Create successful ePaper yourself
Turn your PDF publications into a flip-book with our unique Google optimized e-Paper software.
D<br />
LEVER DE CAMP<br />
e Mindif, prendre la piste qui part<br />
vers le sud ; traverser Kolara ; cent pas<br />
après la dernière case, laisser le village<br />
sur sa gauche et s’enfoncer dans<br />
la brousse. Pas de chemin, pas même<br />
de traces ; maintenir le cap ; avec un peu<br />
de chance et d’insistance, tomber alors sur<br />
le campement Bozou, là où vit à la saison<br />
des pluies le waldé d’Aladji Dia. Dia est ardo<br />
en titre, ce qui, chez les Peul, signifie chef<br />
de fraction nomade. Un campement foulbé<br />
comme il en existe des dizaines à cette époque<br />
autour de la plaine. On s’apprête à rejoindre<br />
les yaérés, ces pâturages de saison sèche.<br />
Le départ n’est pas encore pour demain,<br />
sinon on aurait déjà prévenu les principales<br />
intéressées. Une journée est le temps suffisant<br />
pour dissoudre le camp et c’est l’affaire<br />
exclusive des femmes. Les hommes, eux,<br />
préparent les bêtes. Chaque famille réserve<br />
deux ou trois bonnes vaches au transport.<br />
La literie constitue de loin le bien le plus<br />
encombrant, puis viennent les calebasses<br />
en guise de malles ou de valises.<br />
24<br />
Dia et ses conseillers reviennent du village.<br />
Ils étaient partis s’enquérir de l’état des terres<br />
et des eaux, de l’avancée des confrères partis<br />
plus tôt. Plusieurs campements ont déjà plié<br />
bagages. Dia le ardo n’est pas du genre<br />
à se précipiter. Il l’a fait plus jeune, et l’a parfois<br />
regretté. Maintenant, il attend de voir venir.<br />
En déambulant dans l’unique rue de Kolara,<br />
il inspire chaque année un peu plus de respect.<br />
Il n’est pas plus riche que les années passées,<br />
porte toujours son vaste boubou blanc et son