HISTOIRES D'EAUX ET D'HOMMES

CDES GRIS- GRIS ET DES ARMES
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ampée à quelques enjambées de la mare
de Louloumbaya, la patrouille guette sans
relâche. Si les renseignements nébuleux
de l’indicateur sont bons, si les consignes
laconiques de l’administrateur sont
vraiment fondées, si la tension qui règne
dans la troupe depuis le départ, ce matin,
s’avère prémonitoire, alors, c’est clair,
le combat est bel et bien pour aujourd’hui.
Jean-Baptiste astique machinalement son Mag 36.
Un fusil de base, réformé par l’armée depuis des
lustres, dont il faut bien se contenter si l’on veut
sauver sa peau. Ils sont partis à six : quatre gardes
et deux guides. On leur a remis un fusil à chacun
et un lot de munitions. Exceptionnel. D’habitude,
les guides n’ont pas de fusil. Recrutés dans les
villages avoisinant le parc, ces connaisseurs
des lieux sont censés promener les touristes
et divers visiteurs. Mais, à l’occasion, ils
accompagnent les gardes lors des patrouilles
d’inspection du parc. Aujourd’hui, il ne s’agira
pas d’une promenade de santé. L’ennemi est là,
on le sent, on le devine. D’ailleurs, ça y est. On
l’entend. Au loin, un vrombissement de Land
Rover. Du braconnage version grand seigneur ;
deux véhicules tout terrain, des kalachnikovs
et ces fameux « gourloum », arme de fabrication
locale qui tue un éléphant en un seul tir. Sans
oublier l’intendance.Vraiment, ces Nigérians,
quel sens de l’organisation ! Il faut tenir le siège
pendant quelques jours. Le temps de boucaner
le grand gibier, de dégager les quartiers
de viande convoités et d’arracher les défenses,
de relever quelques peaux rares. Dans les
parages, la patrouille a repéré un cortège