et dans l’espace. S’enchaînèrent ou se côtoyèrent le pays kotoko fait de petits royaumes, l’empire du Bornou qui devint Bornou-Kanem, immense et guerroyant, celui de Baguirmi, le sultanat de Logone Birni, l’Adamaoua, sans oublier l’empire éphémère de Rabah. Depuis le X e siècle, l’islam intégrait peu à peu la région. Les Foulbé, peuples composites de nomades et d’éleveurs transhumants présents dans toute l’Afrique de l’Ouest, voyageurs de naissance, et leurs compagnons à cornes seraient arrivés bien plus tard, au XVIII e siècle. Leur entrée dans la plaine de Waza Logone est une étape de l’épanouissement de l’islam en Afrique. Les Foulbé ont porté ainsi la parole du Prophète, de royaume en royaume par voie de pâturage. On aurait dit que les yaérés – ils nommèrent ainsi ces vastes territoires de terre, d’herbe et d’eau – avaient été faits pour eux. L’élevage extensif prit ainsi largement sa place dans la plaine. La nature des sols et l’inondation cyclique en faisaient un lieu idéal. L’islam avait développé depuis déjà des siècles en Afrique sahélienne une organisation sociale sophistiquée et fortement hiérarchisée. Lamido, sultan, lawan… autant de titres donnés aux chefs coutumiers. Ces décideurs traditionnels, détenteurs de
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