HISTOIRES D'EAUX ET D'HOMMES

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Préface 6 Introduction 10 Lettre à mon ami Hamidou 14 Équilibre 18 Yaya Oumar, lamido 23 Lever de camp 24 Mémoire d’un commandant 29 Errance en yaérés 32 Jeux d’histoire et de hasard 36 En passant par Guirvidic 41 Controverse 42 Maga Dam 47 Bannie soit Mariama 50 Zéro dans l’eau 52 Zizanies 56 Des éléphants et des hommes 61 Causerie, un soir de pluie 64 Résistance 68 Dokta à Patmangaï 73 Emplois de saison 74 Des gris-gris et des armes 78 Mil, miel et servitudes 80 Niwadji vit sans souci 83 La peau d’un pêcheur 86 Avancée 90 Pêche de mars 94 Le jour où l’eau... 99 Au petit port de Pouss 102 Waza, féminin pluriel 107 Pierrette parmi les femmes 108 Kaskala, de Zina 113 Terrien et philosophe 114 Diam doum gué dam 117 Postface 120 Lexique 122 Photographes 126
6 Les plaines inondables des fleuves africains – et les zones humides tropicales en général – comptent parmi les écosystèmes les plus productifs de la planète. Leurs sols sont fertiles et les eaux qui les inondent chaque année génèrent des pâturages saisonniers étendus et des ressources halieutiques abondantes. Elles assurent également des fonctions hydro-logiques essentielles, en absorbant, par exemple, les ondes de crues ou en favorisant la recharge des nappes phréatiques. Depuis des temps immémoriaux, elles servent de refuge aux populations et à leur bétail lors des sécheresses prolongées. Cependant, longtemps considérées comme improductives et insalubres, elles ont presque toujours été drainées pour l’agriculture ou par mesure de salubrité publique. Aujourd’hui, fort heureusement, notre compréhension du fonctionnement écologique de ces habitats comme notre perception du rôle social et économique que les zones inondables peuvent jouer dans la quête planétaire pour le développement durable s’améliorent lentement... Ainsi, la déclaration intitulée Action 21 issue de la première réunion des Nations unies consacrée simultanément à l’environnement et au développement (organisée à Rio de Janeiro en 1992) appelait les responsables politiques à la préservation des zones humides en raison de leur importance écologique..., mais également pour des facteurs économiques et sociaux. En 1996, dans ses lignes directrices pour l’utilisation durable des zones humides, le Comité d’aide au développement de l’OCDE constatait le rôle des subsides venu du Nord dans la disparition des plaines d’inondation tropicales, au travers de prêts ou de subventions pour le drainage à des fins agricoles, la construction de barrages et de digues pour l’irrigation à grande échelle, ou la mise en œuvre de politiques nationales d’exploitation des ressources en eau entraînant plus ou moins directement la disparition des zones inondables. Un constat qui menait l’OCDE à demander aux agences d’aide d’éviter que des investissements mal pensés portent atteinte à l’intégrité et à la valeur socio-économique de ces écosystèmes humides, biens naturels très précieux pour les pays arides, démunis, comme le sont la majorité des pays africains. PRÉFACE En 2000, le rapport de la Commission mondiale des barrages – une structure indépendante créée en 1997 pour examiner l’impact des grands barrages et proposer de nouvelles normes de discussion et de décision – confirmait le rôle important des barrages pour le développement. Cependant, sur la base de l’étude la plus complète jamais réalisée sur le sujet, le rapport montrait aussi comment ces infrastructures ont desservi le développement tant elles peuvent générer des impacts aussi variés qu’affligeants, longtemps négligés voire inavoués, et, quoi qu’il en soit, inacceptables pour les populations et les milieux naturels touchés par l’arrêt des crues à l’aval des installations. À tel point qu’on ne peut aujourd’hui que changer le processus, de construction et de gestion des barrages et infrastructures associées, pour corriger nombre d’erreurs commises par le passé, par exemple en aménageant des crues artificielles pour soutenir les écosystèmes, les ressources aquatiques et les modes de vie séculaires aussi adaptés que possible au terrain. Mise à jour régulièrement depuis trente ans, la liste rouge de l’UICN indique qu’un tiers des trois mille cinq cents espèces menacées aujourd’hui concerne les poissons et les amphibiens. Il serait bon que les acteurs du développement considèrent ces indicateurs alarmants, entendent enfin la voix des chercheurs de toutes disciplines comme celle des populations concernées, ou mieux encore appliquent les recommandations des Nations unies, de l’OCDE et de la Commission mondiale des barrages. Les analyses coût-bénéfice réalisées a posteriori, les études de cas démontrant l’intérêt à considérer un assemblage d’options conciliant usage traditionnel et usage semi-intensif plus moderne (plutôt que les modèles productivistes et sectoriels vendus clefs en main), les tentatives réussies d’instauration de débits minimaux ou de réduction des impacts environnementaux sont maintenant nombreuses. Abordons maintenant la plaine de Waza Logone, qui fait l’objet de ce livre, et qui est précisément l’une de ces études de cas. Une plaine de 500 000 à 800 000 hectares, incluant un parc national primé par l’Unesco, aussi riche que certains de ses homologues du Kenya, siège d’une tradition d’élevage transhumant, de pêche à partir de canaux creusés de main d’homme sur des kilomètres, et de cultures pluviales de riz, de mil et de
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